Rapports de Human Rights Watch

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Problèmes des enfants face à la réintégration

Certains enfants associés aux FNL ont été enlevés et forcés à se battre. D’autres, détenus à Randa ou en prison, disent qu’ils ont rejoint les FNL pour diverses raisons, comme des difficultés économiques et des situations familiales instables. Une fois qu’ils font partie des forces des FNL, les enfants sont généralement empêchés de partir et risquent des punitions et même la mort s’ils essaient de s’échapper.38

Les enfants qui ont essayé de reprendre leur vie dans leurs anciennes communautés après avoir quitté les FNL retrouvent souvent les mêmes problèmes qu’ils avaient espéré laisser derrière eux, encore plus compliqués par la nouvelle hostilité et la méfiance de leurs voisins. Un enfant qui avait été recruté dans les FNL à l’âge de treize ans et qui était ensuite rentré chez lui a déclaré à un chercheur de Human Rights Watch :

Les voisins n’arrêtaient pas de dire que j’étais des FNL et chaque fois qu’il y avait un vol, ils m’accusaient. Ils allaient à la police et ils me dénonçaient pour tout. Finalement je suis allé à la police au bout de six mois et je leur ai dit que je ne voulais plus être dans les FNL. Ils m’ont amené ici à Randa. Je veux être démobilisé et avoir de l’argent pour aller à l’école. Je veux juste qu’ils [les voisins] comprennent que je ne suis pas mauvais.39

Comme cet enfant, beaucoup d’autres à Randa et en prison savaient que les enfants affiliés avec d’autres forces rebelles ou gouvernementales recevaient une aide financière et autre quand ils étaient démobilisés. Plusieurs ont déclaré que même s’ils avaient l’autorisation de partir immédiatement, ils préféreraient attendre aussi longtemps que nécessaire pour avoir des indemnités de démobilisation.40 

Pour respecter ses obligations de protection et d’assistance aux enfants victimes de conflits armés, le gouvernement devrait décider d’une politique cohérente qui traite équitablement les enfants affiliés aux FNL, aussi bien par rapport à d’autres personnes affiliées aux FNL que par rapport aux enfants affiliés avec d’autres groupes armés. Il devrait coopérer avec les équipes du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour la vérification du statut de tout enfant qui reconnaît ou est accusé d’avoir participé aux actions des FNL et les envoyer vers un programme de démobilisation pour les enfants. Ces enfants devraient recevoir les services médicaux, sociaux et éducatifs nécessaires pour reprendre leur vie dans leurs communautés d’origine, à condition que la sécurité locale le permette, ou ailleurs au Burundi. Les enfants qui se trouvent actuellement en prison et qui étaient des combattants des FNL devraient rejoindre le programme de démobilisation.



[38] Entretiens de Human Rights Watch avec des enfants soldats, Centre d’accueil de Randa, 5 et 10 mai 2006, et avec des enfants détenus, prison centrale de Mpimba, Bujumbura, 16 mai 2006.

[39] Entretien de Human Rights Watch avec un enfant soldat, Centre d’accueil de Randa, 5 mai 2006.

[40] Entretiens de Human Rights Watch avec des enfants soldats, Centre d’accueil de Randa, 5 et 10 mai, et avec des enfants détenus, prison centrale de Mpimba, Bujumbura, 16 mai 2006.


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