HUMAN RIGHTS WATCH

Les droits de l'homme à l'heure de l'élection présidentielle en Algérie

(Washington, D.C., 9 avril 1999) -- Human Rights Watch appelle aujourd'hui à faire des questions relatives aux droits de l'homme un thème dominant de la campagne présidentielle algérienne et de la période post-électorale. Dans un document d'information publiée aujourd'hui, Human Rights Watch condamne le fait qu'aucune équipe d'observateurs internationaux n'ait été autorisée à surveiller le déroulement du scrutin et que les journalistes étrangers se soient vu soit refuser des visas, soit restreindre leur liberté de mouvement pendant leur séjour dans le pays. Ce document rappelle par ailleurs le climat de violence politique qui aurait fait 77 000 morts depuis 1992, les enlèvements et "disparitions" de plusieurs milliers d'Algériens, et les mesures prises par les autorités algériennes pour restreindre l'accès aux sources d'information, ce qui a considérablement limité l'observation indépendante des conditions de respect des droits de l'homme.

Violences politiques. Bien que le nombre d'assassinats recensés en 1999 ait diminué par rapport aux années précédentes, il demeure extrêmement élevé. Les groupes armés se réclamant de la mouvance islamiste, surtout actifs dans la région rurale de la Mitidja, au sud d'Alger, continuent de prendre pour cible des civils et d'enlever des jeunes femmes et des fillettes, dont certaines ont fait l'objet d'esclavage sexuel.  
 
Au cours de ces derniers mois, des rapports de presse ont signalé la présence de charniers qui contiendraient plusieurs dizaines de corps et dont la découverte a exacerbé l'angoisse des familles des personnes enlevées. Selon les associations de défense des victimes, les autorités n'ont livré que peu ou pas d'informations sur les mesures prises pour exhumer et identifier les corps. De plus, aucune enquête sur les circonstances de la mort des victimes n'aurait été ordonnée. L'absence d'information publique sur ces découvertes macabres est tout à fait révélatrice de la volonté du gouvernement de restreindre l'accès à toutes les sources d'information touchant à la sécurité intérieure.  
 
"Disparitions". Une campagne populaire des familles de "disparus"--personnes que l'on pense être aux mains des forces de sécurité, mais sans que celles-ci le reconnaissent--a attiré l'attention des autorités algériennes et de la communauté internationale sur ce problème. Ce mouvement a répertorié plus de 3 000 cas de disparitions, dont la grande majorité remonte à au moins trois ans. Face à cette campagne, le ministre de l'Intérieur a ouvert l'année dernière des bureaux de dépôt de plaintes, mais selon les défenseurs des "disparus," les autorités se sont pour l'heure refusées à fournir tout élément d'information concret.  
 
Restrictions d'accès des journalistes étrangers et des organisations non-gouvernementales. La limitation des autorisations d'entrée sur le territoire algérien continue de faire obstacle à la surveillance de la situation des droits de l'homme par des organismes indépendants. Les autorités ont refusé la présence d'observateurs internationaux à l'occasion du scrutin présidentiel, et continuent de trier sur le volet les journalistes étrangers, refusant de délivrer des visas à certains des spécialistes qui suivent de près les événements algériens. Ceux qui sont autorisés à pénétrer dans le pays se voient affecter une escorte armée, censée assurer leur sécurité mais qui, de fait, les empêche souvent de recueillir des informations fiables. Depuis 1997, le gouvernement interdit aux grandes organisations internationales de défense des droits de l'homme d'entrer en Algérie pour y évaluer la situation, et fait la sourde oreille aux demandes de visite des Rapporteurs spéciaux des Nations unies sur la torture et les exécutions extrajudiciaires. Il a également suspendu en 1992 le droit de visite des membres du Comité international de la Croix Rouge aux détenus; toutefois, la reprise de ces visites est actuellement en cours de négociation.  
 
A l'approche des élections présidentielles, Human Rights Watch demande au gouvernement algérien actuel et à celui qui lui succédera, de :