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Une nouvelle étude mondiale analyse la guerre et les droits humains

(Londres, 26 janvier 2004) L’invasion de l’Irak a mis fin au régime d’un gouvernement brutal mais les responsables de la coalition ont tort de qualifier cette intervention d’humanitaire, a déclaré Human Rights Watch dans l’essai central de son panorama annuel mondial publié aujourd’hui.

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Le rapport de 407 pages, Rapport mondial 2004 : droits humains et conflits armés, comporte quinze essais portant sur une variété de sujets liés à la guerre et aux droits humains, de l’Afrique à l’Afghanistan, de la violence sexuelle comme méthode de guerre aux derniers développements en matière de justice à l’issue d’un conflit.  
 
« Faire la guerre n’est pas une excuse pour ignorer les droits humains, » a déclaré Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch. « En 2003, nous avons vu trop de gouvernements invoquer les exigences de la guerre pour excuser leurs propres méfaits. »  
 
Contrairement aux éditions précédentes, le Rapport Mondial 2004 ne comporte pas de résumés sur les événements relatifs aux droits humains dans les quelque 70 pays où travaille Human Rights Watch. En revanche, des informations actualisées sur ces pays sont disponibles à l’adresse www.hrw.org.  
 
Cette année, les conflits armés représentent un défi particulièrement important pour les droits humains et ceci n’est pas vrai uniquement du conflit irakien. Un essai apporte des informations sur la façon dont les abus commis contre les droits humains dans la guerre en Tchétchénie, que les autorités russes justifient maintenant comme étant leur contribution à la guerre mondiale contre la terreur, est totalement passée sous silence par les gouvernements européens et ceux d’autres pays. Une contribution plus optimiste sur les « guerres oubliées » africaines analyse les efforts menés par les responsables régionaux, en particulier au sein de l’Union Africaine récemment formée, pour jouer un rôle plus actif dans la limitation des conflits armés et des abus contre les droits humains. Ces efforts pourraient apporter une énergie renouvelée et des ressources accrues afin de traiter les conflits dévastateurs en République Démocratique du Congo (RDC), en Afrique de l’Ouest et au Soudan, entre autres.  
 
Trois essais examinent la question des droits humains au lendemain d’une guerre. Les forces alliées sont en train de « perdre la paix » en Afghanistan, selon l’un des essais, parce qu’elles cèdent le contrôle des zones hors de la capitale à des seigneurs de guerre brutaux. Un essai sur les états de l’ex-Yougoslavie examine comment l’échec des efforts pour promouvoir le retour des réfugiés et des personnes déplacées a laissé se produire de substantielles opérations « de purification ethnique » dans de nombreuses régions.  
 
L’impératif de la justice pour les crimes de guerre et la difficulté à atteindre cet objectif sont soulignés dans un essai qui passe en revue les efforts de la justice internationale à ce jour et la façon dont consolider les acquis pour aller de l’avant.  
 
Un essai sur la guerre contre la terreur aux Etats Unis avance que l’administration Bush essaie de mettre hors d’atteinte d’un examen en justice, du type de ceux essentiels à la protection des droits humains, une large gamme d’actions conduites par l’exécutif dans le domaine de la sécurité nationale.  
 
Trois essais se concentrent sur la façon dont la guerre est conduite, en particulier l’effort international de plus en plus intense pour restreindre l’utilisation des munitions à fragmentation, pour interdire le recours aux enfants soldats et pour mettre en place des sanctions contre les états qui vendent des armes à des acteurs dont il est connu qu’ils ne respectent pas les droits humains. Un quatrième essai examine la façon dont le gouvernement américain applique « les règles de la guerre » à l’effort de lutte contre le terrorisme afin de se donner plus de marge de manœuvre pour refuser leurs droits aux terroristes présumés. En fait, les « règles de police », plus restrictives en matière de respect de la loi devraient être suivies dans de nombreux cas.  
 
Un essai sur les « ressources de la guerre » avance que le rôle des gouvernements corrompus est souvent laissé de côté par les analyses qui s’intéressent à la façon dont de précieuses matières premières comme le pétrole et les diamants incitent des groupes rebelles à lancer des guerres civiles.  
 
Dans l’essai central du rapport, Roth fait remarquer que la chute de Saddam Hussein a entraîné la fin de l’un des gouvernements qui avait commis le plus d’abus au monde. Mais intervenir militairement sur le territoire d’un état souverain, sans la permission de ce dernier, est en soi dangereux et ne doit être entrepris pour des raisons humanitaires que dans les cas les plus extrêmes. Si le bilan de Saddam Hussein en matière de droits humains est atroce, les pires atrocités qu’il ait commises sont bien antérieures à l’intervention. Au moment où les forces de la coalition envahissaient l’Irak, aucune tuerie de masse du type de celles nécessitant une action militaire préventive caractéristique des véritables interventions humanitaires n’était en cours ou sur le point de se produire.  
 
Pour qu’une intervention militaire puisse être caractérisée « d’humanitaire », Roth avance que la motivation de l’intervention devrait être essentiellement humanitaire ; le danger d’un massacre devrait être imminent et l’ampleur des tueries massive. Enfin, toutes les autres options pour prévenir le massacre devraient avoir été tentées.  
 
« L’administration Bush ne peut justifier la guerre en Irak en affirmant qu’il s’agissait d’une intervention humanitaire et Tony Blair ne peut pas non plus affirmer une chose pareille, » a déclaré Roth. « Les atrocités commises par Saddam Hussein doivent indéniablement être sanctionnées et les pires d’entre elles, comme le génocide de 1988 contre les Kurdes auraient à l’époque justifié une intervention humanitaire. Mais de telles interventions devraient être réservées aux situations où il s’agit de faire cesser un massacre imminent ou en cours. Elles ne devraient pas être utilisées tardivement, pour traiter d’atrocités ignorées dans le passé. »  
 
L’essai final du rapport estime que le mouvement des droits humains a parcouru un long chemin depuis la fondation de Human Rights Watch, il y a 25 ans. Cependant, nombre d’acquis du mouvement sont menacés sous le couvert d’une guerre sans fin et sans limite contre la terreur. L’essai avance que le mouvement doit faire preuve que « le soutien apporté au terrorisme se nourrit de la répression, de l’injustice, de l’inégalité et du manque d’opportunités » et que « la sécurité mondiale est donc accrue par le succès des sociétés ouvertes qui savent susciter le respect pour l’état de droit, promouvoir la tolérance et garantir le droit des gens à la liberté d’expression et à la contestation pacifique. »

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