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OTAN/UE : réformer le commerce des armes en Slovaquie

(Bratislava, 10 février 2004) Le gouvernement slovaque doit faire davantage pour instaurer un meilleur contrôle sur le commerce des armements, a déclaré Human Rights Watch dans un nouveau rapport publié aujourd'hui.

« Lorsque la Slovaquie tentait de rentrer dans l’OTAN et l’Union Européenne, elle a adopté des mesures pour assainir le commerce des armements. La fenêtre d’opportunité se referme pour que les partenaires internationaux de la Slovaquie obtiennent des engagements fermes sur la volonté de la Slovaquie de clore ce chantier. »
Lisa Misol, chercheuse à la Division Armes de Human Rights Watch
  

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La Slovaquie a adopté des réformes légales en 2001 et 2002 mais de graves problèmes demeurent permettant aux armes d’être exportées ou de faire l’objet d’un trafic illégal à destination de pays coupables d’abus contre les droits humains, en Afrique et ailleurs. Human Rights Watch a affirmé que le pays avait servi à la fois d’exportateur et de plaque tournante pour des transactions sur les armes en provenance d’autres pays. Une bonne quantité des armes fournies proviennent de surplus dont le pays se débarrasse alors qu’il finalise ses préparations pour rejoindre l’OTAN.  
 
« Lorsque la Slovaquie tentait de rentrer dans l’OTAN et l’Union Européenne, elle a adopté des mesures pour assainir le commerce des armements, » a déclaré Lisa Misol, chercheuse à la Division Armes de Human Rights Watch et auteur du rapport. « La fenêtre d’opportunité se referme pour que les partenaires internationaux de la Slovaquie obtiennent des engagements fermes sur la volonté de la Slovaquie de clore ce chantier. » La Slovaquie doit entrer dans l’OTAN et l’Union Européenne en mai 2004.  
 
En 2002 et 2003, Human Rights Watch a enquêté sur le commerce des armes en Slovaquie et sur les efforts de réforme. Le nouveau rapport de Human Rights Watch, long de 92 pages, Ripe for Reform: Stemming Slovakia’s Arms Trade with Human Rights Abusers, apporte des informations détaillées sur trois exemples de transactions sur les armes qui illustrent les principaux défis que présente le commerce des armements pour la Slovaquie et de nombreux autres pays d’Europe centrale et orientale : la nécessité de sévir contre le trafic illégal, de réguler étroitement les activités des marchands d’armes et des transporteurs et de respecter des critères fermes sur l’exportation d’armes lorsque sont autorisés des marchés.  
 
La recherche de Human Rights Watch met en lumière trois cas :
  • Les trafiquants internationaux d’armes ont profité de contrôles peu stricts en Slovaquie en 2000 et 2001 pour mettre au point un système permettant de réparer des hélicoptères de combat en Slovaquie pour les exporter ensuite illégalement vers le Liberia, un pays sous embargo des Nations Unies.  
  • Plusieurs centaines de lance-roquettes iraniens ont été saisis à l’aéroport de Bratislava en septembre 2001 après la découverte par des officiels qu’ils avaient été trompés sur la nature de la cargaison. La Slovaquie est depuis longtemps une plaque tournante pour des cargaisons illégales d’armes, grâce en partie à un vide légal qui demeure inchangé. Les cargaisons d’armes transitant par la Slovaquie en provenance d’autres destinations n’ont pas à se plier aux exigences du gouvernement en matière d’autorisation.  
  • L’exportation d’un surplus de jets de combat vers l’Angola en 2001 a enfreint les dispositions du Code européen de conduite en matière d’exportations d’armes que la Slovaquie s’est engagée à respecter. Le marché était également entaché par des allégations de corruption et a contribué à révéler des conflits d’intérêts entre différents officiels slovaques en charge de l’autorisation des ventes d’armement. Ceci fut l’une des nombreuses exportations d’armement autorisées à destination de l’Angola alors que la guerre faisait encore rage dans ce pays africain.
« Nous reconnaissons que des progrès ont été accomplis pour améliorer les contrôles légaux en Slovaquie, » a déclaré Misol. « Mais un long chemin doit encore être parcouru avant que la Slovaquie ne puisse se défaire de sa mauvaise réputation en matière de commerce des armes. »  
 
Human Rights Watch a formulé un certain nombre de recommandations à l’intention du gouvernement slovaque notamment : adopter des critères obligatoires relatifs aux droits humains pour les exportations d’armes ; éliminer les vides en matière d’autorisation ; réguler étroitement les vendeurs d’armement ; disposer de façon responsable des surplus d’armement ; s’attaquer au problème de la corruption et renforcer la transparence.  
 
Human Rights Watch a également appelé l’OTAN et l’Union Européenne, partenaires de la Slovaquie à user des moyens de pression encore à leur disposition pour promouvoir de telles réformes.  
 
« La prolifération d’armes de petit calibre et d’autres types d’armes alimente les conflits et fait courir de graves dangers aux civils, partout dans le monde, » a déclaré Misol. « La Slovaquie devrait avoir pour objectif de participer à la recherche de solutions plutôt que de contribuer au problème. »  
 
Misol a affirmé que les pays actuellement membres de l’OTAN et de l’Union Européenne pourraient eux-mêmes faire davantage pour donner un exemple positif en matière de commerce d’armement en soutenant un traité proposé sur le commerce international des armes qui empêcherait les transferts d’armes à destination d’acteurs coupables d’abus contre les droits humains et de violations du droit de la guerre.  
 
Le rapport de Human Rights Watch est disponible pendant la période d’embargo à l’adresse : http://docs.hrw.org/embargo/slovakia0204/, en utilisant le nom d’usager : arms et le mot de passe : trade.  
 
Après la publication du rapport, il sera disponible à l’adresse suivante : http://hrw.org/reports/2004/slovakia0204/.