HUMAN RIGHTS WATCH

République Démocratique du Congo : processus électoral en danger

Le gouvernement de transition, les bailleurs internationaux, doivent garantir des élections sûres et justes

(Bruxelles, 15 décembre 2005)—Alors que la République Démocratique du Congo se prépare à entamer son premier processus électoral national depuis quarante ans, les divisions existantes dans l’armée nationale et la répression du gouvernement contre les libertés civiles mettent en danger les perspectives d’un vote calme et crédible, a déclaré Human Rights Watch dans un document publié aujourd’hui.

Dimanche et lundi, environ 24 millions d’électeurs nouvellement inscrits auront la possibilité de voter dans un référendum constitutionnel qui permettrait la décentralisation du gouvernement congolais. Si la constitution est adoptée, les Congolais poursuivront vers les élections parlementaires et présidentielles qui devront se dérouler avant le 30 juin 2006.  
 
“Tant les politiciens congolais que les bailleurs internationaux veulent éviter d’avoir à traiter de problèmes graves tels que la réforme de l’armée, la répression des droits civils, et la reconstruction du système judiciaire détraqué, tant que les élections n’ont pas eu lieu,” a déclaré Alison Des Forges, conseillère senoir pour l’Afrique à Human Rights Watch. “Ils craignent de troubler le processus électoral et adoptent l’attitude qui consiste à ‘ne pas faire de vagues.’”  
 
Selon les accords qui ont mis un terme à la guerre civile en 2002, les anciens belligérants qui font maintenant partie d’un gouvernement de transition étaient supposés intégrer leurs troupes dans une seule force qui garantirait la sécurité aux votants. Mais jusqu’ici ces factions armées ont conservé leurs meilleures troupes, les gardant en réserve en cas d’échec du processus électoral ou dans l’éventualité où les résultats des urnes ne les plairaient pas.  
 
Certaines des unités de la nouvelle armée nationale se sont jointes à la force de maintien de la paix des Nations Unies, connue sous la dénomination de MONUC, pour essayer de rétablir l’ordre dans l’Est du Congo, où des bandes de combattants congolais et étrangers continuent à s’attaquer aux populations civiles. Si elles remportent un succès modéré dans certaines régions, comme l’Ituri, les forces conjointes sont trop peu nombreuses et trop mal équipées pour ramener l’ordre partout dans cette vaste région. En plusieurs endroits, les fonctionnaires électoraux ont été attaqués par des bandes opposées aux élections.  
 
L’arrestation de partisans des partis politiques de l’opposition et de journalistes, la suspension de plusieurs stations de radio et la corruption parmi les fonctionnaires (qui peut servir à acheter un soutien politique) menacent aussi la crédibilité du processus électoral avant même qu’il ait commencé.  
 
“Après des années de guerre et de souffrances, les Congolais placent de grands espoirs dans ces élections,” a déclaré Des Forges. “Le gouvernement de transition et ses défenseurs internationaux doivent redoubler d’efforts pour garantir des élections justes et sûres.”