HUMAN RIGHTS
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L’UE doit également rétablir les structures de l’Etat de droit au Congo

Par Juliane Kippenberg

Publié en Der Tagesspiegel

Alors que les organisations congolaises pour la défense des droits de l’homme se réjouissent de l’arrivée imminente d’un contingent de l’UE en prévision des élections, elles redoutent également et à juste titre un scénario d’horreur : que les soldats européens ne protègent que les Européens vivant à Kinshasa contre d’éventuelles violences.

« Une politique de véritable fermeté de la part de l’UE doit donc aider à rétablir les structures de l’Etat de droit nécessaires pour mettre fin à une telle situation d’anarchie. »
Juliane Kippenberg, Coordinatrice ONG
  

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Les troupes de l’UE pourraient donc se rendre très utiles en protégeant de manière systématique tous les civils, par exemple en cas d’affrontements violents entre les vainqueurs des élections et les perdants ou dans toute situation de crise analogue. La protection des populations civiles est actuellement un des défis majeurs auquel sont confrontées les troupes de l’UE chargées du maintien de la paix au Congo (Monuc). A cet égard, le contingent de l’UE pourrait soutenir les Nations Unies de manière efficace. Pour cela, il leur faut un mandat « solide ». Un tel mandat permettrait aux troupes présentes non seulement de constater les atteintes aux droits de l’homme, mais également de se positionner entre les acteurs et les victimes d’éventuelles violences.  
 
Pourtant, le mandat des forces de l’UE n’est pas défini de manière précise. Stationnées dans la capitale Kinshasa, elles devraient théoriquement dissuader les fauteurs de troubles, soutenir les forces des Nations Unies et, si nécessaire, évacuer les ressortissants étrangers. Ce serait cependant une erreur fatale de se contenter, en cas de crise, de ramener sains et saufs à la maison les ressortissants européens tout en laissant les Congolais abandonnés à leur sort. Un défenseur congolais des droits de l’homme a confié récemment à Human Rights Watch : « Tout le monde est d’accord pour dire que ces soldats sont les bienvenus. Mais protègeront-ils réellement la population locale ? ». La protection des civils doit être une des missions principales du contingent de l’UE, ceci d’autant plus que la politique européenne en matière de sécurité et de défense a clairement défini la protection des populations civiles comme un de ses objectifs. C’est le moment pour l’UE d’agir en conséquence.  
 
Une des conditions indispensables au bon déroulement de la mission des troupes de l’UE est que leur intervention soit apolitique. C’est la France qui devrait assurer le commandement militaire sur le terrain, jouant ainsi un rôle crucial. Mais la France ne cache nullement son soutien au président Kabila dans le cadre des élections. Si les troupes du président Kabila venaient à agresser des civils, l’UE devrait réagir de manière tout aussi déterminée que s’il s’agissait d’une attaque initiée par des rebelles.  
 
En examinant le pour et le contre du stationnement de troupes de l’UE au Congo, il ne faut pas perdre de vue la situation générale en Afrique centrale. Une telle intervention n’apportera pas de solution aux problèmes à long terme du Congo. La nouvelle armée congolaise a été constitué au départ plusieurs anciennes factions armées rebelles et se rend coupable de graves violations des droits de l’homme. Les soldats congolais tuent et torturent des civils de manière arbitraire, ils violent des femmes et des jeunes filles.  
 
Une grande partie de l’est du Congo est en proie à la guerre civile ; il n’y a pas un jour sans que l’armée et les rebelles infligent des souffrances aux civils, des crimes pour lesquels personne n’est amené à rendre de comptes.  
Pour punir de telles violations des droits de l’homme, le système judiciaire du Congo doit être restauré et réformé au plus vite.Jusqu’ici, l’UE hésite cependant à en faire une priorité réelle. La corruption et le pillage de précieuses richesses naturelles remplissent les poches de politiciens, de chefs de guerre et d’hommes d’affaires étrangers, tout en contribuant de manière significative à l’appauvrissement de la population. Une politique de véritable fermeté de la part de l’UE doit donc aider à rétablir les structures de l’Etat de droit nécessaires pour mettre fin à une telle situation d’anarchie. Ce n’est que de cette façon que le Congo retrouvera la paix à long terme.

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