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Ouzbékistan: Ouverture du procès d’une défenseure des droits humains

Les inculpations sont liées à des documents sur le massacre d’Andijan

(Tachkent, le 30 avril 2007) – Le procès de la défenseure ouzbèque des droits humains Umida Niazova a débuté de façon inattendue à Tachkent aujourd’hui, a indiqué Human Rights Watch le même jour. Niazova, qui travaille comme traductrice pour le bureau de Human Rights Watch à Tachkent, et est défenseure des droits humains et journaliste freelance, est l’une des 15 défenseurs ouzbeks des droits humains actuellement en détention en Ouzbékistan.

« Comme de nombreux autres défenseurs des droits humains faisant l’objet de procès en Ouzbékistan, Umida Niazova est la victime de la répression féroce par le gouvernement de la société civile. »
Holly Cartner  
Directrice de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch
  

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« Déjà, Umida Niazova n’aurait jamais dû être arrêtée. Ensuite, elle ne devrait encore moins être jugée sur la base d’accusations à motivation politique », a déclaré Holly Cartner, directrice de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. « Comme de nombreux autres défenseurs des droits humains faisant l’objet de procès en Ouzbékistan, elle est la victime de la répression féroce du gouvernement à l’encontre de la société civile. »  
 
Amnesty International a nommé Niazova « prisonnière de conscience ».  
 
Niazova a fait l’objet inculpations à motivation politique l’accusant de traversée illégale de la frontière, de contrebande ainsi que de distribution de documents causant le désordre public grâce à un soutien financier provenant de gouvernements étrangers (articles 223, partie 1; 246, partie 1 et 244/1, partie 3v du code pénal ouzbek). Si elle était reconnue coupable, elle pourrait encourir une peine de 10 années de prison ou plus.  
 
L’avocate de Niazova, Tatiana Davydova, n’a été prévenue que 30 minutes à l’avance que l’audience concernant Niazova commencerait le 30 avril 2007 au Tribunal fédéral de Sergeli à Tachkent. La directrice du bureau de Human Rights Watch à Tachkent n’a pu assister à l’audience que l’après-midi. La tante et le frère de Niazova ont pu assister aux deux séances, mais l’accès a été interdit aux autres membres de sa famille. En raison de la notification tardive relative au procès, les communautés diplomatiques et des droits humains de Tachkent n’ont pu y assister. Le procès de Niazova était censé débuter le 19 avril 2007. Ce jour-là des diplomates, journalistes et défenseurs des droits humains étaient venus au tribunal, mais y ont juste appris que l’audience avait été « reportée indéfiniment » en raison de la « complexité » de l’affaire.  
 
L’un des chefs d’inculpation contre Niazova est lié à de la documentation de recherche sur son ordinateur portable, que les autorités ont confisqué quand elles l’ont initialement détenue le 21 décembre 2006 à l’aéroport de Tachkent. Elles ont alors confisqué son ordinateur ainsi que son passeport et l’ont relâchée le jour même, mais ont continué à enquêter à son sujet, la suspectant d’actes passibles de poursuites pénales et administratives. Son ordinateur a été soumis à une « analyse experte » afin de déterminer s’il contenait des documents subversifs.  
 
A la mi-janvier le précédent avocat de Niazova, Abror Yusupov, lui a dit que la commission d’experts n’avait trouvé aucune raison d’engager des poursuites, et qu’elle pouvait récupérer son ordinateur ainsi que son passeport auprès du bureau des douanes. Niazova, qui se trouvait alors au Kirghizistan, est rentrée en Ouzbékistan le 22 janvier, et a été arrêtée peu de temps après avoir traversé la frontière ouzbèquo-kirghize. Elle a été détenue au secret jusqu’au 26 janvier.  
 
Selon l’acte d’accusation du procureur contre Niazova, son ordinateur contenait de la documentation « extrémiste » et « intégriste » sur les événements survenus à Andijan le 13 mai 2005, quand des forces du gouvernement ont tué des centaines de manifestants pour la plupart non armés, à la suite d’un soulèvement armé ayant eu lieu tôt ce matin-là. L’acte d’accusation ajoute que cette documentation cherche à « justifier les actions des auteurs des événements d’Andijan ». Quand Davydova leur a demandé quels documents spécifiques contenaient de telles déclarations, les témoins à charge n’ont cité que le rapport de Human Rights Watch de juin 2005 sur le massacre d’Andijan, « Bullets Were Falling Like Rain » (« Les balles tombaient comme la pluie »), ainsi qu’un article par un journaliste local, Aleksei Volosevich.  
 
Human Rights Watch a distribué « Bullets Were Falling Like Rain » à des fonctionnaires ouzbeks immédiatement après sa publication et a demandé à les rencontrer afin d’en discuter. Human Rights Watch n’a reçu aucune réponse à ces demandes.  
 
Lors de la séance matinale du procès le 30 avril, Niazova a avoué avoir traversé illégalement la frontière mais a nié les deux autres chefs d’inculpation dont elle fait l’objet. Elle a expliqué au tribunal que les documents trouvés sur son ordinateur étaient des copies personnelles pour son travail et n’étaient pas destinées à être distribuées.  
 
Quand il a été demandé à Niazova pourquoi elle est rentrée en Ouzbékistan en janvier 2007, elle a répondu « parce que je ne me sens pas coupable ».  
 
Neuf témoins ont été appelés lors de la séance de l’après-midi, dont deux anciens dirigeants d’organisations non-gouvernementales, un défenseur des droits humains, quatre représentants du bureau des douanes à l’Aéroport international de Tachkent, ainsi que trois membres de la commission d’experts qui ont été sollicités pour analyser le contenu de l’ordinateur de Niazova.  
 
Le président du tribunal, Nizam Rustamov, n’a pas laissé de temps aux témoins pour répondre à la plupart de ses questions, ni à celles posées par les avocats de la défense et par le procureur, en les incitant immédiatement par la lecture d’extraits de déclarations écrites qu’ils avaient soumises au cours de l’enquête.  
 
Niazova a pu interroger des témoins, mais le juge l’a interrompue à de nombreuses reprises. À un moment il lui a demandé, « Êtes vous une avocate? » et « Pourquoi n’êtes vous pas restée à la maison pour élever votre enfant ? »  
 
Trois des témoins sont des experts de l’Agence ouzbèque des Connexions et du Centre d’information de surveillance des medias de masse. On leur a donné le carnet de Niazova et sa clé USB le 23 décembre 2006. Tous les trois ont eu du mal à se souvenir des conclusions qu’ils ont tirées après avoir analysé l’ordinateur de Niazova. Quand Davydova leur a demandé comment ils étaient arrivés à la conclusion que l’ordinateur de Niazova contenait de l’information qui propageait l’extrémisme religieux et l’intégrisme, ils ont été incapables to spécifier leurs conclusions. L’un de ces témoins a déclaré que l’information sur l’ordinateur de Niazova n’est pas « dangereuse » mais constituerait néanmoins une menace si elle était diffusée.  
 
Un autre de ces trois témoins a affirmé qu’il n’avait jamais dit à Yusupov que l’affaire était close, ce qui avait incité Niazova à revenir en Ouzbékistan en janvier. Le témoin a dit qu’une enquête contre Niazova avait été ouverte immédiatement après sa détention initiale.  
 
Les deux anciens dirigeants d’ONG ont témoigné qu’ils avaient rencontré Niazova une fois et discuté avec elle de leurs projets et objectifs respectifs et de la mise en œuvre de ces projets. Ils ont tous deux affirmé qu’ils n’avaient jamais reçu d’argent de Niazova et que le financement de leurs projets n’avait rien à voir avec Niazova.  
 
Un défenseur des droits humains a attesté qu’il avait reçu une petite somme d’argent de Niazova afin de payer pour sa connexion Internet. En réponse à une question sur l’ébauche d’une proposition de projet sur l’ordinateur de Niazova, il a expliqué qu’en fait il ne s’agissait que d’une ébauche et qu’il n’avait pas fait de demande de financement pour ce projet.  
 
Le juge a interdit à la représentante de Human Rights Watch de prendre des notes ; après que celle-ci ait fait remarquer que des agents en civil qui assistaient à l’audience prenaient aussi des notes, le juge leur a également interdit de le faire.  
 
Le procès de Niazova doit reprendre le 1er mai à 11 heures du matin.  
 
La semaine dernière une autre défenseure ouzbèque des droits humains, Gulbahor Turaeva, a été condamnée à six années de prison à la suite d’inculpations basées sur des motifs politiques, dont des accusations d’activités anticonstitutionnelles, pour avoir rapporté des livres par le chef de l’opposition en exil Muhammed Solih, livres officieusement interdits par les autorités ouzbèques.

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