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États-Unis : Wal-Mart prive ses employés de leurs droits fondamentaux

Les faiblesses de la législation du travail perpétuent les abus

(Washington, DC, le 1er mai 2007) – L’exploitation implacable par Wal-Mart des faibles lois américaines du travail empêche la formation de syndicats et viole les droits de ses employés américains, a affirmé Human Rights Watch dans un nouveau rapport publié aujourd’hui.

« Les employés de Wal-Mart n’ont pratiquement aucune chance de se syndiquer parce qu’ils sont confrontés à des lois américaines du travail qui sont injustes et à une compagnie géante qui est presque prête à tout pour empêcher l’arrivée de syndicats. Ce double coup anéantit le droit des employés de former des syndicats et d’y adhérer. »
Carol Pier, chercheuse principale sur les droits du travail et le commerce pour Human Rights Watch
  

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Dans ce rapport de 210 pages intitulé « Droits au rabais : Wal-Mart bafoue le droit des salariés américains à la liberté syndicale » (« Discounting Rights: Wal-Mart’s Violation of US Workers’ Right to Freedom of Association ») Human Rights Watch a établi que même si de nombreuses compagnies américaines utilisent les faibles lois américaines pour empêcher leurs employés de se syndiquer, le géant de la distribution se démarque par l’amplitude et l’agressivité flagrantes de sa machinerie antisyndicale. Plusieurs de ses tactiques antisyndicales sont légales aux Etats-Unis, mais leur application combinée atténue les droits des employés. D’autres tactiques enfreignent de faibles lois américaines.  
 
« Les employés de Wal-Mart n’ont pratiquement aucune chance de se syndiquer parce qu’ils sont confrontés à des lois américaines du travail qui sont injustes et à une compagnie géante qui est presque prête à tout pour empêcher l’arrivée de syndicats », a observé Carol Pier, chercheuse principale sur les droits du travail et le commerce pour Human Rights Watch. « Ce double coup anéantit le droit des employés de former des syndicats et d’y adhérer. »  
 
Wal-Mart étant la plus grande entreprise mondiale, sa conduite est particulièrement préoccupante. Wal-Mart a réalisé un chiffre d’affaires de 351,14 milliards de dollars et un bénéfice de 11,3 milliards de dollars pour l’année fiscale close en fin janvier 2007. C’est le plus grand employeur privé des États-Unis, avec plus de 1,3 million de salariés américains et près de 4 000 magasins répartis dans tout le pays. Aucun de ces salariés n’est syndiqué. Human Rights Watch a établi qu’il ne s’agit pas d’un hasard.  
 
L’enquête de Human Rights Watch a révélé que dans la plupart des cas, Wal-Mart commence par endoctriner les employés et directeurs de magasins pour qu’ils s’opposent aux syndicats, dès le moment où ils sont embauchés. Les directeurs de magasins reçoivent des instructions explicites sur les manières d’empêcher l’arrivée des syndicats ; un grand nombre de ces instructions se trouve dans la « Boîte à outils du directeur » (« Manager’s Toolbox ») de la compagnie, un guide destiné aux directeurs de magasin afin de leur montrer « comment rester sans syndicat dans l’éventualité où des syndicalistes choisiraient votre magasin comme prochaine cible ».  
 
Si des employés essaient de se syndiquer, les directeurs de magasins doivent le signaler en appelant le numéro d’urgence relatif aux syndicats (« Union Hotline ») au siège de Wal-Mart. La compagnie riposte en dépêchant presque immédiatement son Equipe de relations du travail (« Labor Relations Team »), afin d’écraser la tentative de syndicalisation.  
 
La plupart des tactiques de l’Equipe de relations du travail sont conformes aux faibles lois américaines. Les membres de l’équipe tiennent des réunions restreintes et en groupes plus larges avec des « auditoires captifs », auxquelles les employés sont fortement incités à assister. Les employés y sont informés des terribles conséquences de la formation de syndicats et visionnent des vidéos qui dramatisent le message. Wal-Mart enveloppe les employés avec son mantra antisyndical en ne laissant aux partisans et organisateurs de syndicats que peu d’espace pour répondre –la loi américaine ne l’y oblige pas.  
 
« Les employeurs peuvent exprimer leurs arguments antisyndicaux haut et fort sur le lieu de travail, tout en interdisant aux représentants syndicaux l’accès à la propriété de la compagnie », a remarqué Pier. « Ce climat n’est vraiment pas propice pour des élections libres et démocratiques, et serait injuste dans n’importe quelle compétition politique. »  
 
Le martèlement antisyndical sans relâche de Wal-Mart crée un climat de peur dans ses magasins américains. De nombreux employés sont convaincus qu’ils subiront des conséquences néfastes s’ils constituent un syndicat, en partie du fait qu’ils n’entendent pas de points de vue prosyndicaux. Ils sont également nombreux à craindre que s’ils défient leur puissant employeur en se syndiquant, ils pourraient encourir des représailles, y compris être licenciés.  
 
Human Rights Watch a constaté que Wal-Mart exacerbe cette peur avec son arsenal de tactiques antisyndicales illégales. Wal-Mart a demandé à des directeurs d’espionner des employés. Selon d’anciens employés et directeurs d’un magasin, Wal-Mart a même ordonné le repositionnement de caméras de surveillance afin d’observer les partisans de syndicats. Wal-Mart a dit à des travailleurs qu’ils perdraient des avantages s’ils se syndiquaient. La compagnie a de façon discriminatoire proscrit toute discussion au sujet des syndicats et interdit la distribution de prospectus syndicaux, tout en autorisant les discussions sur d’autres sujets et la diffusion de documents non syndicaux. Elle a sanctionné des partisans de syndicats pour des infractions réglementaires qu’elle a tolérées quand il s’agissait opposants de syndicats. De surcroît Wal-Mart a illégalement licencié des travailleurs pour leur activité syndicale.  
 
Les sanctions prévues par la législation américaine du travail sont si minimes qu’elles ont peu d’effet dissuasif, et Wal-Mart se fait seulement taper sur les doigts quand la compagnie est reconnue coupable de pratiques illégales. Dans la plupart des cas, les employeurs fautifs doivent simplement afficher dans le magasin des notes promettant de se conformer à la loi dorénavant, et doivent rétablir le statut quo précédant les actes illégaux, par exemple en réembauchant les employés licenciés à tort et en leur payant les salaires non perçues. Ils n’encourent ni amendes ni sanctions punitives.  
 
N’ayant pas le droit de constituer des syndicats, les employés de Wal-Mart ont été incapables d’unir leurs forces pour exprimer leurs craintes que la compagnie puisse pousser des employés de longue date vers la sortie, aborder la difficulté de joindre les deux bouts avec les salaires touchés à Wal-Mart, ou appeler à en finir avec les coûts élevés de la couverture santé.  
 
Un moyen clé d’améliorer les protections pour la syndicalisation des salariés serait que le Congrès américain vote la Loi pour le libre choix de l’employé (EFCA), et que l’administration Bush lui donne force de loi. L’EFCA, votée à la Chambre des Représentants en mars et actuellement en instance au Sénat, augmenterait les pénalités en cas de violations du droit du travail. Cette loi aiderait aussi à rétablir un processus démocratique pour sélectionner un syndicat en exigeant que les employeurs reconnaissent un syndicat si une majorité de travailleurs signe des cartes montrant leur soutien. Actuellement, les employeurs peuvent imposer des élections syndicales et puis intimider les salariés avec leur message antisyndical agressif durant la période électorale.  
 
Human Rights Watch a également exhorté le Conseil national des relations du travail (« National Labor Relations Board »), chargé de faire appliquer la législation du travail américaine, de demander davantage d’injonctions en cas d’allégations de faute grave de l’employeur, en particulier contre des récidivistes comme Wal-Mart.  
 
Human Rights Watch a appelé Wal-Mart à cesser toutes les tactiques, tant légales qu’illégales, qui affaiblissent le droit des travailleurs de se syndiquer, et à faire un pas de plus en tant que leader industriel en s’engageant à la neutralité vis-à-vis de la formation de syndicats.  
 
Pour ce rapport, Human Rights Watch s’est entretenu avec 41 employés et directeurs de Wal-Mart, travaillant actuellement ou ayant travaillé dans des magasins aux Etats-Unis où des tentatives de syndicalisation ont eu lieu depuis 2000. Certains soutenaient le syndicat ; d’autres s’y opposaient ; d’autres encore avaient une position ambivalente. Human Rights Watch a aussi contacté Wal-Mart à trois reprises par écrit pour solliciter des rendez-vous et obtenir les points de vue de la compagnie. Wal-Mart a refusé de telles rencontres et n’a fourni que des réponses très limitées.  
 
« Wal-Mart devrait changer son comportement antisyndical », a affirmé Pier. « Quand des compagnies comme Wal-Mart peuvent régulièrement violer le droit syndical des salariés américains, elles menacent un droit fondamental que le gouvernement a le devoir de faire respecter. »  

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