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Soudan : la sécurité doit être rétablie à Abyei

Deux mois après les affrontements qui ont détruit la ville, les civils ne sont toujours pas en mesure d’y retourner

(New York, le 22 juillet 2008) – Selon un rapport de Human Rights Watch publié aujourd’hui, des dizaines de milliers de civils ne sont toujours pas en mesure de regagner la ville disputée d’Abyei, à moitié détruite par les combats de mai dernier.

« Deux mois après les affrontements, il n’y a toujours pas d’information claire sur le nombre de civils tués et les circonstances dans lesquelles cela s’est passé. Sans une enquête approfondie et indépendante, l’obligation de rendre compte des exécutions, pillages et destructions massives à Abyei sera impossible. »
Georgette Gagnon, directrice de la division Afrique de Human Rights Watch
  

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Une enquête de Human Rights Watch menée en juin 2008 faisait état de la mort d’au moins 18 civils dans les combats de la mi-mai, la plupart ayant été tués par les forces armées soudanaises (FAS) ou les milices alliées. En raison de l’accès limité par les FAS à la zone au cours des semaines qui suivirent les combats, le nombre total de victimes reste inconnu.  
 
Le rapport de 32 pages, Abandoning Abyei: Destruction and Displacement, May 2008 (« Abyei l’oubliée, destruction et déplacement », mai 2008), rend compte des violations des droits humains commises par les FAS et les milices alliées avant, pendant et après les affrontements avec l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) du Sud-Soudan entre les 13 et 21 mai. Les habitants d’Abyei s’étant réfugiés au sud de la ville ont déclaré à Human Rights Watch que les soldats des FAS tuaient les civils qui tentaient de fuir et détenaient puis exécutaient les autres de manière arbitraire.  
 
« Deux mois après les affrontements, il n’y a toujours pas d’information claire sur le nombre de civils tués et les circonstances dans lesquelles cela s’est passé », a indiqué Georgette Gagnon, directrice de la division Afrique de Human Rights Watch. « Sans une enquête approfondie et indépendante, l’obligation de rendre compte des exécutions, pillages et destructions massives à Abyei sera impossible. »  
 
Selon les informations recueillies par Human Rights Watch pendant et après les combats, les soldats des FAS et les milices alliées ont commis d’importants pillages et détruit une grande partie de la ville. Au 17 mai, ils avaient réduit en cendres plus de la moitié des maisons d’Abyei et entièrement saccagé le marché. Ils ont également pillé les infrastructures appartenant aux Nations Unies et aux organisations humanitaires à Abyei et y ont mis le feu.  
 
Une enquête approfondie et indépendante sur les exécutions et autres abus n’a pas été possible jusqu’à aujourd’hui car les FAS limitent l’accès à Abyei depuis la fin des combats.  
 
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, environ 60 000 personnes ont quitté la ville durant les combats, et au moins 50 000 vivent toujours dans des cabanes de fortune ou s’entassent à plusieurs familles dans des maisons du comté de Twic, au sud d’Abyei. Les gouvernements du Nord et du Sud-Soudan sont parvenus à un accord le 7 juin dernier, la « feuille de route de la région d’Abyei », qui a exhorté les deux parties à retirer leurs forces de la zone et à déployer une nouvelle unité intégrée mixte, réunissant des forces des deux côtés, afin de sécuriser la ville. Cependant, aucune partie n’a totalement retiré ses troupes. Les déplacés d’Abyei ont confié à Human Rights Watch qu’ils ne rentreraient pas chez eux tant que cela ne serait pas fait car ils craignent un retour de la violence.  
 
« Les personnes déplacées nous ont répété qu’elles ne pourraient pas retourner chez elles tant qu’Abyei ne serait pas sécurisée », a déclaré Georgette Gagnon. « Pour elles, ‘sécurisée’ signifie le retrait complet des FAS ainsi qu’une unité mixte présente et parfaitement opérationnelle. »  
 
La Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS) était consciente des tensions croissantes et du renforcement des troupes à Abyei depuis fin 2007 ; cependant, lorsque les combats ont éclaté, les 200 troupes sur place étaient bien insuffisantes pour protéger les civils et leurs biens face à l’envergure des affrontements et de la destruction. La MINUS a également été gênée par des restrictions de longue date de ses déplacements, de la part des FAS et l’APLS, et ce malgré un mandat garantissant une totale liberté de mouvement.  
 
« La MINUS savait depuis longtemps qu’Abyei était une poudrière », a rajouté Georgette Gagnon. « Elle devrait prendre instamment des mesures pour veiller à avoir sur place la capacité d’exécuter son mandat visant à protéger les civils. »  
 
À la demande du Conseil de sécurité, la MINUS a réalisé une première enquête sur son propre rôle dans la période précédant les combats et durant ceux-ci, et le Secrétaire général Ban Ki-moon devrait en inclure les conclusions préliminaires dans son rapport semestriel au Conseil de sécurité en date du 24 juillet.  
 
Pendant ce temps, les retards dans la mise en œuvre de la feuille de route ravivent les tensions entre les deux parties. Le 7 juillet, un soldat du MPLS a blessé par balle un observateur militaire des Nations Unies et un moniteur des FAS à Agok, au sud d’Abyei.  
 
« Un retour à la violence à Abyei pourrait avoir des répercussions massives pour le Soudan tout entier », a déclaré Georgette Gagnon. « Khartoum et le gouvernement du Sud-Soudan doivent mettre la feuille de route en œuvre, dans son intégralité et dans les délais, et les Nations Unies et les gouvernements doivent exercer des pressions pour qu’ils le fassent. »

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