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RD Congo : Le processus de paix fragile, des civils en danger (Version mise à jour le 28 août 2008)

Plus de 200 morts et 150 000 déplacés depuis la signature de l’accord de paix en janvier

(Goma, le 29 juillet 2008) Six mois après la signature d’un cessez-le-feu, une extrême violence oppresse toujours l’Est du Congo, selon une coalition de 64 organisations internationales et congolaises humanitaires et de défense des droits humains. Créée dans le courant du mois de juillet 2008 pour suivre le processus de paix, cette nouvelle coalition, appelée Congo Advocacy Coalition (Coalition pour le plaidoyer pour le Congo)1 appelle la communauté internationale à accroître les pressions sur les groupes armés afin qu’ils concrétisent leurs promesses de protéger les civils.

« Le Programme Amani n’a pas conduit à des améliorations tangibles pour les citoyens de l’Est du Congo. La communauté internationale et le gouvernement congolais doivent garantir que le programme de paix devienne réalité et pas seulement une belle idée. Ils doivent s’assurer qu’il sera bien financé pour permettre de venir en aide à ceux qui en ont le plus besoin. »
Anneke Van Woudenberg, Chercheuse Senior au sein de la Division Afrique de Human Rights Watch
  

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Le premier rapport de cette coalition révèle qu’au moins 150 000 personnes ont été contraintes de quitter leurs habitations depuis ce cessez-le-feu historique (l’Acte d’Engagement) signé le 23 janvier de cette année, à cause des conflits persistants. Les Nations Unies ont également rapporté plus de 200 violations de cessez-le-feu en moins de 180 jours entre les mois de janvier et juillet. Ces nouveaux déplacés s’ajoutent au million de personnes qui avaient déjà fui lors de précédentes vagues de violence dans le Nord et le Sud Kivu. Le nombre des déplacés dans les territoires les plus touchés comme Rutshuru et Masisi au Nord-Kivu est le plus important jamais relevé.  
 
« L’accord de cessez-le-feu n’est pas parvenu à faire taire les armes et la population de l’Est du Congo continue à souffrir et à devoir fuir pour survivre », a déclaré Juliette Prodhan, responsable d’Oxfam Grande Bretagne pour la RDC. « Les parties à cet accord doivent redoubler d’efforts en urgence afin de tenir les engagements pris pour protéger les civils. »  
 
Les femmes et les jeunes filles ont été particulièrement touchées par cette violence. De janvier a juin 2008 plus de 2.200 cas de viols ont été enregistrés dans la seule province du Nord-Kivu, ce qui ne reflète qu’une petite partie du nombre total d’agressions. Au moins 200 civils ont été tués dans des conflits persistants entre milices armées.  
 
Les parties à l’accord de paix, les facilitateurs internationaux, les coordinateurs pour le processus de paix et les donateurs internationaux doivent redoubler leurs efforts pour faire fonctionner ce processus de paix. Congo Advocacy Coalition a appelé ces acteurs à :  
  • Pousser publiquement tous les groupes armés à respecter les obligations de l’Accord de Goma et indiquer clairement que les abus contre les civils ne seront pas tolérés et seront passibles de sanctions ;  
  • Nommer un conseiller spécial indépendant de haut niveau sur les droits humains pour l’Est du Congo afin de garantir que la question des droits humains, y compris les violences sexuelles et l’enrôlement d’enfants soldats, seront au cœur des discussions de paix ; et  
  • Soutenir des efforts de médiation en finançant des programmes pour maintenir la paix et renforcer la protection de la population civile, comme les programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration qui aident les soldats à trouver des alternatives durables à la violence, ainsi que des programmes qui abordent la question des causes du conflit en s’axant sur les initiatives de paix, sur la réconciliation et sur la résolution des conflits fonciers.
 
 
Au Nord-Kivu, beaucoup de déplacés trouvent refuge dans des familles d’accueil et reçoivent le minimum de nourriture et d’assistance, pendant que d’autres cherchent la sécurité dans des camps pour les personnes déplacées. Le taux de malnutrition aigue atteint le chiffre alarmant de 17% dans certaines zones, ce qui est bien au delà du seuil d’alerte.  
 
Des organisations humanitaires ont essayé d’étendre leurs programmes depuis l’avènement du processus de paix, mais elles ont subi un nombre croissant d’attaques de divers groupes armés et de bandits. Au moins 36 attaques ont été enregistrées depuis janvier 2008, et prennent pour la majorité la forme d’embuscades armées sur les routes principales et isolées au moment où le personnel humanitaire tente d’atteindre les populations vulnérables. Au cours des dernières semaines, les attaques contre les organisations humanitaires sur la route principale en direction de la ville de Masisi, ont sérieusement entravé l’aide apportée à une population d’au moins 186.000 personnes.  
 
Près de 10.000 casques bleus ont été déployés pour tenter de s’interposer entre les parties en conflit au Nord et au Sud Kivu, mais ils sont très dispersés et n’ont pas réussi à empêcher un certain nombre d’attaques. Les civils, pour se protéger, établissent souvent des camps aux abords des bases de l’ONU.  
 
Un vieil homme, forcé de fuir et vivant désormais dans un camp de réfugiés, a indiqué à la Congo Advocacy Coalition : « Les chefs du gouvernement et les groupes armés se sont vus à Goma et ils avaient dit qu’ils nous apporteraient la paix. Au lieu de ça, ils continuent à se battre. Nous perdons espoir. Nous voulons seulement la paix pour pouvoir rentrer chez nous. »  
 
L’Accord de Goma, signé par 22 groupes armés ainsi que le gouvernement Congolais, était précédé d’un Accord datant du mois de novembre 2007 entre les gouvernements du Congo et du Rwanda, connu sous le nom de Communiqué de Nairobi. Ce dernier accord visait à régler le problème des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé rwandais basé à l’Est du Congo. D’après l’Article III de l’Accord de Goma (« Acte d’Engagement »), tous les signataires se sont engagés à respecter à la lettre le droit international humanitaire et les droits de l’Homme, et par là même de mettre fin à tout acte de violence et abus à l’encontre de la population civile.  
 
Ces deux accords, ajoutés aux recommandations de la Conférence sur la Paix, la Sécurité et le Développement organisée par le gouvernement au début de l’année 2008, servent de base au programme de paix gouvernemental pour l’Est du Congo, connu sous le nom de Programme Amani.  
 
« Le Programme Amani n’a pas conduit à des améliorations tangibles pour les citoyens de l’Est du Congo », a avancé Anneke Van Woudenberg, Chercheuse Senior au sein de la Division Afrique de Human Rights Watch. « La communauté internationale et le gouvernement congolais doivent garantir que le programme de paix devienne réalité et pas seulement une belle idée. Ils doivent s’assurer qu’il sera bien financé pour permettre de venir en aide à ceux qui en ont le plus besoin. »  
 
1  
La Congo Advocacy Coalition, composée d’organisations non gouvernementales locales et internationales a été créée pour s’assurer de la protection des civils et du respect des droits de l’homme dans le processus de paix à l’Est du Congo. La Coalition appelle les signataires de l’Accord de Goma, du Communiqué de Nairobi et du Programme national du gouvernement congolais Amani à tenir leurs engagements quant au respect du droit international humanitaire et à la protection des civils. La coalition publiera régulièrement des mises à jour sur le respect de ces engagements. Les membres du comité de pilotage de la Coalition incluent : ActionAid, ENOUGH, Human Rights Watch, International Rescue Committee (IRC), Mercy Corps, Norwegian Refugee Council (NRC), Oxfam, Conseil Régional des Organisations Non Gouvernementales de Développement (CRONGD) - Nord Kivu, Promotion et Appui aux Initiatives Féminines (PAIF) – Nord Kivu, Institut Congolaise pour la Justice et la Paix (ICJP) – Sud Kivu, et Association des Femmes Juristes du Congo (AFEJUCO) – Sud Kivu.  
 
Autres signataires :  
 
Des ONG internationals : Agency for Technical Cooperation and Development (ACTED), Amnesty International, Beati I Costruttori di Pace (Blessed are the Peacemakers), Global Witness, International Alert, La Benevolencija, Premier Urgence, Refugees International, Save the Children – UK, Scottish Catholic International Aid Fund (SCIAF), Trocaire, War Child Holland, World Vision  
 
Des ONG congolaises : Action de Promotion et d'Assistance pour l'Amélioration du Niveau des Vies des Populations (APANIVIP), Action Paysanne pour la Reconstruction et le Développement Communautaire (APREDECI), Action pour la Promotion et la Protection de l'Enfant et de la Femme (APPEF)/Nord Kivu, Action pour les Personnes Déshérites et victimes des exactions (APDEV), Action Sociale et Conseil pour le Développement et la Paix (ASCODEPA), Action Sociale pour la Paix et le Développement (ASPD), Alfa Ujuvi, Association Africaine de Défense des Droits de l'Homme (ASADHO)/Sud-Kivu, Association des Jeunes pour la Défense des Droits de l'Enfant et la Lutte contre la Racisme et la Haine (AJERH), Association des Volontaires du Congo (ASVOCO), Association pour le Développement des Initiatives Paysannes (ASSODIP), Blessed Aid, Campagne Pour la Paix (CPP)/RDCongo, Centre d’Appui pour le Développement Rural Communautaire (CADERCO), Centre de Recherche sur l'Environnement, la Démocratie et les Droits de l'Homme (CREDDHO), Centre d'Etudes et de Recherche en Education de Base pour le Développement Intégré (CEREBA), Centre pour la Paix et les Droits de l'Homme - Peace and Human Rights Center (CPDH-PHRC), Change Agents Peace Program (CAPP), Children's Voice, Coalition to Stop the Use of Child Soldiers (Coalition Pour Mettre Fin a L’utilisation d’Enfants Soldats)/RDC, Collectif des Associations des Femmes Pour le Développement (CAFED)/Nord-Kivu, Comité d’Appui au Développement Rural Endogène (CADRE), Construisons la Paix et le Développement (COPADI), Dynamique des Femmes Juristes, Encadrement des Femmes Indigènes et des Ménages Vulnérables (EFIM), Groupement Féminin Nyamulisa, Groupes des voix de sans voix (GSV)/ Uvira, Heritiers de la Justice, Ministère de l'Eglise du Christ au Congo pour le Réfugies et les Urgences (ECC MERU)/ Sud Kivu, Promotion de la Démocratie et Protection des Droits Humains (PDH), Reseau des Associations Intègres dans les Droits Humains (Reseau AI/DH), Reseau d'Initiatives Locales pour le Développement Durable (REID), Réseau Femme et Développement (REFED)/Nord-Kivu, Réseau Provincial des ONGs de Droits de l'Homme (REPRODHOC)/Nord-Kivu, Solidarité Féminine pour la Paix et le Développement Intégral (SOFEPADI)/Nord-Kivu, Solidarité pour la Promotion sociale et la Paix (SOPROP), SOS Grands Lacs, Synergie des Femmes pour les Victimes des Violences Sexuelles, Union des Eglises Indépendantes du Congo au Sud-Kivu (UEIC), Villages Cobaye (VICO)

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