HUMAN RIGHTS WATCH

France : Les Nations Unies demandent une réforme de la législation et des pratiques en matière de lutte contre le terrorisme

Le gouvernement devrait s’assurer que les lois garantissent le respect des droits des suspects dans les affaires liées à la sécurité nationale

(Paris, le 22 septembre 2008)  
La France devrait de toute urgence mettre en œuvre les recommandations d’un important organisme des Nations Unies chargé des droits humains, et qui a émis des critiques à l’égard de l’approche de la France en matière de lutte contre le terrorisme, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui dans une lettre lettre adressée au gouvernement français.

« L’ONU a remis à la France une feuille de route pour qu’elle mette ses politiques de lutte contre le terrorisme en accord avec les obligations relatives aux droits humains », a indiqué Jean-Marie Fardeau, directeur du bureau de Paris de Human Rights Watch. « La France se considère comme une autorité en matière de droits humains. Elle devrait apporter la preuve de cette autorité en agissant rapidement pour mettre en œuvre les conclusions du principal organisme de l’ONU en matière de droits humains. »  
 
Dans un rapport publié à la suite d’un examen approfondi en juillet 2008, le Comité des droits de l’homme de l’ONU a exprimé sa préoccupation au sujet du fait que les politiques françaises de lutte contre le terrorisme ne sont pas complètement conformes aux normes internationales de procès équitable et qu’elles font courir le risque à des personnes d’être renvoyées vers des nations où elles peuvent subir des actes de torture. Le comité, composé d’experts reconnus au niveau international, évalue le respect par les Etats du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (ICCPR).  
 
Parmi les problèmes relevés dans son rapport sur la France :  
 
 
« Ces critiques émises par l’ONU ternissent la position de leader de la France en matière de lutte contre le terrorisme et l’ensemble de ses efforts pour promouvoir le respect des droits humains », a déclaré Jean-Marie Fardeau. « Si la France écoute l’ONU et met en œuvre ses recommandations, cela peut renforcer sa position sur ces deux points. Les parlementaires peuvent aussi aider en surveillant le processus ».  
 
Des préoccupations similaires à propos des protections des droits humains de la France dans son approche des poursuites engagées pour des infractions terroristes ont été exprimées au cours de l’examen du bilan de la France en matière de droits humains, fait en mai 2008 dans le cadre du nouveau mécanisme d’Examen périodique universel au Conseil des droits de l’homme de l’ONU.  
 
Les recommandations du Comité des droits de l’homme au gouvernement français incluent notamment :  
 
 
Le Comité des droits de l’homme aussi exprimé sa préoccupation au sujet d’une loi récente autorisant la détention de certains auteurs de crimes violents pour des périodes d’un an renouvelables après qu’ils aient accompli leur peine de réclusion, concluant que cette loi remettait en question le droit à la présomption d’innocence et le droit à ne pas être condamné deux fois pour le même délit. Le Comité a recommandé que la loi soit réexaminée à la lumière des obligations de la France à l’égard de l’ICCPR.  



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