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RD Congo : Les dirigeants internationaux devraient agir maintenant pour protéger les civils

Il faut intensifier les efforts diplomatiques et soutenir les forces onusiennes de maintien de la paix afin de sauver des vies

(New York, le 30 octobre 2008) – Les États-Unis, l’Union européenne, et l’Union africaine devraient intensifier les efforts diplomatiques pour protéger les civils et soutenir les forces onusiennes de maintien de la paix dans l’est du Congo, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Des dizaines de milliers de civils fuient actuellement les combats qui ont repris en août après l'échec de l’accord de paix de janvier entre les troupes du gouvernement et les combattants dirigés par le général rebelle Laurent Nkunda.

« Les dirigeants internationaux qui sont intervenus avec succès auparavant devraient agir rapidement pour faire en sorte que la crise dans le Nord Kivu n’atteigne pas des proportions catastrophiques. »
Anneke Van Woudenberg, chercheuse senior sur le Congo à Human Rights Watch.
  

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« Les dirigeants internationaux qui sont intervenus avec succès auparavant devraient agir rapidement pour faire en sorte que la crise dans le Nord Kivu n’atteigne pas des proportions catastrophiques », a affirmé Anneke Van Woudenberg, chercheuse senior sur le Congo à Human Rights Watch. « Les diplomates de Washington, Bruxelles et Addis-Abeba ont participé aux négociations pour le cessez-le-feu au début de l’année. Maintenant les membres les plus expérimentés de leurs gouvernements doivent les soutenir pour mettre fin à la crise. »  
 
Les troupes rebelles dirigées par Laurent Nkunda ont pris la ville de Rutshuru le 28 octobre 2008, ce qui a entraîné la fuite de milliers de personnes. Tard dans la nuit du 29 octobre, les rebelles se sont arrêtés juste avant Goma, capitale du Nord Kivu, après que Laurent Knuda a annoncé un cessez le feu unilatéral. Un porte-parole des rebelles avait dit que leurs forces pensaient pouvoir prendre Goma dans les jours suivants. Située près de la frontière rwandaise, la ville de Goma abrite plus de 500 000 personnes, y compris des milliers de personnes déplacées par les précédents affrontements.  
 
La nuit du 29 octobre, les soldats du gouvernement ont semé le chaos à Goma. Au moins 20 civils sont morts, dont 5 enfants, et plus de 13 personnes ont été blessées lorsque les soldats ont pillé des magasins, attaqué des maisons de civils et volé des véhicules. Selon certains témoignages, les soldats auraient violé des femmes dans leurs maisons et ailleurs. Dans un cas, les soldats ont violé trois membres d'une même famille dans leur maison avant d'abattre un homme de la famille.  
 
La diplomate américaine Jendayi Frazer, secrétaire d’Etat déléguée aux affaires africaines, et Louis Michel, le commissaire de l’UE pour le développement et l’aide humanitaire, sont tous deux au Congo aujourd’hui. Le président d’Afrique du Sud, Kgalema Mothlante, est également attendu cette semaine. Ils devraient presser le président du Congo Joseph Kabila d'agir immédiatement pour épargner à la région davantage de morts civiles et de destruction.  
 
Les diplomates devraient demander à Kabila de couper les liens entre les forces armées congolaises et les combattants des Forces pour la Libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé composé en grande partie de Hutus rwandais, dont certains ont participé au génocide au Rwanda. Les chercheurs de Human Rights Watch ont récemment recueilli des preuves de la coopération entre les soldats de l’armée congolaise et les combattants FDLR lors des combats contre les forces de Laurent Nkunda à la mi-septembre. D’après un accord signé en novembre 2007 entre le Congo et le Rwanda, le gouvernement congolais est censé désarmer le FDLR, mais il ne l’a pas encore fait.  
 
Mme Frazer est aussi attendue au Rwanda pour délivrer un message fort au Président Paul Kagamé, lui demandant de cesser de soutenir Laurent Nkunda. Le 29 octobre dernier, Mme Frazer a indiqué que le Rwanda autorisait l’utilisation de son territoire comme une base d’opérations pour les troupes de Laurent Nkunda.  
 
Un accord de paix signé en janvier par le gouvernement congolais et 22 groupes armés, y compris le groupe dirigé par Laurent Nkunda, a échoué en août lorsque les affrontements entre les forces de Nkunda et l’armée du Congo ont repris.  
 
De violents combats survenus après la signature de cet accord ont forcé plus de 200 000 personnes à fuir leurs foyers, d’après des estimations de l’ONU. Actuellement, l'on estime que rien que dans la province du Nord Kivu, un million de personnes ont été déplacées. Les recherches de Human Rights Watch ont montré qu'au moins 70 civils ont trouvé la mort et que plus de 150 personnes ont été gravement blessés depuis le début des affrontements en août. Cependant, ces chiffres ne représentent probablement qu’un faible pourcentage des victimes civiles.  
 
Les membres de la force de maintien de la paix de l’ONU au Congo (MONUC) - force censée de protéger la population civile – se battent pour maintenir les troupes de Laurent Nkunda éloignées de Goma. Ces derniers jours à Goma et dans d’autres villes, des foules enragées ont lancé des pierres visant les troupes onusiennes, accusées de ne pas faire davantage pour les protéger.  
 
« Les membres de la force de maintien de la paix de l’ONU sont trop peu nombreux et trop mal équipés pour protéger la population civile dans ce terrain difficile » a souligné Mme Van Woudenberg. « Les États membres doivent déployer une mission plus puissante militairement s’ils veulent mettre à fin cette crise et éviter une crise humanitaire de plus grande ampleur. »  
 
De hautes autorités au Rwanda nient aider Nkunda de quelque façon que ce soit. Cependant, Human Rights Watch a des preuves qui montrent que Nkunda est en train de recruter des centaines de soldats particulièrement expérimentés au Rwanda, dont des soldats démobilisés ayant fait partie l’armée rwandaise, endurcie par des années de guerre. Même si les chiffres exacts restent inconnus, le fait que près de 200 soldats rwandais aient quitté l’armée de Nkunda dans les 18 derniers mois pour intégrer un programme de démobilisation géré par l’ONU donne une idée de l’étendue du problème.  
 
Laurent Nkunda, lui-même d’origine tutsi, prétend protéger les Tutsi congolais contre l’oppression du gouvernement de Kinshasa. Des congolais d’autres origines ethniques soupçonnent les Tutsi congolais de collaborer avec le Rwanda, pays voisin dont la dure occupation de la région reste gravée dans les mémoires. La présence de recrues rwandaises parmi les combattants de Nkunda alimente l’hostilité envers le Rwanda et envers les Tutsi congolais. Des recherches récentes menées par Human Rights Watch au Nord Kivu ont montré que près de 40 Tutsi et d’autres sympathisants présumés de Nkunda ont été détenus arbitrairement à Goma et torturés par des agents de l'État.  
 
« Les hauts diplomates devraient insister pour que le Président Kabila mette fin immédiatement au harcèlement des Tutsi Congolais et traduise en justice les responsables d’agressions à leur encontre » a ajouté Mme Van Woudenberg. « C’est la responsabilité du gouvernement congolais et non de Laurent Nkunda de protéger ses citoyens tutsi, comme il protège tous les autres citoyens. »  
 
Hier soir, le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé au respect du cessez-le feu et tous les autres accords signés par les États parties précédemment. Le Conseil a aussi demandé à Kinshasa, au groupe de Laurent Nkunda et au gouvernement rwandais de redoubler d'efforts pour trouver une issue politique. Enfin, le Conseil a encouragé les États membres à explorer des nouvelles voies pour fournir plus de troupes et renforcer ainsi la force de maintien de la paix de l’ONU, dès le début de la semaine prochaine.  

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