(New York, 13 février 2002) L'Ouganda devrait être tenu pour responsable des graves violations des droits humains qui se produisent dans les territoires qu'il occupe dans le nord-est du Congo, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. Une résurgence des affrontements ethniques dans cette région a coûté la vie à de très nombreuses personnes au cours des dernières semaines et a entraîné le déplacement d'au moins quinze mille personnes. Le conflit qui a pour origine un désaccord foncier, a enflammé une région contestée par trois factions rebelles congolaises mais qu'aucune d'entre elles ne contrôle dans les faits.
"L'Ouganda veut conserver suffisamment de contrôle pour continuer à s'enrichir aux dépens du Congo mais ne veut pas assumer la responsabilité de la protection des civils.
Alison Des Forges, conseillère pour la région des Grands Lacs à Human Rights Watch
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Le Conseil de Sécurité des Nations Unies discutera dans la semaine à venir, du rapport du Secrétaire Général sur la détérioration de la sécurité en RDC. Human Rights Watch a pressé le Conseil de Sécurité de considérer le gouvernement ougandais comme un responsable important de l'agitation dans la partie orientale du Congo et de lui demander de rendre des comptes sur les graves violations des droits humains et les souffrances humaines colossales qui ont actuellement cours dans les territoires qu'il occupe.
La force de maintien de la paix des Nations Unies au Congo (MONUC) devrait également exercer une pression maximale sur les combattants locaux afin qu'ils mettent un terme à leurs luttes. La MONUC devrait aussi envoyer de nouveaux observateurs militaires, humanitaires et des droits humains dans la région.
"L'Ouganda veut conserver suffisamment de contrôle pour continuer à s'enrichir aux dépens du Congo mais ne veut pas assumer la responsabilité de la protection des civils," a déclaré Alison Des Forges, conseillère pour la région des Grands Lacs à Human Rights Watch. Le district d'Ituri est riche en bois de construction, or et diamants entre autres ressources.
Le 4 février, quatre partisans présumés des Lendu ont été tués à Bunia, la capitale du district d'Ituri, au cours de l'un de plus récents affrontements ethniques qui s'inscrit dans une longe liste d'autres événements ayant coûté la vie à plus de cent personnes et entraîné le déplacement d'au moins quinze mille personnes.
Avec l'augmentation des affrontements ethniques, l'Ouganda a retiré des troupes d'autres parties d'Ituri pour les affecter à Bunia au lieu de les utiliser pour contenir la violence. Les autorités ougandaises étaient préparées à défendre la ville et à empêcher le conflit de déborder en Ouganda même. Selon des sources locales, l'armée ougandaise a déployé mi-janvier des centaines de soldats dans les villes frontières de Aru et Mahagi et à Ariwara.
Le 1er février, le Ministre ougandais de la Défense Amama Mbabazi a fait remarquer que la situation à Bunia était explosive et a appelé les Nations Unies à envoyer des troupes pour prendre le contrôle de la région.
"L'Ouganda ne peut pas imposer aux Nations Unies la responsabilité de restaurer l'ordre après le chaos qu'il a lui-même généré," a déclaré Des Forges. "En tant que puissance d'occupation, selon le droit international, l'Ouganda doit protéger les civils et arrêter ces tueries."
Pour plus d'information, merci de visiter le site de Human Rights Watch à l'adresse suivante : www.hrw.org/french
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