(New York, 22 mai 2002) Le gouvernement éthiopien doit cesser de
persécuter violemment les étudiants de la région d'Oromiya, a vivement
encouragé Human Rights Watch aujourd'hui.
Tirer sur des étudiants sans armes constitue une utilisation honteuse
du pouvoir du gouvernement. Le gouvernement
éthiopien doit enquêter sur les autorités responsables d'avoir tiré sur
des étudiants et les poursuivre en justice.
Saman Zia-Zarifi, Directeur de la
Division Liberté d'enseignement à Human Rights Watch
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Au cours des deux derniers mois, cinq étudiants ont été tués et des
douzaines d'autres arrêtés alors que la police de l'état d'Oromiya
dispersait violemment des marches pacifiques organisées par des lycéens
protestant contre les politiques gouvernementales régionales. Human
Rights Watch a également appelé le gouvernement éthiopien à libérer
immédiatement tous les étudiants emprisonnés la semaine dernière dans la
capitale éthiopienne, Addis Ababa, lors d'un rassemblement pacifique
d'étudiants oromo.
"Tirer sur des étudiants sans armes constitue une utilisation honteuse
du pouvoir du gouvernement," a déclaré Saman Zia-Zarifi, Directeur de la
Division Liberté d'enseignement à Human Rights Watch. "Le gouvernement
éthiopien doit enquêter sur les autorités responsables d'avoir tiré sur
des étudiants et les poursuivre en justice."
La semaine dernière, la police à Addis Ababa a arrêté environ 200
étudiants appartenant à différents campus de l'université nationale.
Certains ont été libérés après deux jours mais d'autres sont restés
incarcérés. Selon les récits parus dans la presse locale, les étudiants
avaient organisé une marche pacifique après le refus par le gouvernement
régional, également basé à Addis Ababa, de répondre positivement à leur
demande d'une réunion pour discuter de leurs inquiétudes concernant le
sort de leurs collègues lycéens d'Oromiya.
En mars, des lycéens dans plusieurs villes d'Oromiya ont organisé des
marches de protestation contre les politiques éducative et foncière du
gouvernement régional. Les autorités de l'état ont déclaré les
manifestations illégales. Dans la ville de Shambu, la police a ouvert le
feu en utilisant des munitions à balles réelles lorsque les étudiants
ont refusé de se disperser.
Le gouvernement régional a admis que deux lycéens étaient tombés sous
les tirs de la police mais le Conseil éthiopien des droits humains
(Ethiopian Human Rights Council), le principal groupe de surveillance
des droits humains dans le pays, a déclaré dans son rapport sur les
affrontements que cinq lycéens avaient été tués et qu'environ une
douzaine d'autres avaient été blessés. Les autorités régionales ont
également gardé en détention un certain nombre de lycéens et de
professeurs. Des tirs et des blessés auraient également été dénombrés
dans deux autres villes, Ambo et Kekemte.
Oromiya est l'état d'Ethiopie le plus vaste et le plus peuplé. La
plupart de ses habitants sont des Oromo, le groupe ethnique le plus
important d'Ethiopie. Les autorités des gouvernements fédéral et
régional ont tendance à interpréter toute forme de contestation de leurs
politiques comme étant orchestrée par le mouvement rebelle du Front pour
la Libération des Oromo (Oromo Liberation Front, OLF), à la tête d'une
lutte armée de dix ans pour l'autonomie de l'Oromiya.
Le gouvernement de l'état tout comme la police et l'armée fédérales ont
un passé de répression et d'abus, visant principalement les
intellectuels oromo et les chefs communautaires perçus comme favorables
à l'OLF. Les réfugiés ayant fui vers les pays voisins au cours de la
dernière décennie ont fait état, dans la région, d'un recours généralisé
à la torture et aux exécutions extrajudiciaires.
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