Ce rapport de 41 pages, Nous ne sommes pas des ennemis, s’appuie sur des recherches auprès de la police, de procureurs, de militants communautaires et de victimes de crimes motivés par la haine conduites dans six villes (Seattle, Washington ; Dearborn, Michigan ; Chicago, Illinois ; Los Angeles, Californie ; Phoenix, Arizona et New York, New York) afin de faire l’inventaire des mesures prises par les responsables gouvernementaux pour prévenir les crimes motivés par la haine et traduire en justice leurs auteurs, après les attaques du 11 septembre à New York et Washington, D.C. Le rapport examine également la portée et l’étendue des crimes motivés par la haine qui recouvrent des meurtres, des agressions, des incendies criminels et des actes de vandalisme.
«Les responsables gouvernementaux ne sont pas restés assis sans rien faire quand des musulmans et des Arabes ont été attaqués après le 11 septembre, » a déclaré Amardeep Singh, auteur du rapport et chercheur pour le programme Etats Unis de Human Rights Watch. « Mais les agences de maintien de l’ordre et les autres agences gouvernementales auraient dû être mieux préparées pour faire face à ce type d’augmentation brutale.»
Après le 11 septembre, d’importants responsables à tous les niveaux du gouvernement, en commençant par le Président Bush, ont condamné toute violence motivée par une «réaction d’hostilité». Dans le rapport, Human Rights Watch apporte des informations sur les actions qui ont accompagné l’engagement des autorités publiques à protéger les groupes particulièrement exposés. Les pratiques les plus décisives étudiées par ce rapport concernent l’anticipation des réactions d’hostilité, le déploiement de forces de police, le suivi des crimes motivés par des préjugés, les poursuites en justice et la communication en direction des communautés arabes et musulmanes.
La violence contre les Arabes et les musulmans a augmenté de façon spectaculaire après le 11 septembre. Le gouvernement fédéral a rapporté une multiplication par 17 du nombre des crimes motivés par la haine perpétrés contre des musulmans. Ce total est passé de 28 en 2000 à 481 en 2001. Les organisations islamiques et arabes ont enregistré plus de 2 000 cas de harcèlement, violence et autres actes fondés sur des préjugés liés aux événements du 11 septembre.
Au cours de l’année 2001, Chicago et Los Angeles County ont tous les deux connu une multiplication par 15 du nombre de crimes motivés par la haine perpétrés contre des Arabes.
La violence née d’une réaction d’hostilité contre les Arabes et les musulmans aux Etats Unis n’est pas un phénomène inédit. Comme le relate le rapport, la guerre au Moyen-Orient ou le terrorisme contre les Etats Unis associé à des Arabes ou des musulmans ont déclenché, sur le plan intérieur et à de nombreuses reprises par le passé, des explosions de violence justifiées par des préjugés. Compte tenu du caractère prévisible de la violence contre les Arabes et les musulmans, Human Rights Watch avance que les responsables des forces de l’ordre et les responsables gouvernementaux auraient dû être mieux préparés à la combattre.
Selon le rapport, la condamnation officielle des crimes motivés par la haine après le 11 septembre est un aspect important et tout à fait louable d’une stratégie publique visant à réduire la violence basée sur des préjugés. Cependant, le gouvernement américain est allé à l’encontre de son message anti-préjugé en dirigeant ses efforts anti-terrorisme – notamment la détention secrète d’immigrés et les interrogatoires par le FBI de milliers de non-citoyens – contre des Arabes et des Musulmans.
« Depuis le 11 septembre, un voile de suspicion a été jeté sur les Arabes et les musulmans aux Etats Unis, » a déclaré Singh. «Les autorités publiques peuvent aider à réduire les actes de violence basés sur des préjugés perpétrés contre ces populations en s’assurant que «la guerre contre le terrorisme » se concentre sur des comportements criminels plutôt que sur des communautés dans leur ensemble.»
Une sélection de témoignages en français est également disponible ci-dessous.
*Un crime motive par la haine (hate crime en anglais) est inspire par
une caracteristique de la victime indiquant qu'elle appartient de facon
reelle ou supposee a un groupe pour lequel le contrevenant ressent une
certaine hostilite.