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Discours du Président de l'association des victimes des crimes et répressions politiques au Tchad à l'occasion de la tenue des états généraux de la justice à N'Djaména
19 Juin 2003

Monsieur Le Président de la République, Chef de l'Etat
Monsieur Le Premier Ministre, Chef du Gouvernement
Monsieur Le Président de l'Assemblée Nationale
Mesdames et Messieurs les Présidents des grandes Institutions de la République
Mesdames et Messieurs les Ministres
Mesdames et Messieurs les Députés
Mesdames et Messieurs les chefs des Partis
Mesdames et Messieurs les représentants des associations nationales et non gouvernementales

Chers participants

Mesdames et Messieurs

L'honneur m'échoit de prendre la parole au nom de toutes les victimes de crimes et répressions politiques à l'occasion de cette rencontre consacrée sur les états généraux de la justice pour exprimer nos attentés, nos souhaits et notre demande pressante pour une justice qui fasse préserver nos droits et libertés, notre dignité d'être humain pour avoir été victimes de pires humiliations qu'a connu notre pays.

La justice dans un état de droit est la seule qui puisse par la confiance qu'on peut placer en elle nous faire enter dans nos droits et éviter à ce que chaque victime ou ses ayants droits puissent être tenter de se faire justice eux-même.

Mesdames et Messieurs, vous vous souvenez qu'après la chute du Dictateur HISSEIN HABRE, vous avez assisté à des images sur les pires horreurs que des êtres humains détenant le pouvoir puissent faire subir à leurs prochains. La commission d'enquête a abouti à résultat qui chiffre le nombre des morts et disparus à 40,000.

Ceux qui en sont sortis comme nous, étaient des loques humaines. Cà fait plus de dix ans que nous réclamons que justice nous soit rendu, nos tortionnaires et nos tueurs nous côtoient chaque jour sans être inquiétés par la justice de notre pays auprès de laquelle nous avons déposé depuis longtemps nos plaintes.

Grâce à des amis et des organisations sœurs nous avons pu déclencher les poursuites auprès des juridictions internationales et au niveau de la justice de notre pays.

Si au niveau internationale, la procédure, malgré quelques difficultés suit tant bien que mal son cour, celle engagée à N'Djaména rencontre des difficultés de plusieurs ordres qui nous confortent dans notre conviction qu'il y a réellement problème d'impunité dans notre pays. Nos bourreaux continuent à nous narguer et défient la justice qui reste empêtrée dans les problèmes de tous ordres qui l'empêchent de dire le droit et do sanctionner les coupables et leurs complices. A cause de tout ce que nous subissons, la faiblesse de notre système judiciaire est mise à jour face à ce grand procès qui n'a jamais en lieu.

Plusieurs raisons ont été avancées pour justifier cette stagnation. On nous a toujours dit qu'il n'y a aucune décision politique judiciaire qui puisse empêcher le bon déroulement de la procédure et pourtant celle-ci reste toujours bloquée.

Sous prétexte de principe de la présomption d'innocence, même les mesures administratives qui consistent à écarter du service public toutes les personnes impliquées n'ont pas été appliquées. La CNS en son temps avait recommandé au gouvernement de prendre un certain nombre de mesure pour soulager les victimes, il s'agit entre autre de créer une caisse de solidarité et de soutien aux victimes des crimes.

En effet, nous demandons la recherche des mesures et mécanismes efficaces permettant de résoudre le problème délicat de l'indemnisation des victimes auxquelles une justice équitable doit être rendue.

Je profite de cette occasion pour remercier Le Président de la République pour la lutte contre l'impunité par la levée de l'immunité du dictateur HISSEIN HABRE, de l'accès aux archives, de la commission rogatoire et de la poursuite des bourreaux au Tchad.

Nous suivons chaque jour les médias et les associations qui réclament une bonne justice et demandent le lutte contre l'impunité ; mais les victimes que nous sommes, ne sont plus au niveau des souhaits, nous demandons instantanément que justice soit faite. L'impunité qui est dénoncée nous la vivons chaque jour. C'est une situation qui torture car nous côtoyons et vivons avec nos bourreaux sans aucun moyen de les voir sanctionner par la loi et de nous permettre d'entrer dans nos droits.

L'impunité est une autre forme de torture et de violation des droits de l'homme.

Pour finir, je lance un appel au gouvernement pour la prise d'autres décisions plus conséquentes en faveur des victimes dans l'affaire Habré pour une paix réelle et définitive par la justice et pour la justice. <>.

Le Président
ISMAEL HACHIM ABDALLAH