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Afrique du Sud : Les personnes âgées manquent de soins et de soutien de base

Les autorités devraient appliquer la loi sur les personnes âgées, afin de leur permettre de vivre dans la dignité

Nozala Ndoyana, une femme sud-africaine âgée de 84 ans, devant la maison qu’elle partage avec sa fille dans le village de Gwaba (province du Cap-Est) en Afrique du Sud. Tous les jours quand sa fille part pour travailler à East London, à une distance de 36 kilomètres, Nozala passe plus de 12 heures seule dans cette maison. © 2023 Taurai Maduna/Human Rights Watch

(Johannesburg) – L'Afrique du Sud ne fournit pas à des centaines de milliers de personnes âgées l'accès aux soins de base et aux services de soutien dont elles ont besoin, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd'hui. De nombreuses personnes âgées font face à des risques pesant sur leur bien-être physique et leur sécurité, et éprouvent une détresse et angoisse profondes à l'idée d'être forcées de vivre dans une institution et d’y mourir.

Le rapport de 68 pages, intitulé « “This Government is Failing Me Too”: South Africa Compounds Legacy of Apartheid for Older People » (« “Ce gouvernement me délaisse aussi” : L'Afrique du Sud aggrave l'héritage de l'apartheid pour les personnes âgées »), décrit l'incapacité du gouvernement à appliquer efficacement la loi sur les personnes âgées (« Older Persons Act »), adoptée durant l’époque post-apartheid. Cette loi garantit les droits des personnes âgées, et prévoit pour elles des services de soins et de soutien communautaires et à domicile. De tels services leur permettraient de continuer à vivre chez elles, en bénéficiant du soutien auquel elles ont droit.

« Les personnes âgées ont été délaissées par le gouvernement qui a négligé leurs droits », a déclaré Noma Masiko-Mpaka, chercheuse sur l'Afrique du Sud à Human Rights Watch. « Le gouvernement sud-africain devrait agir rapidement pour s’assurer que la loi sur les personnes âgées ait un sens réel, au-delà des mots couchés sur le papier. Les personnes âgées ont le droit de vivre dans la dignité. »

Entre septembre 2022 et mai 2023, Human Rights Watch a mené des entretiens avec 63 personnes âgées vivant dans les provinces du Cap-Est, du Cap-Ouest et du Gauteng, ainsi qu’avec sept prestataires de services à but non lucratif, trois organisateur-trice-s communautaires bénévoles, une soignante d’une association à but non lucratif, deux soignantes familiales et un agent d’aide sociale employé par le gouvernement. Human Rights Watch a également consulté 45 chercheurs, universitaires, avocats, prestataires de services à but non lucratif, experts des droits humains, membres d'organisations consacrées aux personnes âgées et deux universitaires internationaux, et a examiné la législation nationale ainsi que des rapports de gouvernements, d’universitaires, et d’organismes locaux et internationaux.

Les personnes âgées vivant en Afrique du Sud aujourd’hui ont passé au moins la moitié de leur vie sous le régime d'apartheid ; les politiques de ségrégation raciale du système d’apartheid privaient la majorité des Noirs africains, des autres personnes de couleur et des citoyens d’origine indienne ou d’autres pays asiatiques d'un bon niveau d'éducation, d'un travail décent et de la possibilité de se constituer une épargne pour leur âge avancé. L'impact cumulatif de cette discrimination raciale affecte encore aujourd'hui les personnes âgées dans ce pays. Human Rights Watch a constaté que les politiques gouvernementales actuelles aggravent cette situation.

L'Afrique du Sud compte plus de cinq millions et demi de personnes âgées de 60 ans ou plus. Beaucoup d'entre elles ne disposent pas d'un soutien financier ou d’autre type, suffisant pour mener une vie digne.

Human Rights Watch a constaté que le ministère du Développement social (Department of Social Development) n'a pas alloué suffisamment de ressources aux services de soins et de soutien communautaires et à domicile, ni aux organisations à but non lucratif chargées de fournir de tels services. En outre, les objectifs actuels du gouvernement en matière de prestation de services continuent de laisser des centaines de milliers de personnes âgées sans accès à ces ressources.

Human Rights Watch a constaté que la situation était particulièrement difficile pour les personnes nécessitant des soins et un soutien à plein temps à domicile. Le programme Grant-in-Aid, dans le cadre du régime de sécurité sociale, a été conçu pour aider à couvrir les coûts des soins et de soutien à domicile à temps plein ; toutefois, les montants sont très insuffisants. Les personnes âgées ayant droit à cette subvention ne reçoivent que 500 rands (27 USD) par mois ; or, ce montant est inférieur au coût d'une seule journée de soins, soit 610 rands (32 USD) selon la grille des salaires minimum nationaux.

Les personnes âgées ont besoin d'un logement adéquat pour vivre de manière autonome, au sein de leur communauté. Cependant, Human Rights Watch a constaté qu’elles ne sont souvent pas en mesure de payer un loyer, ou d’assumer le coût de réparations ou d’aménagements pour rendre leur logement plus accessible. Certaines personnes âgées ne se sentent pas en sécurité chez elles ; d'autres ont attendu pendant des décennies, avant de pouvoir obtenir un logement subventionné par l'État.

En vertu du droit national et international des droits humains, l'Afrique du Sud est tenue de veiller à ce que les personnes âgées, y compris celles à mobilité réduite et celles qui ont besoin d'aide pour leurs activités quotidiennes, puissent vivre de manière indépendante au sein de leur communauté avec un accès à des services de soutien communautaires et à domicile, ainsi qu’à un logement adéquat leur permettant de rester chez elles.

Communiqué complet en anglais : en ligne ici.

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