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Chine : Libérer l'économiste ouïghour Ilham Tohti qui purge une peine de prison à vie

Le lauréat du prix Sakharov 2019 est détenu à l’isolement, privé de visites familiales

L'économiste Ilham Tohti, originaire de la région chinoise du Xinjiang à prédominance musulmane, s'adressait à des étudiants de l'Université centrale des nationalités à Pékin, en Chine, le 1er décembre 2009. © 2009 Elizabeth Dalziel/AP Photo

(New York, 23 septembre 2024) – Dix ans après la condamnation de l’éminent économiste ouïghour Ilham Tohti à la prison à vie, Human Rights Watch a appelé le gouvernement chinois a annuler cette condamnation et à libérer Tohti.

En septembre 2014, la Haute Cour populaire du Xinjiang a reconnu le professeur Tohti coupable de « séparatisme » - une accusation basée sur des motifs politiques – et l’a condamné à la prison à vie. Sa famille n’a pas été autorisée à lui rendre visite depuis début 2017, et il serait détenu en isolement cellulaire.

« En 2014, la condamnation d’Ilham Tohti à la prison à perpétuité a marqué le début de la répression sévère du gouvernement chinois contre la région ouïghoure », a déclaré Maya Wang, directrice adjointe de la division Asie et chargée de recherches sur la Chine à Human Rights Watch. « L’emprisonnement à vie d’Ilham Tohti, détenu à l’isolement en raison de critiques exprimées pacifiquement, reflète la répression accrue des Ouïghours par le gouvernement chinois, qui continue de commettre des abus sans relâche. »

En 2005, Ilham Tohti, âgé aujourd’hui de 54 ans, enseignait à l’Université centrale des nationalités de Chine ; vers la fin de cette année-là, il a créé « Uighurs Online », un site Internet destiné à « fournir aux Ouïghours et aux Hans une plateforme de discussion et d’échange ». En 2008, le gouvernement chinois a fermé ce site ; en 2010, l’ex-directeur du site, Gheyret Niyaz qui est actuellement âgé de 65 ans, a été condamné à 15 ans de prison pour « atteinte à la sécurité de l’État ».

En 2014, au moins six étudiants qui avaient suivi les cours d’Ilham Tohti – Abduqeyyum AblimitPerhat HalmuratEkbar IminMutellip IminShohret Nijat, et Atikem Rozi –auraient été condamnés à des peines allant de trois ans et demi à huit ans de prison, selon un document clandestinement transmis au site Xinjiang Victims Database (« Base de données des victimes du Xinjiang »). On ignore s’ils ont été libérés à la fin de leur peine.

En mai 2014, le gouvernement chinois a lancé sa campagne « Frapper fort » contre le « terrorisme violent » au Xinjiang. Depuis fin 2016, les autorités chinoises ont considérablement accru leur répression dans cette région, ciblant les Ouïghours et d’autres musulmans turciques par le biais de politiques abusives qui constituent des crimes contre l’humanité.

Ces abus comprennent notamment des détentions massives et arbitraires, l’emprisonnement injuste durant de longues périodes, le travail forcé, la séparation de familles, la violation des droits reproductifs, des actes de torture et le recours à la répression transnationale. En 2022, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a publié un rapport concluant que ces violations « pourraient constituer… des crimes contre l’humanité ».

En 2019, Parlement européen a décerné à Ilham Tohti son prix Sakharov pour la liberté de l’esprit. Aujourd’hui, à l’occasion du 10e anniversaire de l’emprisonnement de Tohti, l’Union européenne a publié une déclaration appelant à la « libération immédiate et inconditionnelle d’Ilham Tohti et d’autres défenseurs des droits humains, avocats et intellectuels arbitrairement détenus en Chine ».

Suite du communiqué en ligne en anglais.

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