Israel: Ne pas contraindre les civils à faire le travail de l'armée
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(Jérusalem, avril 18, 2002) Les Forces de Défense Israélienne (FDI) obligent de manière régulière les civils à prendre part à ses opérations militaires, a accusé Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd'hui.
C'est une pratique extrêmement inquiétante. En emmenant les civils sous la menace d'une arme pour faire le travail de ses propres soldats, les FDI trahissent les principes légaux que toute armée est tenue de respecter.
Hanny Megally, directeur exécutif de la division Moyen Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch
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Le rapport de vingt-quatre pages, intitulé "In a Dark Hour : The Use of Civilians During IDF Arrest Opérations", décrit comment les FDI ont régulièrement tenu sous la menace d'une arme des civils afin qu'ils ouvrent des colis suspects, frappent aux portes de suspects et fouillent les maisons de Palestiniens " recherchés " durant leurs opérations militaires.
"C'est une pratique extrêmement inquiétante", a déclaré Hanny Megally, directeur exécutif de la division Moyen Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch. "En emmenant les civils sous la menace d'une arme pour faire le travail de ses propres soldats, les FDI trahissent les principes légaux que toute armée est tenue de respecter".
Le rapport est basé sur des enquêtes détaillées concernant quatre raids d'arrestation séparés menés par les FDI à la fin de l'année 2001 et au début de l'année 2002. La pratique continue aujourd'hui dans ce qui est appelé " Opération Bouclier Défensif " ; des journalistes, des docteurs et d'autres civils ont rapporté avoir été obligés, sous la menace d'une arme, d'aider les soldats durant les incursions les plus récentes en Cisjordanie.
Le gouvernement israélien a soutenu que les incursions des FDI dans les villes, villages et camps de réfugiés dans les territoires contrôlés par l'Autorité Palestinienne sont nécessaires afin de juguler une augmentation des attentats-suicide à la bombe qui, pour la plupart, prennent pour cibles les civils israéliens.
Human Rights Watch a, à plusieurs reprises, condamné les attentats suicide contre les civils, attentats qui sont absolument interdits par le droit international humanitaire. Cependant de tels attentats ne peuvent servir d'excuse aux graves violations commises par les FDI.
"Il n'existe pas de justification aux abus décrits dans ce rapport", a déclaré Hanny Megally. "Le gouvernement israélien devrait être fidèle à ses obligations et mettre fin à ses agissements immédiatement." Il a ajouté que Human Rights Watch n'a pas réussi, malgré de nombreuses requêtes, à organiser une réunion avec les responsables des FDI pour discuter de ses recherches et découvertes.
En plus de la coercition systématique exercée sur des civils, le rapport décrit d'autres violations graves effectuées durant les raids des FDI, dont des actes de mauvais traitement physique sur des civils, des dommages excessifs causés sur des propriétés civils, et des punitions collectives sous la forme de démolitions de maisons. Il décrit aussi un cas de prise d'otage au cours duquel des soldats ont attrapé un civil non armé et délibérément tiré dans sa jambe pour obliger son frère, un Palestinien "recherché", à se rendre. La prise d'otage est un crime de guerre, et est absolument interdite par le droit international.
Le rapport décrit aussi deux cas dans lesquels des Palestiniens armés ont avec imprudence mis en danger des civils palestiniens en faisant feu sur les soldats des FDI tout en exposant les civils à la riposte de ces derniers.
Le rapport inclut des recommandations détaillées à l'attention du gouvernement israélien, de la communauté internationale, et de l'Autorité Palestinienne.
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