(New York, 4 juillet 2002) Un important rédacteur en chef de journal ainsi
que trois autres Libériens sont détenus depuis plus d'une semaine, sans chef
d'inculpation. Ces quatre personnes sont maintenues au secret par le
gouvernement libérien et courent le risque de subir des actes de torture et
des mauvais traitements. Le gouvernement a, à deux reprises, ignoré une
décision de justice demandant que ces détenus soient traduits devant un
tribunal.
Hassan est la plus récente victime de la répression du gouvernement contre
la presse indépendante. Sa détention a pour but de faire
savoir que critiquer le gouvernement libérien - ou même seulement couvrir
dans la presse, les critiques à son égard - ne sera pas toléré.
Peter Takirambudde, directeur exécutif de la Division Afrique de Human Rights Watch
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Hassan Bility, rédacteur en chef de l'un des journaux les plus indépendants
du Liberia a été arrêté le 24 juin 2002, avec Ansumana Kamara, Abubakar
Kamara et Blama Kamara. Ces détenus ont été conduits vers une destination
inconnue par deux hommes en civil qui appartiendraient à la Division
d'investigations criminelles de la police.
Le Ministre de l'information, Reginald Goodridge, a alors rendue publique
une déclaration annonçant que Bility et les autres individus arrêtés étaient
détenus parce qu'ils étaient soupçonnés de diriger une cellule terroriste
rebelle à Monrovia.
"Hassan est la plus récente victime de la répression du gouvernement contre
la presse indépendante," a déclaré Peter Takirambudde, Directeur Exécutif de
la Division Afrique de Human Rights Watch. "Sa détention a pour but de faire
savoir que critiquer le gouvernement libérien - ou même seulement couvrir
dans la presse, les critiques à son égard - ne sera pas toléré."
Au cours de l'année écoulée, Hassa Bility a été interrogé et détenu à deux
reprises et son journal, The Analyst, a été fermé deux fois, suite à la
publication d'articles sur le gouvernement jugés critiques.
En mai 2002, Bility a reçu, par téléphone, une menace de mort provenant d'un
colonel de la police nationale libérienne qui l'a prévenu que ceux qui
écrivaient des articles critiques sur le Président auraient à en subir les
conséquences. La menace a été proférée après la couverture, par The Analyst,
d'un discours prononcé par l'important avocat des droits humains, Tiawan
Gongloe, sur le rôle des groupes de la société civile pour apporter la paix
dans la sous-région. Suite à ce discours, Tiawan Gongloe a été illégalement
détenu et torturé en avril 2002 avant d'être relâché sans chef
d'inculpation. The Analyst a été brièvement fermé par le gouvernement.
Bien que le gouvernement ait initialement reconnu qu'il détenait Hassan
Bility ainsi que les autres personnes, il a été impossible de déterminer
quelle agence de sécurité les retient et d'accéder à eux. A deux reprises,
le gouvernement a refusé de se plier à une décision de justice demandant que
les détenus soient présentés devant le tribunal. Lors des deux audiences,
les avocats de l'état ont nié que les détenus étaient sous la garde de
l'état malgré la conférence de presse du Ministre de l'information tenue le
jour de l'arrestation de ces personnes, affirmant que les accusés
subissaient "des interrogatoires à l'Agence pour la Sécurité Nationale" pour
complot "pour assassinat du Président et déstabilisation de l'Etat."
Les avocats de l'Etat ont également avancé comme argument contradictoire que
Bility n'avait pas à apparaître devant un tribunal puisqu'il était un
"combattant illégal" et qu'il devait à ce titre être traduit devant un
tribunal militaire.
"Compte tenu en particulier de la récente histoire du Liberia en matière de
répression des critiques publiques, il apparaît de plus en plus clairement
que l'arrestation de Bility, sur la présomption d'appartenance à une cellule
terroriste à Monrovia, constitue bel et bien un nouvel effort pour le
réduire au silence," a déclaré Takirambudde.
Suite à une incursion rebelle depuis la mi-2000, le gouvernement de Charles
Taylor s'est fait de plus en plus intolérant face aux critiques. Après
l'imposition de l'état d'urgence en février 2002, le Liberia a intensifié le
harcèlement contre les groupes issus de la société civile et contre la
presse indépendante. De plus, des membres des ethnies mandingue et krahn ont
été pris pour cibles d'une persécution, sur la base de leur appartenance
ethnique parce que nombre de combattants rebelles sont mandingues ou krahn.
Les quatre détenus sont mandingues.
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