(New York, 10 avril 2002) Les forces de sécurité tanzaniennes ont commis d'importants abus, tuant au moins trente-cinq personnes et blessant plus de 600 autres lorsqu'elles ont brutalement réprimé les manifestations de l'opposition à Zanzibar, il y a plus d'un an, a dénoncé Human Rights Watch dans un nouveau rapport publié aujourd'hui. Human Rights Watch a déclaré qu'aucune des personnes responsables de ces abus, fin janvier 2001, notamment des tirs mortels contre des manifestants, des coups et des agressions sexuelles, n'avait encore été traduite en justice.
Ce n'est qu'un an après ces événements choquants que le gouvernement tanzanien a nommé une commission d'enquête. Nous accueillons cette décision avec satisfaction mais exhortons la commission à agir rapidement pour rassembler les preuves nécessaires à la traduction en justice des personnes responsables de ces actes. Nous espérons que notre rapport aidera la commission à faire toute la lumière sur ces événements.
Peter Takirambudde, Directeur Exécutif de la Division Afrique de Human Rights Watch
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"Ce n'est qu'un an après ces événements choquants que le gouvernement tanzanien a nommé une commission d'enquête," a déclaré Peter Takirambudde, Directeur Exécutif de la Division Afrique de Human Rights Watch. "Nous accueillons cette décision avec satisfaction mais exhortons la commission à agir rapidement pour rassembler les preuves nécessaires à la traduction en justice des personnes responsables de ces actes. Nous espérons que notre rapport aidera la commission à faire toute la lumière sur ces événements."
Le rapport, "'Les balles pleuvaient'. L'attaque de janvier 2001 contre des manifestants pacifiques à Zanzibar" ("The Bullets Were Raining' - The January 2001 Attack on Peaceful Demonstrators in Zanzibar") apporte des informations détaillées sur les massacres qui se sont produits dans quatre lieux principaux : dans la ville de Zanzibar, à Wete, Micheweni et Chake Chake, sur l'île de Pemba. Human Rights Watch est arrivé à la conclusion que des personnalités de haut niveau dans le gouvernement et les forces de sécurité avaient préalablement planifié cette répression.
Human Rights Watch a affirmé que l'armée et la police tanzaniennes avaient ouvert le feu sans raison le 27 janvier 2001, attaquant des milliers de partisans du mouvement d'opposition du Front Civique Uni (Civic United Front, CUF) qui protestaient contre une fraude supposée lors des élections nationales qui s'étaient tenues trois mois auparavant. Au cours des jours suivants, les forces de sécurité, secondées par des personnalités officielles du parti au pouvoir et des milices, se sont rendues de maison en maison, saccageant tout sur leur passage, arrêtant les habitants de l'île à l'aveuglette, les rouant de coups et les agressant sexuellement. Environ deux mille habitants de Zanzibar ont fui vers le Kenya voisin mais la plupart d'entre eux sont maintenant rentrés suite à un accord entre le gouvernement et le CUF.
"Ces événements s'inscrivent parmi les pires de ceux qui ont jalonné la longue histoire de différends entre le gouvernement du continent et l'opposition politique dans les îles semi-autonomes de Zanzibar," a déclaré Takirambudde. "Les forces de sécurité tanzaniennes étaient prêtes à tuer, battre, torturer et commettre des agressions sexuelles dans le but de réduire au silence l'opposition politique."
Personne n'a été réprimandé pour son rôle dans les meurtres, les actes de torture ou de destruction de biens. Au contraire, le Président tanzanien, Benjamin Mkapa a publiquement félicité les forces de sécurité pour avoir restauré l'ordre dans les îles et plusieurs membres des forces de sécurité ont par la suite été promus.
La commission d'enquête nommée par le gouvernement a été mise sur pied en janvier 2002 à l'issue d'un accord intervenu en octobre dernier entre le parti du Chama cha Mapinduzi (CCM), au pouvoir en Tanzanie et le CUF. Elle doit remettre ses conclusions en juillet. Par l'accord d'octobre, le gouvernement s'est également engagé à introduire diverses réformes constitutionnelles.
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