(New York, 21 janvier 2001) Le gouvernement ougandais doit être tenu responsable de la sécurité de la population et du personnel humanitaire dans les zones sous son contrôle en République Démocratique du Congo (RDC), a déclaré aujourd'hui l'organisation des droits humains, Human Rights Watch.
"Les troupes étrangères ne devraient pas prendre parti dans la guerre civile au Congo. Mais si elles sont sur place, elles ne devraient certainement pas se rendre complices des attaques contre les populations civiles. Les responsables de ces violations devraient être poursuivis et punis."
Alison Des Forges, consultante a la Division Afrique de Human Rights Watch
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Le 19 janvier, les milices rivales Lendu et Hema ont tué au moins cent cinquante civils dans la ville de Bunia dans le nord-est du Congo. L'Ouganda est l'un des six pays étrangers qui sont intervenus dans la guerre civile en RDC. Ses troupes contrôlent maintenant une partie considérable du nord-est du pays.
" Les troupes étrangères ne devraient pas prendre parti dans la guerre civile au Congo ", a déclaré Alison Des Forges, consultante a la Division Afrique de Human Rights Watch. " Mais si elles sont sur place, elles ne devraient certainement pas se rendre complices des attaques contre les populations civiles. Les responsables de ces violations devraient être poursuivis et punis."
L'explosion de violence ne semble pas liée à l'assassinat récent du président congolais Laurent-Désiré Kabila et à l'arrivée au pouvoir de son fils, Joseph Kabila. Mais elle aggrave la déstabilisation dans le nord-est au moment où ren règne une grande incertitude dans la capitale, Kinshasa.
Des miliciens Lendu et leurs alliés Ngiti ont attaqué les environs de l'aéroport de Bunia à l'aube, plongeant la capitale provinciale dans la même violence qui a coûté la vie à de nombreuses personnes dans les villages au sud de Bunia, au cours des trois dernières semaines. L'un des objectifs des miliciens était apparemment de neutraliser un hélicoptère ougandais qui avait été utilisé pour les attaquer dans les conflits antérieurs. Les miliciens qui ont attaqué armés d'arcs, de flèches et de lances, ont été repoussés par les Ougandais maniant des armes lourdes. Ces miliciens Lendu et Ngiti ont alors attaqué des familles Hema dans plusieurs zones résidentielles, tué plus de cinquante personnes et blessé vingt autres. Lors des massacres perpétrés en représailles plus tard dans la journée, les miliciens Hema armés de machettes ont fouillé les maisons dans des quartiers Lendu et tué plus de cent personnes.
Les représentants des organisations humanitaires furent réticents à venir en aide aux victimes parce que les extrémistes les ont récemment accusés de manque de neutralité dans le conflit et même de fournir des armes à l'un des groupes rivaux.
Quelques observateurs locaux croient que le soutien ougandais aux Hema, un groupe local minoritaire proche des Hima de l'Ouganda, a aggravé un conflit ethnique qui existe depuis de longue date. Selon les témoignages des populations locales, les soldats ougandais n'ont rien fait pour arrêter les attaques du 19 janvier et leur commandant en chef, Col. Edison Muzoora, n'a pas répondu à temps aux suppliques qui lui ont été adressées pour qu'il fasse cesser les massacres. Finalement ce sont les habitants de Bunia n'appartenant à aucun des groupes rivaux qui sont intervenus pour arrêter le carnage. Ce n'est qu'à ce moment-là, ou peu après, que les soldats ougandais ont commencé à faire des rondes pour rétablir l'ordre.
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