CONCLUSION
La prévalence du VIH dans la population du Kenya a augmenté, de façon régulière et certaine, d'environ 1 pour cent chaque année, entre 1990 et 1999. Chaque pourcentage représente des milliers d'orphelins potentiels et d'enfants affectés par le SIDA. Au cours de cette période, une politique et des lois pour protéger les personnes affectées par le SIDA ainsi qu'une action bien financée pour promouvoir la prévention auraient pu sauver des centaines de milliers de vies. Le gouvernement du Kenya a peu fait durant cette période pour mobiliser sa population contre les attaques du SIDA même si son voisin, l'Ouganda offrait un bon exemple d'une action étatique agressive et efficace contre le VIH/SIDA. Le Kenya n'a pas été le seul pays en Afrique et dans le monde à rester inactif. L'expérience de l'Ouganda, dans les années 80 et 90, a été exceptionnelle. L'inaction du Kenya a été à l'image de nombreuses autres réactions dans le reste de l'Afrique.
Depuis 1999, on a enregistré une action plus importante de la part de l'état et un soutien des bailleurs plus marqué en faveur de programmes de prévention du SIDA au Kenya. Le gouvernement doit être félicité d'avoir pris des mesures pour soutenir les programmes de prévention et de traitement par le développement de politiques et de lois qui faciliteront l'accès aux médicaments et aux préservatifs. Tout aussi essentiels à la lutte contre le VIH/SIDA sont les soins et la protection des enfants affectés par le SIDA de diverses manières. Plus d'un million d'enfants orphelins du SIDA ou touchés par cette maladie d'une autre façon au Kenya, en particulier ceux vivant dans la pauvreté, sont particulièrement exposés aux risques de s'engager dans un travail dangereux, de se retrouver dans la rue, de perdre des biens qui pourraient s'avérer essentiels à leur protection future, de devoir quitter l'école et d'être ainsi coupés de sources d'information sur la prévention du SIDA. Les lois actuelles n'établissent pas de mécanismes adaptés pour assurer la protection de ces enfants. Même lorsqu'il n'y a pas volonté de discriminer, ces risques touchent, avec un impact divers, les enfants affectés par le SIDA parce que numériquement, ils dominent toutes les catégories d'enfants nécessitant une protection spéciale.
L'état ne peut pas complètement compenser la perte de la famille et des protections traditionnellement offertes par la communauté aux enfants. Malheureusement, la capacité de l'état à protéger les droits des enfants affectés par le SIDA est entravée par l'impact du SIDA lui-même, notamment l'affaiblissement de la famille élargie et des structures à base communautaire suite à l'épidémie. Le secteur de la santé est submergé par les besoins des personnes atteintes du VIH/SIDA. Le secteur de l'enseignement est affaibli par les décès des professeurs et du personnel administratif. Néanmoins, certaines protections fondamentales peuvent être fournies par l'état et leurs mises à disposition auprès des enfants affectés par le SIDA ne peut pas être reportée. Si ces enfants ne sont pas protégés, les risques d'abus, de mauvais traitements et de discrimination auxquels ils sont confrontés vont être amplifiés pour les générations qui suivent alors que l'épidémie fait rage.
Les droits des enfants dans la crise du VIH/SIDA, comme dans d'autres contextes, ne sont pas secondaires par rapport à d'autres droits. Le gouvernement du Kenya doit faire des enfants affectés par le SIDA une priorité des mesures de protection dans le domaine politique et légal. Les bailleurs qui soutiennent le travail du Kenya dans son combat contre le VIH/SIDA devraient aussi comprendre la menace que fait peser l'épidémie sur les droits et le bien-être des enfants et transcrire, de toute urgence, cette prise de conscience dans l'aide qu'ils apportent.
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