(Jakarta, le 4 mai 2020) - Le gouvernement indonésien devrait immédiatement libérer au moins 70 activistes papous et moluquiens emprisonnés pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions politiques, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. Le gouvernement devrait s’assurer que la police et les procureurs, en particulier dans les provinces de l’est du pays, protègent le droit à la liberté d'expression conformément à une décision rendue par la Cour constitutionnelle en 2018.
Entre le 25 et le 27 avril, la police des Moluques (Maluku) a arrêté 23 personnes – des activistes ainsi qu’au moins deux mineurs - qui auraient déployé des drapeaux commémorant le 70e anniversaire d’une tentative en 1950 de proclamer l'indépendance d’une partie de l’archipel, en tant que République des Moluques du Sud (Republik Maluku Selatan, RMS). La police a indiqué que sept activistes seront inculpés de trahison en vertu de l'article 106 du code pénal, ce crime étant passible d'une peine pouvant aller jusqu’à l’d'emprisonnement à perpétuité.
« Détenir et poursuivre des activistes papous et moluquais qui exprimaient pacifiquement leurs opinions politiques sont des actions contraires aux engagements du gouvernement en faveur de la liberté d'expression », a déclaré Andreas Harsono, chercheur senior sur l’Indonésie à Human Rights Watch. « Ces activistes n'auraient pas dû être emprisonnés, et leur maintien en détention lors de la pandémie de Covid-19 pourrait être mortel. »
Le 24 avril, un tribunal de Jakarta, capitale de l’Indonésie, a condamné six activistes papous qui étaient accusés de trahison à des peines allant de 8 à 9 mois de prison. Le 28 août 2019, ces six personnes – cinq hommes et une femme - avaient participé à un rassemblement de plus de 500 personnes devant le Palais d'État à Jakarta, et y avaient déployé le drapeau « Morning Star » (Étoile du matin), symbole du mouvement d’indépendance papoue. Ce rassemblement avait été organisé pour protester contre des violences policières, perçues comme racistes, à l’encontre d’étudiants papous à Surabaya (île de Java) onze jours auparavant, le 17 août.
Le 15 avril, des avocats représentant 63 prisonniers politiques, incarcérés pour avoir exprimé pacifiquement leurs convictions politiques en Indonésie, ont soumis des informations sur leurs affaires au Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire.
Cela fait plus d’une décennie que Human Rights Watch, Amnesty International, Kontras et d'autres organisations de défense des droits humains appellent à la libération des prisonniers politiques en Indonésie.
Le président Joko « Jokowi » Widodo devrait ordonner la libération de tous les prisonniers politiques, ainsi qu’un examen des agissements des agents des forces de l'ordre, en particulier dans les îles Moluques et dans les provinces de Papouasie et de Papouasie occidentale, selon Human Rights Watch.
Communiqué complet en anglais :
www.hrw.org/news/2020/05/04/indonesia-new-arrests-peaceful-political-expression
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Tweets
#Indonésie : Le gouvernement devrait libérer les prisonniers politiques, y compris les activistes #papous qui sont souvent victimes de #discrimination, étant parfois traités de singes («monkeys»). Ceci est urgent dans le contexte du #Covid19. https://t.co/os5G8FNgwx
— HRW en français (@hrw_fr) May 6, 2020
Et aussi, en 2021 ...
En #Indonésie, dans la province d’#Aceh, deux hommes gays ont été condamnés à recevoir 77 coups de fouet chacun. C’est un nouveau signe inquiétant de la forte discrimination anti #LGBT, que dénonce @knightktm @hrw. https://t.co/NHpQBW433m (en anglais)
— HRW en français (@hrw_fr) January 29, 2021