Background Briefing

<<previous  |  index  |  next>>

La collaboration entre les FDD et le gouvernement à Bujumbura rural

En intensifiant la guerre contre les FNL, les combattants FDD et les soldats de l’armée gouvernementale ont coopéré de diverses manières mais sans grande harmonisation sur le terrain. L’armée burundaise a déployé des milliers de militaires, certains d’entre eux en provenance des provinces de Muramvya ou de Ruyigi (24ème bataillon.)14 En plus de ses positions fixes, l’armée gouvernementale a envoyé des unités mobiles, souvent nouvelles dans la région. Des centaines, probablement des milliers, de FDD sont venus s’ajouter aux militaires. Des véhicules de l’armée burundaise ont servi à l’approvisionnement en nourriture et au transport des FDD, leurs commandants se sont échangé des visites, et les hommes, des bières. A certaines occasions, les deux forces ont joint leurs efforts dans des opérations de combat et/ou de pillage.15 Mais les forces n’ont jamais opéré dans le cadre des unités mixtes intégrées, dont la création avait pourtant été prévue par l’accord de partage de pouvoir de fin 2003.16 Les troupes gouvernementales et celles des FDD ont par exemple toujours occupé des positions différentes sur le terrain, et les blessés de guerre FDD n’ont pas eu accès à l’hôpital militaire de Bujumbura.

Dans les communes de Mubimbi, Isale, Kanyosha et Nyabiraba, les FDD ont fait la chasse aux combattants FNL ainsi qu’aux civils soupçonnés d’être leurs partisans, proclamant que « maintenant le gouvernement des FNL est terminé. »17 Les autorités FDD ont publiquement nié la présence de leurs hommes à Bujumbura rural, probablement réticents à reconnaître leur participation dans un combat contre leurs frères hutu, mais dans des entretiens avec des chercheurs de Human Rights Watch ou avec d’autres interlocuteurs, certains officiers FDD n’ont pas contesté leur présence dans la région.18 A Rushubi, en commune Isale, des officiers FDD ont ainsi eux-mêmes mentionné à la population locale qu’ils occupaient là huit positions militaires totalisant 740 combattants.19 



[14] Entretiens de Human Rights Watch, Bujumbura, 27 novembre 2003 et Rushubi, 19 mars 2004.

[15] Des camions de l’armée gouvernementale auraient servi à l’approvisionnement en nourriture des FDD des positions de Rushubi et Mbare Gasarara. Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 17 mars  2004.

[16] Article 6, Protocole de Prétoria du 8 octobre 2003, mieux connu sous l’appellation de Accord Global de cessez-le-feu et de partage du pouvoir, avalisé le 16 novembre 2003. Le 16 mars 2004, 400 FDD et 800 militaires gouvernementaux étaient réunis dans un camp d’entraînement à Bururi pour y être entraînés en vue de former la première unité mixte qui sera chargée de la protection des institutions (Unité de Sécurité des Institutions.)

[17] Entretien de Human Rights Watch, Rushubi, 19 mars 2004.

[18] Entretiens de Human Rights Watch, Bujumbura, 25 février et 14 avril 2004.

[19] Entretien de Human Rights Watch, Rushubi, 19 mars 2004.


<<previous  |  index  |  next>>juin 2004