Background Briefing

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Les abus commis par les FDD : “La politique du bâton”

Déjà avant la signature de l’accord global de partage du pouvoir, le CNDD-FDD s’est affiché progressivement au grand jour dans les zones de Kinama et Kamenge de la capitale Bujumbura. Dans plusieurs cas, leurs agents ont arrêté arbitrairement des civils, le plus souvent sous prétexte de sympathie avec les FNL, qu’ils ont enfermés dans des lieux aménagés à l’intérieur de maisons privées.5 Des représentants du CNDD-FDD ont aussi procédé au règlement de nombreux litiges domestiques, tels des conflits fonciers, matrimoniaux ou financiers.6 Plusieurs résidents de ces zones ont qualifié leurs agissements de “politique du bâton”, entendant par-là la politique du plus fort qui impose sa loi à celui qui adopte des vues personnelles ou politiques contraires.7

Les représentants et les militaires du gouvernement ont généralement toléré cette appropriation de l’autorité par le CNDD-FDD, comme l’illustrent les propos d’une habitante de Kamenge : « Les militaires, ils ne font rien d’autre que rire. »8 Un autre habitant a expliqué que : « Les bashigantahe [notables] et l’administration ne disent rien parce qu’ils ne peuvent rien dire.”9 Un autre a conclu : “Celui qui dirige vraiment, c’est celui qui a le fusil. »10 Après que la situation ait été publiquement dénoncée, les autorités nationales ont cherché à tempérer le CNDD-FDD dans son exercice de l’autorité, mais dans certaines régions, les anciens rebelles ont continué d’intervenir dans les affaires locales, sapant ainsi l’autorité régulière.11

Au début de l’année 2004, les agents du CNDD-FDD ont commencé à investir aussi d’autres régions du pays. Dans la province de Ngozi, des combattants FDD auraient exécuté sommairement un homme identifié comme étant un voleur par la population ; dans la province de Bubanza, ils auraient détenu une personne sans avoir le mandat de ce faire, et dans un autre cas, ils auraient battu un civil si sévèrement que ce dernier a dû être hospitalisé.12 A la fin du mois d’avril, en commune Kiganda, province Muramvya, ils ont arrêté un dirigeant d’un autre groupe rebelle, l’accusant de recruter de nouveaux combattants pour son propre groupe.13



[5] Entretiens de Human Rights Watch, Bujumbura, 4, 9, 20 et 203 février 2004.

[6] Entretiens de Human Rights Watch, Bujumbura, 10, 20 et 23 février 2004.

[7] Entretiens de Human Rights Watch, Bujumbura, 9, 10, 20 et 23 février 2004.

[8] Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 10 février 2004.

[9] Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 10 février 2004.

[10] Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 3 février 2004.

[11] Agence France Presse, « Burundi : des associations s’indignent des arrestations opérées par d’ex-rebelles », 18 décembre 2003.

[12] Entretiens de Human Rights Watch, Bujumbura, 26 mars et 14 avril 2004.

[13] Arib News, « Arrestation d’un officier de Ndayikengurukiye par les FDD/Nkurunziza », 20 avril 2004.


<<previous  |  index  |  next>>juin 2004