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Turquie : La violence homophobe est le signe d’une crise des droits humains

L’UE devrait insister sur des réformes visant à parer aux inégalités et exactions persistantes

(Istanbul, le 22 mai 2008) – La Turquie devrait de toute urgence modifier sa législation et sa politique afin de protéger les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) contre les nombreux actes de harcèlement et les brutalités qu’ils subissent dans la rue, à la maison et dans les institutions publiques, a déclaré Human Rights Watch dans un nouveau rapport publié aujourd’hui. Human Rights Watch a également appelé l’Union européenne à conditionner les aspirations d’adhésion de la Turquie à la cessation de ces exactions endémiques et à la garantie d’une protection et d’une égalité des droits pour les personnes LGTB.  
 

« La démocratie signifie défendre les droits élémentaires de toutes et tous face à la dictature de la coutume et la tyrannie de la haine »
Scott Long  
directeur du programme Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres à Human Rights Watch
  

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Le rapport de 123 pages, intitulé « We Need a Law for Liberation”: Gender, Sexuality, and Human Rights in a Changing Turkey » (« Nous avons besoin d’une loi de libération : Genre, sexualité et droits humains dans une Turquie en mutation »), décrit une longue histoire de violences et d’exactions permanentes basées sur l’orientation et l’identité sexuelles. Human Rights Watch a effectué plus de 70 entretiens sur une période de trois ans, recueillant des informations sur les passages à tabac, les vols, les actes de harcèlement policier et les menaces de meurtre dont sont victimes les hommes homosexuels et les transgenres. Les entretiens ont également mis en lumière les violences physiques et psychologiques auxquelles les femmes et filles lesbiennes et bisexuelles sont confrontées au sein de leurs familles. Human Rights Watch a constaté que dans la plupart des cas, la réaction des autorités était insuffisante, voire inexistante.  
 
« La démocratie signifie défendre les droits élémentaires de toutes et tous face à la dictature de la coutume et la tyrannie de la haine », a déclaré Scott Long, directeur du programme Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres à Human Rights Watch. « Là où des vies sont en jeu, la Turquie se doit de prendre des mesures concrètes et d’adopter des lois exhaustives pour les protéger. ».  
 
Au cours des dernières années, les autorités turques ont harcelé à maintes reprises les défenseurs des droits humains et les groupes de la société civile travaillant sur les questions de genre et de sexualité. Plus récemment, le 7 avril 2008, la police a opéré une descente dans les locaux de Lambda Istanbul, une organisation non gouvernementale qui plaide depuis plus de 10 ans pour les droits des LGTB. La police a justifié son incursion en invoquant le fait que l’organisation « encourage » et « facilite » la prostitution. Le Bureau du gouverneur d’Isbanbul a également intenté un procès en vue d’obtenir la fermeture de Lambda, soutenant que le nom et les objectifs de l’organisation étaient « contraires à la loi et à la moralité ». Lambda devra une nouvelle fois défendre son droit d’exister devant la 3e Cour civile de première instance de Beyoğlu le 29 mai 2008.  
 
Le rapport examine un large éventail de violations des droits humains basées sur l’orientation et l’identité sexuelles. Plusieurs transgenres ont expliqué à Human Rights Watch que des policiers les avaient torturés et violés. Un homosexuel a raconté qu’un homme l’avait poignardé 17 fois lors d’une tentative de meurtre qui n’a toujours pas été résolue. Un couple de lesbiennes a confié que leurs parents recouraient à la violence pour essayer de les séparer ; lorsqu’elles se sont adressées à un procureur pour obtenir de l’aide, celui-ci a refusé, les interrogeant plutôt sur leur vie sexuelle. Human Rights Watch a également relevé qu’en violation flagrante de la Convention européenne des droits de l’homme, l’armée turque continue d’interdire aux hommes homosexuels de servir au sein de ses forces. En même temps, la Turquie refuse de reconnaître l’objection de conscience au service militaire. Au lieu de cela, certains objecteurs doivent s’identifier comme étant « malades » et sont forcés de subir des examens humiliants et dégradants pour « prouver » leur homosexualité.  
 
Le rapport reconnaît que quelques changements positifs ont été introduits dans la législation et la politique de la Turquie alors que le pays cherche à adhérer à l’Union européenne. Néanmoins, il appelle également l’UE à insister sur le respect des droits élémentaires des LGTB qui constitue un baromètre des progrès accomplis par la Turquie en matière de droits humains.  
 
La législation turque n’offre aucune protection explicite au niveau des droits humains universels des LGTB. En 2005, la Turquie a amendé certaines de ses lois afin d’interdire la discrimination, geste destiné à montrer l’engagement du pays à suivre les normes de l’Union européenne. Elle doit toutefois encore adopter une loi exhaustive contre la discrimination en conformité avec les normes de l’UE.  
 
« Sur le chemin complexe menant à l’adhésion à l’Union européenne, ce rapport met en évidence un domaine dans lequel rien ou presque rien n’a changé », a expliqué Scott Long. « L’UE doit prendre pleinement en compte les questions d’orientation et d’identité sexuelles au moment de considérer la candidature d’adhésion de la Turquie. »  
 

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