Rapports de Human Rights Watch

Contexte

Le conflit du Tchad

Le Tchad n’a jamais fait l’expérience d’un transfert de pouvoir sans violence et cinquante ans ou presque après son indépendance et la fin de la tutelle française, le coup d’état reste le principal moyen de procéder à un changement de gouvernement dans ce pays. L’opposition armée au gouvernement, dans sa forme actuelle, a été catalysée par un acte du parlement, en juin 2005, qui a permis au Président tchadien, Idriss Déby Itno, autocrate impopulaire, de se présenter pour un troisième mandat consécutif2, en dépit des promesses répétées de se retirer3.

Depuis sa prise de pouvoir lors d’un coup d’état en 1989, le Président Déby a maintenu un certain contrôle sur l’environnement politique instable tchadien, en partie en nommant des membres du groupe ethnique zaghawa auquel il appartient4 à des positions clefs dans le gouvernement et dans les forces armées. Cependant, la gestion par Déby de l’appareil d’état, en particulier le contrôle jalousement exercé sur les richesses pétrolières tchadiennes5 nouvellement découvertes, l’a de plus en plus éloigné de sa base de soutien zaghawa, sans parler des autres habitants du pays. En mai 2004, une tentative de coup au palais présidentiel a été orchestrée par des membres du sous-clan Bideyat, chez les Zaghawa, sous-clan auquel appartient Déby. A partir d’octobre 2005, d’anciens membres fidèles du camp rapproché du président ont fait massivement défection et ont rejoint des mouvements d’opposition basés au Darfour, Soudan.

Fin 2005-début 2006, les groupes rebelles tchadiens ont rassemblé leurs forces au Darfour où ils ont bénéficié du soutien du gouvernement soudanais, qui a pour habitude de soutenir les groupes insurgés tchadiens, à des niveaux variables suivant les périodes et les exigences stratégiques6. La rébellion tchadienne s’est regroupée autour de puissants chefs de clans, souvent en fonction de lignes de fracture ethniques. Les groupes rebelles ont différemment adhéré à une série d’alliances militaires ou les ont brisées, donnant naissance à une succession étourdissante de groupes (et d’acronymes). Au début de la rébellion, les deux mouvements rebelles les plus forts étaient le Front Uni pour le Changement (FUC), essentiellement composé de combattants de l’ethnie Tama7 et le Socle pour le Changement, l’Unité et la Démocratie (SCUD) et son rejeton, le Rassemblement des Forces Démocratiques (RaFD), tous les deux composés principalement de déserteurs zaghawa du gouvernement tchadien et des forces armées, notamment des responsables du sous-clan Bideyat chez les Zaghawa et des membres de la famille immédiate de Déby8.

A partir de décembre 2005, le responsable du FUC, Mahamat Nour Abdelkarim9 a poussé ses forces dans une série de raids audacieux mais vains contre les positions du gouvernement tchadien, avec pour point d’orgue la tentative désastreuse de prise de N’Djamena, la capitale, en avril 2006. En novembre, Khartoum a retiré son appui au FUC au profit de l’Union des Forces pour la Démocratie et le Développement (UFDD), une faction rebelle sous commandement de Mahamat Nouri (sans lien de parenté avec Mahamat Nour)10. Alors que l’UFDD de Nouri assiégeait des villes stratégiques de l’Est du Tchad fin 2006,11 le FUC de Nour recherchait la paix dans des discussions en Libye12.

Dès janvier 2006, le soutien apporté par le gouvernement soudanais aux rebelles tchadien et l’appui réciproque du gouvernement tchadien aux rebelles soudanais laissait craindre pour ces deux pays un conflit par acteurs interposés. En dépit de gestes ultérieurs en faveur de la détente, le Tchad et le Soudan continuent de soutenir des forces agissant en leur nom, au moment de la rédaction de ce rapport13. Le gouvernement tchadien a participé à des discussions de paix, sous l’égide de la Libye en vue de mettre un terme à l’insurrection mais le 2 juillet 2007, les rebelles du Tchad ont menacé de reprendre toutes les hostilités à cause du manque de progrès enregistrés14.

L’accord de paix du 24 décembre 2006

Le 24 décembre 2006, le FUC et le gouvernement tchadien ont signé un accord de paix qui a étendu l’amnistie générale à tous les soldats FUC et a appelé à « la création des conditions » de la réintégration des soldats FUC dans l’Armée Nationale Tchadienne (ANT) dans les trois mois suivant la date effective de l’accord. L’accord assurait également la participation des responsables FUC à la gestion des affaires de l’état tchadien15. Le 4 mars 2007, le responsable du FUC, Mahamat Nour Abdelkarim a été nommé Ministre de la Défense du Tchad16 et le 29 mars 2007, le Général Abdullah Gok, un commandant de terrain FUC ayant servi aux côtés de Mahamat Nour dans des opérations de représailles contre l’insurrection du Darfour17 soutenues par le gouvernement soudanais a été nommé secrétaire général adjoint de la Gendarmerie nationale18. Parmi les autres responsables FUC devant assumer des positions dans le gouvernement tchadien se trouvent Ismael Idriss et Longa Gong Raoul, respectivement secrétaire d’état aux relations extérieures et secrétaire général chargé de l’Assemblée nationale19. Alors que Mahamat Nour a établi ses quartiers dans une villa de N’Djamena, très bien gardée, Abdullah Gok se trouve toujours à Guéréda, bastion FUC dans le Nord-Est du Tchad. Nour comme Gok conservent le commandement d’unités FUC malgré leurs fonctions officielles dans le gouvernement tchadien.

Il relève de la responsabilité de l’état que des enfants continuent d’être utilisés et recrutés comme soldats par le FUC à la date du 4 mars 2007, lorsque les premiers responsables FUC ont accepté des positions dans le gouvernement tchadien. Au même moment, il est difficile d’évaluer la façon dont les soldats FUC sont actuellement intégrés dans les rangs de l’ANT, comme le prévoyait l’Accord de paix de décembre 2006. Alors qu’un groupe de soldats FUC se présentait au centre d’entraînement de l’ANT du gouvernement tchadien à Mongo en février, le FUC maintenait une présence militaire substantielle à Guéréda. Parmi les unités FUC à Guéréda, certaines ont conduit des opérations conjointes avec des unités ANT alors que d’autres ne l’ont pas fait. Sur la base des observations faites par Human Rights Watch sur le terrain, dans le premier comme dans le second cas de figure, ces groupes restent sous commandement et contrôle du FUC, très loin de tout créneau officiel ANT.

Peu de temps après la signature de l’accord de paix de décembre 2006, des unités FUC ont été déployées à la frontière entre le Tchad et le Soudan pour répondre à la menace constituée par les rebelles tchadiens avec le SCUD et le RaFD20. La stratégie du Président Déby, diviser pour régner, peaufinée pendant les 18 années d’un régime de factions, apparaissait dans toute sa splendeur alors que ses anciens adversaires s’affrontaient les uns aux autres.

L’insécurité à Dar Tama

Dar Tama est l’un des trois départements administratifs de Wadi Fira, une région du Nord-Est du Tchad. La capitale du Département est Guéréda, à 165 kilomètres au nord-est d’Abéché. Terre traditionnelle des Tama, Dar Tama abrite une importante minorité zaghawa arrivée dans la région pendant la sécheresse de 1980 au Sahel. Les Tama et les Zaghawa sont des groupes ethniques musulmans non-arabes présents des deux côtés de la frontière entre le Tchad et le Soudan.

Les raids lancés par de petites bandes de cavaliers zaghawa armés, montant chevaux ou chameaux ont entraîné des tensions communautaires avec les Tama, qui se sont considérablement aggravées après l’arrivée au pouvoir d’Idriss Déby en 1989. Déby a installé des responsables zaghawa dans les rangs du gouvernement local et de la police à Dar Tama et ceux-ci ont peu fait pour protéger les civils tama ou pour traduire en justice les responsables des raids zaghawa contre les villages tama. Le climat d’impunité a contribué à inspirer des mouvements rebelles à majorité tama comme l’Alliance Nationale de la Résistance (ANR) en 199421 et le FUC, né en 2005 de la scission d’un groupe de l’ANR.

Les tensions inter-ethniques entre les Tama et les Zaghawa ont explosé dans la seconde moitié de 2006 lorsque des douzaines de civils tama ont été tués et des milliers déplacés par les attaques des milices zaghawa contre les villages tama22.

Le 13 décembre 2006, deux semaines pratiquement avant que le FUC n’accepte les termes de la paix avec le gouvernement tchadien, des unités FUC ont abandonné leurs planques dans l’Ouest du Darfour et l’Est du Tchad et ont pris le contrôle des rues de Guéréda23. Après presque 20 années de contrôle zaghawa sur Dar Tama, la dynamique du pouvoir dans la région se trouvait inversée. Presque immédiatement, des civils à Guéréda ont été arrêtés par les rebelles FUC qui leur ont demandé de révéler leur appartenance ethnique. Des civils zaghawa accusés d’être hostiles aux Tama ont été soumis à des arrestations et les autorités locales ont reçu des menaces de mort24.

Dès janvier 2007, entre 1 200 et 1 500 rebelles FUC avaient pris position à Guéréda et dans ses environs et les véhicules FUC équipés d’armes lourdes et bondés de combattants rebelles faisaient la loi sur les routes. Au même moment, les milices zaghawa continuaient de lancer des raids contre les villages tama, dans les confins orientaux de Dar Tama. Le 28 janvier, sept civils tama ont été tués et 200 maisons incendiées lorsque des milices zaghawa ont attaqué un groupe de villages à majorité tama entre Am Zoer et Biltine. Le lendemain, un convoi FUC a été victime d’une embuscade tendue par des milices zaghawa, au sud-est de Guéréda, entraînant la mort de plus de 30 soldats FUC et en blessant 41 autres en plus des 20 civils également touchés25. Cette opération s’inscrit dans le schéma d’action des rebelles SCUD qui ont fait subir des pertes épouvantables à l’ANT et aux forces FUC.

La décision du FUC d’établir un camp militaire à 5 kilomètres au sud du camp de Kounougo, un camp de réfugiés supervisé par les Nations unies (ONU) qui abrite 13 315 réfugiés soudanais, a aggravé les tensions ethniques à l’intérieur de Kounougo. 50 pour cent environ des réfugiés présents à Kounougo sont des Zaghawa et presque 25 pour cent sont des Tama. Environ 100 familles tama tchadiennes se sont fait enregistrer comme réfugiées lorsque le camp a été initialement constitué et beaucoup ont des liens familiaux avec des soldats FUC recrutés localement. Il en résulte que les soldats FUC vont rendre visite à leurs proches dans les camps, souvent vêtus de leur uniforme et portant leurs armes26. Les réfugiés zaghawa dans le camp de Kounoungo se sont plaints à Human Rights Watch d’intimidation et de harcèlement, de la part du FUC pendant tout le premier trimestre de l’année 2007. Des tentatives de viols ont été mentionnées27. Les réfugiés zaghawa ont commencé à quitter le camp de Kounoungo pour des camps supervisés par l’ONU dans la région de Guéréda comme Mile et d’autres, plus éloignés comme Touloum et Irdimi28. Le 25 mars 2007, peu de temps après la visite dans le camp du Président Déby et ses promesses d’une meilleure sécurité, des militants FUC ont attaqué des réfugiés zaghawa dans le camp, tabassant cinq d’entre eux si violemment qu’une évacuation vers l’hôpital de Guéréda a été nécessaire29.

« C’est dangereux pour nous ici, » a déclaré un réfugié zaghawa dans le camp de Kounoungo. « Chaque jour de marché, [des soldats FUC] viennent en uniformes avec leurs armes30. »

Nombre des abus commis contre les civils zaghawa à Dar Tama sont attribués à des factions dissidentes du FUC qui échappent au commandement et au contrôle des plus hauts responsables du FUC, mais également à l’ANT et au pouvoir civil à N’Djamena. Les responsables de la communauté zaghawa à Dar Tama ont affirmé à Human Rights Watch que des factions activistes du FUC étaient responsables du décès de 15 civils zaghawa (hors des camps de réfugiés) entre décembre 2006 et février 2007. Une femme figure parmi les victimes31. Le Général Gok contrôle une puissante faction FUC dissidente dans la région de Guéréda. Gok, réputé pour son instabilité même parmi ses compagnons d’armes FUC, a été accusé d’avoir sommairement exécuté trois rebelles FUC le 6 mars 2007, parce qu’ils avaient refusé de lui obéir et de désarmer32.

De nombreux Tama à Guéréda approuvent les factions dissidentes du FUC et leur objectif de venger les abus préalablement commis contre les Tama par les milices zaghawa33. L’animosité ethnique semble tout aussi élevée chez les Zaghawa. Un habitant zaghawa du camp de Kounoungo a affirmé à Human Rights Watch que les rebelles zaghawa du Tchad comme du Soudan s’étaient rendus dans le camp depuis décembre, prêts à prendre les armes contre les Tama pour défendre leur groupe ethnique. « Ils disent : « On doit tuer les Tama, » a déclaré cette personne. « C’est le moment pour une guerre ethnique – des groupes de Zaghawa et de Goran34 contre les Tama. On n’est pas en sécurité à Dar Tama35. »

Recrutement et utilisation d’enfants soldats de grande ampleur

Le FUC n’est pas le seul groupe paramilitaire allié au gouvernement tchadien connu de Human Rights Watch pour avoir recruté et utilisé des enfants soldats. Human Rights Watch a constaté que des enfants soldats étaient également utilisés dans les forces villageoises d’autodéfense et dans les groupes rebelles soudanais, tous les deux ayant reçu le soutien du gouvernement tchadien.

A l’automne 2006, le gouvernement tchadien a incorporé dans l’ANT des milices villageoises d’autodéfense dans les régions où la présence de l’ANT était particulièrement faible, comme le département très instable de Dar Sila dans le Sud-Est du Tchad36. Depuis janvier 2006, les chercheurs de Human Rights Watch ont enregistré l’utilisation de soldats apparemment mineurs par les forces d’autodéfense à Goungour, Borota et Koloy. Nous avons également recueilli des informations sur l’utilisation d’enfants soldats par des forces d’autodéfense à Modoyna, Tiero et Dogdoré, dans le département de Dar Sila. Le recours à des enfants est généralisé dans les groupes paramilitaires qui constituent un pourcentage croissant des forces du gouvernement tchadien, selon les chiffres officiels37.

Les rebelles soudanais du Mouvement Justice et Equalité et la faction G-19 de l’Armée de Libération du Soudan sont également soutenus par le gouvernement tchadien et sont également connus pour avoir incorporé des enfants dans leurs rangs. En mars 2006, une mission de recherche de Human Rights Watch a révélé que les rebelles soudanais du G-19, travaillant en coopération avec les responsables du gouvernement tchadien, ont recruté de force 4 700 réfugiés, notamment des centaines d’enfants, dans les camps supervisés par l’ONU, à 50 kilomètres à l’ouest d’Adré, dans l’Est du Tchad38.

 




2 Le 6 juin 2005, les électeurs ont approuvé les changements à l'Article 61 de la Constitution de 1996 qui affirmait que « le Président de la République est élu pour un  mandat de cinq ans au suffrage universel direct. Il est rééligible une seule fois. » Constitution de la République du Tchad 1996, http://www.cefod.org/Fichiers%20web/Constitution%20Tchadienne.html (consulté le 22 juin 2007). Voir également, « Tchad: adoption de la réforme de la constitution, » Xinhua, 22 juin 2005, http://www.french.xinhuanet.com/french/2005-06/22/content_130736.htm (consulté le 22 juin 2007). Déby a remporté les élections présidentielles en 1996 et 2001.

3 Le 4 juin 2001, dans un entretien accordé à Le Monde Online, le Président Déby a déclaré, « Je ne serai pas candidat à l'élection présidentielle de 2006. Je ne changerais pas la constitution même si j'obtenais une majorité de 100%. » Idriss Déby, Président de la République du Tchad – ’Il me reste à préparer le Tchad à l'alternance,’ Le Monde, 5 juin 2001. Déby a été élu à un troisième mandat lors des élections qui se sont tenues en mai 2006. « Chad leader’s victory confirmed, » BBC News Online, 14 mai 2006, http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/africa/4771383.stm (consulté le 26 décembre 2006).

4 Groupe ethnique nomade et semi-nomade non-arabe de Dar Zaghawa qui s'étend sur l'Est du Tchad et le Nord du Darfour. Bien que minoritaires au Tchad (les Zaghawa ne représentent qu’1% de la population du pays) et au Darfour, les Zaghawa jouent un rôle de premier plan dans les mouvements rebelles du Darfour, dans le gouvernement tchadien et les forces armées. Près de 100 000 Zaghawa soudanais vivent dans les camps de réfugiés soudanais de l’Est du Tchad. Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), « Ethnicity of Sudanese refugees – Eastern Chad, » Janvier 2006 ; UNHCR, « Registered Refugee Camps Populations: Eastern Chad », 31 mai 2007, http://www.reliefweb.int/rw/fullMaps_Af.nsf/luFullMap/3804677265314192852572FF004F1BA9/$File/unhcr_IDP_tcd070616c.pdf?OpenElement (consulté le 11 juillet 2007).

5 Les exportations de pétrole du Tchad ont généré USD 1,7 milliard entre 2003 et le premier trismestre 2007 – une période d’euphorie pour les prix du pétrole reflétée dans la croissance du PNB tchadien passé de USD 1,4 milliard en 2000 à USD 5,5 milliards en 2005. Banque mondiale, « Chad Data Profile », http://devdata.worldbank.org/external/CPProfile.asp?PTYPE=CP&CCODE=TCD (consulté le 29 juin 2007) ; Banque mondiale, « Chad Oil Revenues and Allocations, » 1er mai 2007, http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/COUNTRIES/AFRICAEXT/EXTREGINI/EXTCHADCAMPIPELINE/0,,contentMDK:21350674~pagePK:64168445~piPK:64168309~theSitePK:843238,00.html (consulté le 29 juin 2007).

6 Les rebelles tchadiens soutenus par Khartoum ont pris le pouvoir au Tchad en 1982 amenant Hissène Habré au pouvoir et de nouveau en 1989 lorsque Habré a été renversé par Idriss Déby. Human Rights Watch, They Came Here to Kill Us, pp. 13, 15.

7 Tribu non-arabe de Dar Tama, dans le Nord-Est du Tchad et l’Ouest du Darfour. Les Tama du Tchad ont des liens historiques avec les tribus arabes du Tchad. Ce sont des fermiers sédentaires qui cultivent du mil, des haricots, des concombres, du gombo et du sésame. Certains Tama élèvent du bétail.

8 Le RaFD est un groupe dissident zaghawa influent dirigé par deux neveux du Président Déby issus du clan zaghawa Bideyat : Tom Erdimi (ancien chef de cabinet de Déby et coordinateur du développement pétrolier du Tchad) et son frère, Timan Erdimi (ancien directeur de Cotontchad, entreprise para-étatique cotonnière tchadienne).

9 Nour a contribué à amener Idriss Déby au pouvoir lors d’un coup en 1989 mais a rapidement rejoint l’opposition au régime de Déby.

10 Mahamat Nouri, membre de l’ethnie goran et du sous-clan Anakaza,  a au préalable servi comme Ministre de la défense du Tchad puis comme ambassadeur en Arabie saoudite avant de quitter ses fonctions après les élections de mai 2006. Roy May et Simon Massey, « Chad: Politics and Security», Writenet Independent, May 2007, http://www.unhcr.org/home/RSDCOI/46384cde2.pdf (consulté le 29 juin 2007), p. 10.

11 L’UFDD a attaqué et temporairement tenu Goz Beida le 23 octobre, Am Timan le 24 octobre, Abéché le 25 novembre et Biltine le 8 décembre.

12 Le Président libyen Mu`ammar al-Qadhafi a offert USD 5,5 millions en liquide pour inciter Nour à parvenir à un accord. Entretiens conduits par Human Rights Watch avec des responsables FUC et des responsables occidentaux du renseignement, janvier et mars 2007. Successeur et fils de Qadhafi, Saif al-Islam al-Qadhafi, maintiendrait des liens étroits avec le Sultan de Dar Tama, membre du sous-clan Oroguk des Tama comme l’est Mahamat Nour, chef du FUC. Entretiens conduits par Human Rights Watch avec des responsables traditionnels tama, de février à juin 2007.

13 Khartoum recrutait activement des figures tchadiennes de l’opposition dans les groupes insurgés à la date de juin 2007. Entretiens téléphoniques conduits par Human Rights Watch avec des rebelles tchadiens à Paris, France, 19 juin 2007. Le Tchad a approfondi ses liens avec le JEM qui recrute activement dans les camps de réfugiés de l’Est du Tchad à majorité zaghawa comme Am Nabak et Oure Cassoni. Entretiens téléphoniques conduits par Human Rights Watch avec des rebelles soudanais à N’Djamena, Tchad, 12 et 27 juin 2007.

14 « Chad rebels warn of return to war if Libya talks fail, » Reuters, 2 juillet 2007, http://www.reuters.com/article/homepageCrisis/idUSL02113583._CH_.2400 (consulté le 8 juillet 2007).

15 Voir Annexe 1.

16 « Chad ex-rebel leader gets top job » BBC News Online, 5 mars 2007, http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/6418743.stm (consulté le 8 mai 2007).

17 Entretien conduit par Human Rights Watch avec le responsable ANR, Paris, France, 3 avril 2007.

18 Entretiens conduits par Human Rights Watch avec des responsables communautaires tama, Guéréda, Tchad, mars 2007.

19 « Chad ex-rebel leader gets top job » BBC News Online.

20 Le SCUD opère à Koulbous, Bali et Djimeza al-Hamra. Bien que sérieusement compromis comme force militaire après les défaites militaires de la fin 2006, le SCUD, essentiellement composé de Zaghawa du sous-clan Bideyat, représente une sérieuse menace politique pour Déby. Le RAFD, basé à Geneina dans l’Ouest du Darfour, a pris Guéréda le 1er décembre 2006.

21 L’ANR a été fondée par Mahamat Garfa, un Tama qui a signé en janvier 2003 un cessez-le-feu et qui occupe maintenant le poste de Ministre des mines au Tchad. L’ANR a continué d’exister avec l’ancien porte-parole de l’ANR, Mahamat Abbo Sileck. En octobre 2005, le commandant militaire de l’ANR, Mahamat Nour Abdelkarim, a formé le RDL, emmenant avec lui de nombreux anciens combattants ANR. Voir Human Rights Watch They Came Here to Kill Us. Le 28 décembre 2005, le RDL et sept autres groupes armés opposés au gouvernement tchadien ont créé le FUC. « Chad: Rebels on Outskirts of Chadian Capital, President Claims Everything ’Under Control,’ » Global Insight, http://www.globalinsight.com/SDA/SDADetail3008.htm (consulté le 21 juin 2007).

22 Voir Human Rights Watch, They Came Here to Kill Us, pp. 25-35.

23 Les premières unités FUC sont arrivées à Guéréda l’après midi du 13 décembre 2006. Entretien conduit par Human Rights Watch avec un Tama, Guéréda, Tchad, 21 mars 2007.

24 Entretien conduit par Human Rights Watch avec une source secrète, Tchad.

25 Communication confidentielle archivée à Human Rights Watch.

26 Entretien conduit par Human Rights Watch avec une source secrète, Tchad, mars 2007. Si les chiffres exacts ne sont pas disponibles, un nombre significatif de Tama originaires des communautés locales ont trouvé refuge dans le camp de Kounoungo au cours de l’année écoulée. Entretiens conduits par Human Rights Watch avec des habitants zaghawa, mars 2007.

27 Communication confidentielle archivée à Human Rights Watch.

28 Communication confidentielle archivée à Human Rights Watch.

29 Entretiens conduits par Human Rights Watch, Tchad, 25-27 mars 2007.

30 Entretien conduit par Human Rights Watch, camp de Kounoungo, Tchad, 18 mars 2007.

31 Les responsables zaghawa ont fourni à Human Rights Watch une liste de 51 noms de Zaghawa tués par le FUC depuis décembre. Suite aux questions soulevées par Human Rights Watch, il est apparu que mis à part 15 personnes sur la liste, toutes les victimes avaient été tuées en prenant part à des attaques contre les forces du FUC. L’un des responsables zaghawa qui se présente lui-même comme un « Janjaweed zaghawa » a affirmé à Human Rights Watch que les milices zaghawa avaient reçu des armes du chef du SCUD, Isaakha Diar. Entretiens conduits par Human Rights Watch, Mudré, Tchad, mars 2007. Deux autres sources zaghawa connaissant la disposition des forces SCUD ont affirmé que le SCUD possédait des quantités non négligeables d’armes mais manquaient d’hommes. Entretiens conduits par Human Rights Watch, Abéché, Tchad, 23 mars 2007.

32 La même source a rapporté que le lendemain, Gok a été blessé et un homme qui se tenait près de lui a été tué par un parent de l’une des personnes décédées. Entretien conduit par Human Rights Watch avec un responsable de la communauté tama, Dar Tama, Tchad, mars à avril 2007.

33 Entretiens conduits par Human Rights Watch avec des responsables de la communauté tama, lieux divers, Tchad et France, mars à avril 2007.

34 Groupe ethnique non-arabe essentiellement originaire du Nord du Tchad mais également du Soudan, de la Libye et du Niger. La plupart sont des bergers nomades. Les autres sont semi-nomades.

35 Entretien conduit par Human Rights Watch, camp de Kounoungo, 18 mars 2007.

36 Selon le Ministre de la Sécurité publique, le Général Routovans Yoma Golom, l’ANT a incorporé des milices d’autodéfense de Dar Sila dans l’ANT, notamment 200 hommes de Koukoun-Angarana, 700 de Koloy et 200 de Kerfi, localités toutes situées dans le département de Dar Sila au Sud-Est du pays. Golom a affirmé que les recrues avaient reçu des uniformes et des armes, avaient été entraînées à Goz Beida et transférées à Mongo. Enregistrement radiophonique réalisé par Sonia Rolley, Radio France Internationale, 7 janvier 2007.

37 Les forces ANT comportaient entre 17 000 et 20 000 hommes à la fin de l’année 2006, chiffres inférieurs à celui de 25 000 pour la période 2001-2005 bien que les rangs des paramilitaires soient passés de 4 500 à 9 000 sur la même période. International Institute for Strategic Studies, The Military Balance 2007, 31 janvier 2007, http://www.iiss.org/publications/the-military-balance (consulté le 30 juin 2007). Le nombre exact d’hommes servant dans l’armée tchadienne est censé être significativement plus élevé, plus de 40 000. Entretien conduit par Human Rights Watch, sources militaires françaises, Tchad, mars à avril 2007.

38 Human Rights Watch, Violence Beyond Borders, p. 15.