Réactions officiellesLa Police Nationale du Rwanda proclame son engagement à servir la population rwandaise et sur son site web, elle annonce divers moyens de déposer plainte pour exactions commises par des policiers.59 Dans lunique cas où une plainte a été déposée dans une affaire de détenu abattu (Alphonse Nshikili, tué en avril 2006), les appels lancés par la famille de la victime à la fois au commissaire général de la police et au procureur général du Rwanda demeuraient sans réponse au moment de la rédaction du présent rapport. Human Rights Watch, les organisations rwandaises de défense des droits humains et plusieurs représentants de la communauté diplomatique ont, à maintes reprises, insisté pour que les fonctionnaires de la Police Nationale du Rwanda fournissent des explications au sujet de la mort des détenus abattus par la police. Le 4 juin 2007, le Commissaire général Rwigamba a envoyé une déclaration de trois pages à Human Rights Watch (jointe en annexe au présent rapport), énumérant 10 incidents survenus entre novembre 2006 et mai 2007, au cours desquels des policiers avaient tiré mortellement sur 20 détenus.60 Les explications données dans ladite déclaration, à linstar de celles offertes par la Commissaire adjointe Mary Gahonzire lors dun entretien avec un chercheur de Human Rights Watch en décembre 2006,61 constituaient toutes des variations sur un seul thème : les détenus avaient été tués alors quils tentaient de sévader. La déclaration disait que tous les policiers impliqués avaient été interrogés et que des enquêtes étaient en cours. Elle indiquait également que les policiers avaient besoin dune formation complémentaire sur lutilisation des armes à feu, de meilleures installations dans les commissariats de police (afin que les détenus ne doivent plus sortir du bâtiment pour se rendre aux latrines) et davantage de menottes. Tous les détenus ont été tués dans les quelques jours, certains dans les quelques heures, qui ont suivi leur arrestation. Dans aucun des cas il ny avait eu un début de procès, et encore moins un verdict. Pourtant, dans le paragraphe dintroduction de la déclaration, plusieurs détenus sont qualifiés de « tueurs » et non de suspects. Dans son paragraphe final, la déclaration reconnaît que certaines des personnes tuées par la police nétaient pas impliquées dans le génocide mais elle soutient néanmoins que « les suspects impliqués dans ces affaires étaient dun tempérament criminel extrême et étaient prêts à mourir pour leur idéologie génocidaire ». Elle conclut que ces détenus étaient des « terroristes par nature et ne se souciaient pas de leur propre vie, et encore moins de celle des autres ».62 Le Commissaire en chef Habyara semblait également convaincu que les détenus étaient nécessairement coupables des délits pour lesquels ils avaient été arrêtés. Lors dune réunion publique le 25 mai 2007, il a déclaré :
La supposition que les détenus étaient des criminelsvoire des criminels exceptionnellement dangereuxtraduit un mépris regrettable de la présomption dinnocence. Lempressement à tenter de rejeter la responsabilité de leur mort sur les victimes fait planer le doute quant à la possibilité denquêtes indépendantes et impartiales. 59 Le site web de la Police Nationale du Rwanda est www.police.gov.rw. 60 « Circumstances in which Policemen Shot Detainees », annexé au présent rapport. 61 Human Rights Watch, Meurtres à lEst du Rwanda, p. 9. 62 « Circumstances in which Policemen Shot Detainees ». 63 Commentaires du Commissaire en chef Costa Habyara lors dune Journée locale dinformation parrainée par la LDGL (Ligue des Droits de la personne dans la région des Grands Lacs) sur « Létat des lieux de la criminalité au Rwanda et le rôle des instances rwandaises chargées du maintien de la sécurité dans son éradication, » 25 mai 2007, Hôtel Alpha Palace, Kigali. |