Les caractéristiques d'une attaque dévastatrice sont évidents – même sur des images satellitaires.
Des images prises par satellite de Camp Bangui, un village isolé de prospecteurs d'or en République centrafricaine, permettent de repérer des dizaines de « taches d'incendies » noires – vestiges carbonisés de plus de 200 habitations réduites en cendres à la suite d'une attaque perpétrée le 10 novembre par d'anciens combattants de la Séléka qui sèment la dévastation dans toute la région.
Ces images, enregistrées au matin du 23 novembre 2013, montrent qu'une grande partie du village a été incendiée, probablement volontairement, et que plus de 235 habitations – soit environ la moitié du village – ont été détruites. Le général Abdallah Hamat, qui commandait l'opération lors de l'attaque de Camp Bangui, a affirmé à Human Rights Watch que quatre habitations seulement avaient été incendiées pendant les combats.
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Compte tenu de la présence d'arbres qui couvrent partiellement la vue du ciel, il est probable qu'un petit pourcentage d'habitations détruites ou gravement endommagées n'aient pas pu être repérées, ce qui laisse penser que les dégâts réels sont encore supérieurs à ce que les images satellite peuvent indiquer.
Camp Bangui n'est accessible qu'à pied ou à moto, par un étroit chemin de terre. Il est tellement isolé qu'on ne le trouve pas sur les cartes, de sorte que Human Rights Watch a établi sa position en relevant les coordonnées GPS du village lors d'une inspection de terrain après l'attaque. Le village avait été dévasté.
L'attaque de Camp Bangui constitue une violation du droit humanitaire international, qui interdit les agressions contre les civils et la destruction ou le pillage de biens civils. Les personnes qui ont ordonné ou effectué cette attaque se sont rendus responsables de crimes de guerre.
Human Rights Watch a d'ores et déjà recueilli des preuves détaillées, sous forme d'images satellite, d'incendies volontaires dans quinze autres villages et villes sur tout le territoire de la République centrafricaine et l'organisation a l'intention de surveiller activement l'évolution du conflit au cours des semaines et des mois à venir.
Alors que le conflit s'aggrave en République centrafricaine, avec pour conséquence des dizaines de villages rasés et des centaines de milliers de civils déplacés, Human Rights Watch s'emploie à documenter les graves violations des droits humains et crimes de guerre qui y sont commis, à la fois sur le terrain et grâce aux images satellite.
Les chercheurs de Human Rights Watch ont documentédirectement la destruction de villages par d'anciens rebelles de la Séléka, récemment intégrés en principe au sein de l'armée nationale. Des raids punitifs menés par d'ex-rebelles de la Séléka contre des villages à prédominance chrétienne ont été suivis par des attaques de représailles contre des musulmans, donnant une nouvelle dimension sectaire alarmante au conflit.
En raison de l'échelle du conflit et des grandes difficultés d'accès à de nombreux villages reculés, Human Rights Watch a recours à l'imagerie satellite pour vérifier les informations qui lui parviennent sur de nouvelles attaques de villages et pour fournir des chiffres détaillés concernant les destructions d'habitations dans les zones du pays affectées par le conflit.
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