Background Briefing

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Contexte

Un état major intégré a été établi sur base de l’accord de partage de pouvoir de novembre 2003, qui rassemble des officiers de l’armée gouvernementale ainsi que des officiers FDD de Nkurunziza, et les forces ont fréquemment coopéré sur le terrain. Mais malgré son intitulé, la question de l’unicité du commandement opérationnel reste ambiguë. Au lendemain de la mise en place de l’état major intégré, le Ministre de la Défense, le Général-Major Vincent Niyungeko, déclarait qu’il « ne remplace pas l’état major général qui existe déjà », en référence à celui de l’armée gouvernementale.Cette ambiguïté dans la chaîne de commandement, alors même que le nombre des combattants déployés sur le terrain s’est accru considérablement, réduit les chances d’établir les responsabilités dans les crimes commis contre les civils.

L’accord signé entre le gouvernement et les FDD, de même que ceux qui avaient déjà été signés avec les mouvements rebelles minoritaires, prévoient le cantonnement, le désarmement et la démobilisation des forces, mais le calendrier n’a jamais été respecté. Entre-temps, sur le terrain, les combattants FDD se sont installés, parfois dans des endroits de leur choix au lieu de se rassembler dans les sites initialement attribués. Sans assise légale, ils ont administré les civils dans certains endroits du pays.

En même temps que les FDD se sont imposés sur le terrain, ils ont rallié de nouveaux partisans en provenance d’autres mouvements politiques. En avril, quinze à cinquante parlementaires désertaient le parti majoritairement hutu Front pour la Démocratie au Burundi (Frodebu), allié, dans le gouvernement, au parti majoritairement tutsi Union pour le progrès et l’unité nationale (Uprona), mettant ainsi le Frodebu en passe de perdre, à l’assemblée, sa prédominance en tant que parti hutu. Manifestant leur nouvelle légitimité, les représentants du CNDD-FDD ont critiqué la distribution des postes au parlement et annoncé un boycott des séances plénières. Dix jours plus tard, ils suspendaient leur participation au gouvernement pour n’avoir pas reçu un nombre suffisant de postes administratifs. Poursuivant leur propre agenda politique, les FDD ont toutefois trouvé une entente avec l’armée sur le terrain militaire.3

Alors que les accords signés interdisent de recruter davantage de combattants, les FDD et les autres mouvements rebelles ont continué à recruter, en ce compris des enfants.

Les dirigeants burundais et les acteurs de la communauté internationale, davantage préoccupés par les hésitations du processus de paix, ne s’attardent guère sur les questions de la poursuite des activités militaires, des recrutements et des violations du droit de la guerre. Les acteurs internationaux sont apparus incapables de s’opposer aux stratégies dilatoires des acteurs burundais dont certains semblent préférer une guerre mineure à une paix définitive. 

Les civils de Bujumbura rural, dernière zone principale de combat, se sentent abandonnés et pris en otage d’un processus de paix qui s’éternise, à l’image des propos de l’un d’eux : « Le plus dur, le plus triste, c’est le silence qui entoure notre région. »4



[3] British Broadcasting Company (BBC), “Burundi ex-rebels quit government”, 3 mai 2004.

[4] Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 3 février 2004.


<<previous  |  index  |  next>>juin 2004