Rapports de Human Rights Watch

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Abus Commis Par Le FNL Depuis L’Etablissement Du Nouveau Gouvernement

En dépit de la réunion de Muyira, la poursuite des escarmouches en octobre semble indiquer qu’une part importante du FNL, si ce n’est la majeure partie, continue d’obéir à Rwasa et d’être sous son contrôle.11 Les combattants du FNL ont même cherché à déplacer les combats vers le Sud, des provinces proches de la capitale (Bujumbura-rural, Cibitoke, Bubanza et Kayanza) vers la province de Makamba et la commune de Rumonge, dans la province de  Bururi.12

Comme par le passé, les combattants du FNL ont pris pour cibles des personnalités officielles et d’autres personnes présumées liées au gouvernement. Selon des témoins localement, le FNL est connu pour décapiter ses victimes et/ou les amputer d’un membre et laisser les cadavres dans des lieux publics. Ceci a pour but d’avertir la communauté qu’elle ne doit pas coopérer avec les forces du gouvernement.13 Des témoins localement et des responsables militaires affirment également que le FNL laisse parfois des messages écrits à proximité des cadavres affirmant que ceux qui apportent leur aide ou leur soutien au gouvernement subiront le même sort.14

Sur la colline de Musugi, dans la commune de Kanyosha, province de Bujumbura-rural, des témoins localement ont rapporté que le FNL avait tué deux civils qui vivaient près d’une position militaire et avaient fourni aux soldats des vivres et de l’eau. Ces deux personnes ont été retrouvées décapitées le 26 octobre.15 Selon des responsables du gouvernement, Laurent Ntibarushatse, un élu de colline, originaire de Gitenga, commune de Kabezi, dans la même province a été tué par le FNL le 28 octobre.16 Arthémon Ntahondereye, un responsable local de la commune de Kanyosha, a été retrouvé mort sur la colline de Buhina le 7 octobre, amputé d’un bras. Selon des témoins localement, il a été assassiné par des combattants du FNL.17 Des responsables militaires ont rapporté que six personnes de la même famille ont été tuées par le FNL dans la commune de Mutambu, province de Bujumbura-rural, dans la nuit du 30 octobre.18 Dans d’autres meurtres attribués au FNL, un candidat au poste de conseiller de colline a été tué en compagnie de deux membres de sa famille, le 22 septembre dans la commune de Mugina, province de Cibitoke et cinq civils – dont des combattants FDD démobilisés – ont été tués dans la province de Bubanza fin septembre.19 Human Rights Watch n’a pas été en mesure de vérifier de façon indépendante que le FNL était responsable de tous ces meurtres.

Les combattants du FNL auraient également incendié des maisons dans quatre communautés différentes de la province de Kayanza et volé des vaches, des chèvres et des biens domestiques, début octobre. Ces combattants sont également accusés d’avoir blessé six personnes dans une embuscade et de les avoir spoliées de leurs biens. Selon des articles de presse, les témoins ont affirmé que la plupart des auteurs de ces actes avaient moins de dix-huit ans.20




[11] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Bujumbura, 11 octobre et commune de Kanyosha, province de Bujumbura-rural, 14 octobre 2005.

[12] Agence Burundaise de Presse, « Assassinat du chef de secteur de Muhuzu en commune Rumonge, » 2 novembre 2005, et Agence Burundaise de Presse, « La sécurité reste une préoccupation permanente des autorités, » 11 octobre 2005.

[13] Entretien conduit par Human Rights Watch, province de Bujumbura-rural, 28 octobre 2005.

[14] Entretien conduit par Human Rights Watch, commune de Kanyosha, province de Bujumbura-rural, 28 octobre et Bujumbura, 31 octobre 2005.

[15] Entretiens conduits par Human Rights Watch, commune de Kanyosha, province de Bujumbura-rural, 28 octobre et Bujumbura, 29 octobre 2005.

[16] Entretien conduit par Human Rights Watch, province de Bujumbura-rural, 31 octobre 2005.

[17] Entretien conduit par Human Rights Watch, commune de Kanyosha, province de Bujumbura-rural, 14 octobre 2005.

[18] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bujumbura, 31 octobre 2005.

[19] Agence Burundaise de Presse, « Les Burundais ont vote sans passion pour les conseils de collines, » 24 septembre 2005; et BBC Monitoring Africa, “Burundi: Rebels said targeting demobilized, forcing contributions,” 29 septembre 2005. Selon la Ligue Iteka, l’association burundaise de défense des droits humains, les combattants du FNL ont tué environ 20 civils depuis le début du mois de septembre.

[20] Agence Burundaise de Presse, « Six personnes blessées dans une embuscade sur la route Bukeye-Matongo, » 3 octobre 2005.


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