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Ouzbékistan : Emprisonnés pour avoir « insulté le président en ligne »

Ces poursuites portent atteinte à la liberté d'expression et au droit à la liberté personnelle

Le président ouzbek Chavkat Mirzioïev, photographié lors d’une réunion avec le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif (hors cadre) à Tachkent, en Ouzbékistan, le 5 avril 2021.  © 2021 Présidence ouzbèke/Agence Anadolu via Getty Images

(Berlin, 30 mai 2024) – En Ouzbékistan, un nombre croissant de personnes sont poursuivies et emprisonnées pour avoir « insulté le président en ligne », a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Cette accusation criminelle est passible d'une peine maximale de cinq ans de prison, et viole le droit international relatif aux droits humains.

« Les citoyens d’Ouzbékistan devraient pouvoir critiquer ouvertement leur président et d’autres autorités, sans crainte de représailles », a déclaré Hugh Williamson, directeur de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. « Le gouvernement devrait abolir d’urgence le délit d’« insulte en ligne envers le président », et prendre des mesures immédiates pour libérer toute personne emprisonnée sur la base de cette accusation. »

Les autorités ouzbèkes devraient cesser de poursuivre les citoyens qui ont critiqué le président Chavkat Mirzioïev ou sa famille, et abroger la loi qui fait de telles critiques un délit.

Human Rights Watch a examiné un acte d'accusation et cinq verdicts prononcés contre des personnes en Ouzbékistan au cours de l'année dernière pour « insulte publique ou calomnie contre le Président de la République d'Ouzbékistan, ainsi que pour utilisation de la presse ou d'autres médias, des réseaux de télécommunications, ou Internet [dans ce but] », en vertu de l'article 158, partie 3 du Code pénal ouzbek. Human Rights Watch a conclu que les autorités ouzbèkes poursuivaient à tort des citoyens pour avoir exercé de manière non violente leur droit à la liberté d'expression. D'autres rapports indiquent un nombre encore plus élevé de poursuites sur la base de telles accusations.

Le Comité des droits de l'homme des Nations Unies, l'organisme d'experts indépendants qui contrôle le respect du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), a affirmé dans son Observation générale sur la liberté d'expression que « l’emprisonnement ne constitue jamais une peine appropriée » dans les affaires de diffamation, et que « toutes les personnalités publiques […] sont légitimement exposées à la critique […] ».

En 2020, le président Mirzioïev s’était engagé à dépénaliser la diffamation, mais il n’a toujours pas concrétisé cet engagement. Au lieu de cela, l’Ouzbékistan a rajouté en mars 2021 une nouvelle disposition juridique faisant de l’insulte en ligne envers le président une infraction pénale, d’une portée encore plus large que la diffamation.

Texte complet en anglais en ligne ici.

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