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Chine : L'ONU devrait agir à l’égard des crimes contre l'humanité

Quatre organisations de défense des droits humains appellent le Haut-Commissaire aux droits de l'homme à donner suite au rapport du HCDH sur le Xinjiang

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, s'exprimait au Palais des Nations, siège de l'Office des Nations Unies à Genève, le 16 novembre 2023.  © 2023 Salvatore Di Nolfi/Keystone via AP Photo

(Genève, le 20 juin 2024) – Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, devrait rendre publique toute récente information sur les mesures prises par le gouvernement chinois et par son bureau concernant la situation des droits humains au Xinjiang, ont déclaré aujourd’hui Human Rights Watch, Amnesty International, le Service international pour les droits humains (ISHR) et le Congrès mondial ouïghour. Les quatre organisations ont mis en ligne plusieurs traductions non officielles du rapport de l’ONU sur le Xinjiang, publié en 2022, y compris en français (texte complet, synthèse).

Le rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) au sujet du Xinjiang, publié en août 2022, avait  conclu que les violations dans cette région « pourraient constituer des crimes internationaux, en particulier des crimes contre l’humanité ». Toutefois, l’absence de rapports publics du Haut-commissaire par la suite, au sujet des crimes atroces documentés par son propre bureau, risque de saper la confiance placée en son bureau par les victimes et les survivants. Dans le même temps, les États membres de l’ONU devraient prendre des mesures plus déterminées pour lutter contre l’impunité.

« La publication du rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme au sujet du Xinjiang a été un moment historique pour souligner la gravité des violations des droits humains dans cette région », a déclaré Elaine Pearson, directrice de la division Asie à Human Rights Watch. « Le Haut-Commissaire des Nations Unies devrait maintenant utiliser ce rapport de manière exhaustive, afin d’améliorer la situation des Ouïghours et des autres musulmans turciques au Xinjiang. »

En août 2023, la porte-parole du Haut-Commissaire a déclaré que la situation au Xinjiang restait « préoccupante » et que le rapport d’août 2022 soulignait clairement la  « nécessité de rendre des comptes » pour les violations. Elle a ajouté : « Nous maintenons ce point de vue, publiquement et bilatéralement ». En mars 2024, le Haut-Commissaire a exhorté le gouvernement chinois à mettre en œuvre les recommandations de son bureau et d’autres organes des Nations Unies, y compris celles du rapport de 2022.

Le 18 juin, lors de son discours à l’occasion de l’ouverture de la 56ème session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, le Haut-Commissaire Volker Türk a déclaré qu’il avait « continué à dialoguer » avec le gouvernement chinois sur « une série de questions relatives aux droits humains », notamment « les graves préoccupations… dans la région du Xinjiang ». Il a fait part de ses inquiétudes concernant les lois sur la sécurité nationale à Hong Kong et de cas individuels préoccupants, et a déploré la condamnation des défenseurs des droits humains chinois détenus arbitrairement Huang Xueqin et Wang Jianbing (sans citer leurs noms). Toutefois, il n’a cependant fourni aucun détail sur ses dialogues avec le gouvernement chinois, ni de mise à jour substantielle sur la situation au Xinjiang, ni d’évaluation de la mise en œuvre des recommandations formulées par son bureau. Près de deux ans après la publication du rapport du HCDH, il est impératif que le Haut-Commissaire et son bureau fournissent des détails sur leurs efforts pour prévenir les crimes contre l’humanité et autres violations et atteintes aux droits humains au Xinjiang, et pour demander des comptes aux auteurs de ces crimes.

Depuis la publication du rapport du HCDH en août 2022, le gouvernement chinois a continué d’emprisonner arbitrairement des centaines de milliers d’Ouïghours, et d’effacer les expressions de l’identité ouïghoure dans le cadre de sa répression contre la région. Le 31 mai, Pékin a rejeté près de 30 recommandations issues de l’Examen périodique universel au sujet du Xinjiang ; le gouvernement chinois n’a pas encore mis en œuvre des dizaines de recommandations de nombreux experts et comités des droits humains de l’ONU, y compris du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale.

Les organisations de défense des droits humains ont régulièrement appelé le Haut-commissaire et son bureau à informer publiquement la communauté internationale du rapport sur le Xinjiang, et à prendre des mesures concrètes pour donner suite aux recommandations et faire progresser la reddition de comptes pour tout crime international et autre violation grave des droits humains en Chine. Les organisations ont également exhorté les États membres du Conseil des droits de l’homme à prendre des mesures en vue d’ouvrir une enquête internationale indépendante et complète, un appel similaire ayant été lancé à trois reprises par des experts des Nations Unies en juin 2020, en juin 2022 et  en septembre 2022.

En octobre 2022, une tentative d’inscrire officiellement les violations commises par la Chine à l’ordre du jour d’une réunion du Conseil des droits de l’homme de l’ONU a échoué de peu ; par la suite, peu de mesures supplémentaires ont été prises dans ce sens.

Le 20 juin, deux mois avant le deuxième anniversaire de la publication en anglais du rapport du HCDH sur le Xinjiang, les quatre organisations – Human Rights Watch, Amnesty International, IHSR et le Congrès mondial ouïghour – ont publié conjointement des traductions non officielles de ce rapport dans les cinq autres langues de l’ONU : l’arabe, le chinois, l’espagnol, le français et le russe. La publication de ces traductions vise à favoriser l’inclusion et à élargir le débat sur les violations des droits humains en Chine, facilitant ainsi les efforts de suivi interrégionaux.

La traduction non officielle en français, intitulée « Évaluation par le HCDH des préoccupations relatives aux droits de l’homme dans la Région autonome ouïghoure du Xinjiang, République populaire de Chine », est en ligne sur le site de Human Rights Watch. Une version abrégée en français (« Synthèse ») est en ligne  sur le site d’ISHR.

Texte complet de ce communiqué en anglais : en ligne ici.

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