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Nouvelle attaque de la junte malienne contre l’opposition politique

La junte devrait libérer 11 personnes arrêtées à tort et abandonner les poursuites

Le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta, au centre, à Bamako, au Mali, le 22 septembre 2022. © 2022 AP Photo

La junte militaire malienne a arrêté 11 figures de l’opposition la semaine dernière lors d’une nouvelle attaque des autorités contre l’opposition politique.

Le 20 juin, des gendarmes ont encerclé une maison privée à Bamako, la capitale du Mali, et arrêté des membres de la principale coalition d’opposition du pays, connue sous le nom de Plateforme de la Déclaration commune du 31 mars.

L’une des personnes arrêtées, Mohamed Ali Bathily, avocat et ancien ministre, a été libérée le 21 juin. Les 10 autres ont été présentées à un juge le 24 juin, après l’expiration du délai légal de garde à vue de 72 heures en vertu de la loi malienne. Elles ont été accusées d’« opposition à l'exercice de l'autorité légitime » et d’« atteinte à l’ordre public », entre autres infractions, puis placées en détention provisoire. Des sources juridiques s’attendent à ce qu’elles restent en détention jusqu’à leur procès.

La junte militaire a pris le pouvoir en 2021 lors d’un coup d’État. En mars dernier, la plateforme, qui regroupe plus de 80 partis politiques et associations, a appelé à un retour à l’ordre constitutionnel et à l’organisation d’élections présidentielles. En réponse, le conseil des ministres a adopté, en avril, un décret suspendant les activités des partis politiques et des associations « jusqu’à nouvel ordre ». L’organe malien de régulation des communications a ordonné à tous les médias de cesser « toute diffusion et publication [d’informations sur les] activités » des partis politiques et des associations.

En septembre 2023, la junte a annoncé que les élections, prévues pour mars, seraient reportées pour une durée indéterminée pour des raisons techniques. En mai, le colonel Assimi Goïta, chef de la junte, a reçu les recommandations issues d’un « dialogue national » – un processus de consultation boycotté par la plupart des partis politiques maliens – demandant une prolongation de « deux à cinq ans » de la période de transition permettant à la junte de gouverner.

Dans une déclaration du 20 juin, la plateforme de l’opposition a dénoncé l’arrestation de ses membres comme une « énième violation des libertés fondamentales » et a appelé ses partisans à rester mobilisés.

Depuis le coup d’État militaire, la junte malienne a intensifié sa répression de la dissidence pacifique, l’opposition politique, la société civile et les médias, réduisant ainsi l’espace civique et politique dans le pays. Les autorités ont dissous des organisations politiques et de la société civile, ont fait disparaître de force un lanceur d’alerte et ont arrêté des journalistes.

Au lieu de poursuivre les opposants politiques, les autorités maliennes devraient protéger les droits de chacun à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, conformément aux obligations du Mali en vertu du droit international relatif aux droits humains. Elles devraient immédiatement libérer toutes les personnes arrêtées à tort et abandonner les poursuites à leur encontre. 

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