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Arabie saoudite : 20 ans de prison pour des tweets

Les autorités intensifient la répression sur le territoire saoudien et au niveau transnational

L'enseignant saoudien Asaad al-Ghamdi, condamné à 20 ans de prison en juillet 2024, pour des posts sur les réseaux sociaux. © 2024 Privé

(Beyrouth, le 9 juillet 2024) – Un tribunal saoudien a condamné un homme à 20 ans de prison sur la base d’accusations liées à ses activités pacifiques sur les réseaux sociaux, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Cette condamnation est le dernier exemple en date du type de « répression transnationale » menée par l’Arabie saoudite, ciblant une personne en raison des activités d’un membre de sa famille à l’étranger ; le verdict reflète aussi une nouvelle escalade dans la répression toujours plus intense de la liberté d’expression et d’autres droits fondamentaux dans le pays.

Le 29 mai 2024, le Tribunal pénal spécial (créé pour juger des affaires portant sur des accusations liées au terrorisme) a prononcé un verdict de culpabilité à l’encontre d’Asaad al-Ghamdi, un enseignant saoudien âgé de 47 ans qui était accusé de plusieurs infractions pénales liées uniquement à des opinions qu’il avait exprimées de manière pacifique en ligne. L’un des frères d’Asaad al-Ghamdi, Mohammed al-Ghamdi, est un enseignant saoudien à la retraite qui a été condamné à mort en juillet 2023 uniquement sur la base de ses publications sur X (anciennement Twitter), et de son activité sur YouTube. Un autre frère d’Asaad al-Ghamdi, Saeed bin Nasser al-Ghamdi, est un érudit islamique saoudien qui vit en exil au Royaume-Uni, et a souvent critiqué le gouvernement saoudien. Les autorités saoudiennes exercent souvent des représailles contre des membres des familles d’opposants ou de dissidents qui vivent à l’étranger, y compris en tant que moyen de pression pour contraindre leur retour au royaume.

« Cela fait des décennies que les tribunaux saoudiens condamnent des citoyens ordinaires pour le simple fait de s’être exprimés pacifiquement en ligne », a déclaré Joey Shea, chercheuse sur l’Arabie saoudite à Human Rights Watch. « Le gouvernement devrait aussi cesser de punir des personnes simplement parce que des membres de leur famille vivant à l’étranger critiquent le gouvernement. »

Les forces de sécurité saoudiennes ont arrêté Asaad al-Ghamdi le 20 novembre 2022, lors d’une descente nocturne à son domicile dans le quartier d’al-Hamdaneyah à Djeddah, en présence de sa femme et de ses enfants, ont déclaré à Human Rights Watch des sources bien informées. Les forces de sécurité ont confisqué des appareils électroniques et saccagé toutes les pièces de la maison. Il n’a pas été informé des raisons de son arrestation ni des accusations portées contre lui.

Les autorités l’ont détenu à la prison de Dhahban à Djeddah, où il a d’abord été placé en isolement pendant trois mois. Asaad Al-Ghamdi a également été détenu au secret pendant près de deux mois et n’a reçu la première visite de membres de sa famille que le 11 janvier 2023.

En juillet 2023, son frère Mohammed al-Ghamdi a été condamné à mort ; son autre frère Saeed al-Ghamdi avait alors écrit, dans un tweet, que « ce jugement infondé vise à me nuire personnellement après l’échec des tentatives visant à contraindre mon retour [en Arabie saoudite] ».

Les documents judiciaires examinés par Human Rights Watch montrent que les autorités ont accusé Asaad al-Ghamdi d’avoir enfreint les articles 30, 34, 43 et 44 de la loi antiterroriste saoudienne ; les mêmes articles ont été utilisés en juillet 2023 pour condamner à mort son frère Mohammed al-Ghamdi. Les documents montrent qu’Asaad al-Ghamdi a été accusé d’avoir « défié la religion et la justice du roi et du prince héritier » et d’avoir « publié des informations et des rumeurs fausses et malveillantes ». Les documents indiquent qu’Asaad al-Ghamdi a été arrêté pour avoir « publié des messages portant atteinte à la sécurité de la patrie sur des sites de médias sociaux [X] ».

Des sources bien informées ont déclaré à Human Rights Watch que les tweets utilisés comme preuves contre lui critiquaient des projets liés à Vision 2030, le programme du prince héritier Mohammed ben Salmane visant à diversifier l’économie du pays, ainsi que les récents changements au sein du gouvernement saoudien, faisant référence à « son abandon de l’ancienne alliance religieuse ». Un tweet rendait hommage au Dr Abdallah al-Hamed, fondateur de l’Association saoudienne des droits civils et politiques et figure de proue des droits humains en Arabie saoudite, décédé en prison après sa condamnation pour des accusations basées sur ses activités pacifiques en faveur des droits humains, et présentait ses condoléances à sa famille.

Al-Ghamdi souffre d’épilepsie, une maladie qui nécessiterait une attention médicale régulière pour être prise en charge de manière adéquate. Or, il n’a pas reçu de tels soins pendant sa détention, ont déclaré les sources.

Ces sources ont aussi fait part à Human Rights Watch de leur inquiétude au sujet du frère d’Asaad, Mohammed, qui a été condamné à mort uniquement en raison de son activité pacifique sur les réseaux sociaux, et qui souffre également d’épilepsie.

Les autorités saoudiennes devraient immédiatement fournir à Asaad al-Ghamdi et à Mohammad al-Ghamdi des soins médicaux, notamment l’accès à des spécialistes capables de traiter leurs problèmes de santé, et des médicaments adéquats.

Human Rights Watch a critiqué à plusieurs reprises les abus généralisés dans le cadre du système de justice pénale saoudien, notamment les longues périodes de détention sans inculpation ni procès, le refus d’assistance juridique et l’acceptation par les tribunaux d’aveux obtenus sous la torture comme base d’une condamnation.

Communiqué complet en anglais : en ligne ici.

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