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À l’ouverture du procès, le 28 septembre 2022, la salle d’audience était comble, avec la présence de victimes mais aussi de membres de leurs familles et de représentants des médias. Les crimes dont chaque prévenu est accusé ont été lus à haute voix, et les juges ont confirmé qu’ils étaient représentés par des avocats. Les audiences ont généralement lieu trois jours par semaine, du lundi au mercredi, à l’exception des jours fériés, des vacances judiciaires, d’une suspension d’audience de six semaines et de plusieurs autres reports plus courts, notamment en raison de l’état de santé de Dadis Camara.

Audition des prévenus

Les premiers jours du procès, les juges ont examiné et rejeté plusieurs allégations de traitement inéquitable soulevées par les avocats de la défense, notamment le fait que les accusés n’avaient pas été individuellement informés des charges retenues contre eux et que la détention de Dadis Camara ne reposait sur aucune disposition adéquate, selon les observations du procès organisées par Human Rights Watch. Dadis Camara a également plaidé en vain qu’il devait être assigné à résidence plutôt qu’être placé en détention.

Au cours des quatre mois qui ont suivi, la Cour a entendu à tour de rôle les 11 prévenus que les juges, les avocats de la défense et les avocats des parties civiles ont eu la possibilité d’interroger. Certains des accusés ont évoqué leur détention préventive prolongée. D’autres ont déclaré qu’ils avaient fait une demande de mise en liberté provisoire, qui ne leur a pas été accordée.

Certains des accusés ont rejeté la responsabilité des crimes sur leurs co-accusés, en déclarant qu’ils n’étaient pas dans le stade au moment des violences, ou qu’ils n’avaient pas l’autorité nécessaire pour superviser les actions de leurs confrères ou leur donner des ordres au moment où les crimes ont été commis. Il s’agit notamment de Cece Rafael Haba, Ibrahima « Kalonzo » Camara et Claude Pivi, qui ont tous déclaré qu’ils n’étaient pas présents au stade au moment des faits. Paul Mansa Guilavogui a nié les accusations portées contre lui, en soutenant qu’il ne pouvait pas empêcher la torture parce qu’il était un subordonné et non une personne à un poste de commandement ou d’autorité.

Audition des victimes et des témoins

La deuxième phase du procès a débuté en février 2023. Au cours de cette phase, les juges ont commencé à entendre les victimes qui se sont constituées parties civiles dans cette affaire.

Les juges ont entendu plus de 100 victimes sur les plus de 700 parties civiles dans cette affaire, selon un activiste et un avocat impliqué dans le procès. Parmi les victimes qui ont comparu à la barre figurent d'anciens dirigeants de l'opposition, d'autres personnes qui se trouvaient au stade lors de l'attaque et des membres des familles de ceux qui se trouvaient au stade.

Les survivantes de viols et de violences sexuelles font partie des personnes qui ont témoigné. La plupart des victimes de violences sexuelles ont témoigné à huis clos. Un problème majeur s’est posé lorsque le tribunal n’a pas respecté l’anonymat de la première survivante de violences sexuelles, qui avait demandé à témoigner à huis clos, mais à qui les juges ont demandé de s'identifier avant de prendre une décision sur sa demande. Cette situation ne s'est pas reproduite.

Une victime de violences sexuelles, Fatoumata Barry, a choisi de témoigner publiquement « pour partager avec le monde et [sa] nation » les horreurs qu’elle – avec des centaines d’autres – a vécues le 28 septembre 2009.

Les victimes d’autres abus, notamment de tirs, de tortures, de coups, d’agressions et de mauvais traitements, ont été invitées à témoigner publiquement. Pourtant, une loi sur la protection des victimes a été adoptée en 2023, juste avant le début du procès, ne limitant pas les témoignages à huis clos aux personnes ayant subi des violences sexuelles.

La première victime à témoigner a été Oury Baïlo Bah, qui a parlé de son jeune frère tué au stade et dont le corps n’a jamais été retrouvé. Une autre victime, Alpha Amadou Balde, a témoigné sur la façon dont il a été arrêté au stade et détenu dans un camp avec plusieurs autres manifestants.

La demande de Marcel Guilavogui, l’un des accusés, de se présenter une seconde fois à la barre a interrompu l’audition des victimes. Après le témoignage complémentaire de Guilavogui, au cours duquel il est revenu sur une partie de son témoignage antérieur concernant son absence au stade, les victimes sont revenues à la barre.

La troisième phase du procès a débuté en novembre 2023. Pendant cette phase, plus d’une douzaine de témoins qui ne sont pas parties civiles, notamment d’anciens responsables gouvernementaux de haut niveau, ont témoigné.

L’ancien chef d’état-major des forces armées, le chef d’état-major de la gendarmerie, le directeur général de la police et l’ancien conseiller du président figurent parmi les témoins. Certains ont témoigné au sujet des ordres reçus par des responsables la veille du massacre ou ont fourni des informations relatives à l’envoi par ces responsables de véhicules militaires pour transférer les corps des manifestants hors du stade après l’attaque.

Lors de la phase d’audition des témoins, le parquet a cité 14 témoins sur plus de 30 témoins attendus ayant témoigné devant les juges d’instruction en amont du procès, selon les médias guinéens.

Trois témoins ont ensuite témoigné pour les parties civiles, dont un à huis clos, et un témoin a été cité par la défense.

Preuves vidéo et audio et demande de requalification des chefs d’accusation

À l’issue de l’audition des témoins en février 2024, les juges ont visionné les preuves vidéo et audio enregistrées lors des événements de 2009.

C’est en réponse à ces preuves que le parquet a demandé, le 4 mars 2024, la requalification des chefs d’accusation de crimes ordinaires en crimes contre l’humanité.

Demande de visite judiciaire des fosses communes

En avril 2024, le parquet, soutenu par les avocats des parties civiles, a également demandé un « transfert judiciaire », c’est-à-dire une visite physique du tribunal sur les lieux présumés des fosses communes, où des dizaines de corps auraient été enterrés en lien avec le massacre du stade. Les juges ont rejeté cette demande, sans fournir d’explication. En février 2023, l’avocat d’une victime a demandé une visite judiciaire sur le site d’une fosse commune présumée pendant le procès.

Confrontations

Pendant deux semaines en avril 2024, les juges ont conduit les phases de « confrontations ». Les juges et toutes les parties ont posé des questions à certains des accusés ainsi qu’aux victimes et aux témoins, dans le but de réconcilier les incohérences des déclarations antérieures.

Plaidoiries et délibération autour du verdict

Le procès est entré dans sa phase finale le 13 mai 2024, quand toutes les parties ont présenté leurs plaidoiries. Treize avocats représentant les parties civiles ont été suivis par l’équipe du parquet et les avocats de la défense des 11 accusés.

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