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Des législateurs israéliens tentent de bloquer des poursuites dans une affaire de torture

Les autorités devraient plutôt mettre fin aux graves abus contre des détenus palestiniens, ainsi qu’à l'impunité pour ces abus

Un soldat israélien passait devant l’entrée de la base militaire de Sde Teiman le 30 juillet 2024, un jour après que des manifestants israéliens y ont fait irruption pour protester contre l’arrestation de neuf soldats suspectés d’avoir infligé de « graves sévices » à un détenu palestinien.  © 2024 Mostafa Alkharouf/Anadolu via Getty Images

Cette semaine, un affrontement à la base militaire israélienne de Sde Teiman a mis en évidence les abus de longue date contre les détenus palestiniens et les antécédents d’impunité dont bénéficie l’armée israélienne dans des affaires de torture.

Le 29 juillet, la police militaire israélienne a arrêté neuf soldats israéliens déployés sur la base de Sde Teiman ; ils sont soupçonnés de « graves sévices » infligés à un détenu palestinien. Selon les médias, l’homme a été admis à l’hôpital avec des côtes cassées et des blessures potentiellement mortelles à l’anus et aux poumons.

Les soldats se sont barricadés à l’intérieur de la base pour empêcher les arrestations. Les manifestants opposés aux arrestations, dont des membres du parlement israélien, la Knesset, ont franchi la clôture du périmètre. Lorsque les forces de sécurité ont évacué les neuf soldats, les manifestants se sont rendus à la base militaire de Beit Lid, où les soldats ont finalement été emmenés pour y être interrogés, et ont également franchi son périmètre.

Les arrestations de soldats israéliens pour des abus contre des Palestiniens demeurent rares. De 2017 à 2021, seulement 0,87 % des plaintes contre des soldats ont donné lieu à des poursuites, selon l’organisation israélienne de défense des droits humains Yesh Din.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, ainsi que le ministre de la Défense et le chef d’état-major de l’armée ont condamné les affrontements sur les deux bases, mais pas la torture présumée du détenu. Le ministre israélien de la Justice Yariv Levin a critiqué la détention de soldats qui, selon lui, accomplissaient un « travail sacré ». Le ministre des Finances et le ministre de la Sécurité nationale ont tous deux tweeté : « Ne touchez pas à nos réservistes ». Le président de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense du parlement (Knesset), Yuli Edelstein, a fustigé cette « [action] méprisable contre nos soldats ».

Depuis juin, les autorités israéliennes transfèrent des détenus palestiniens de Sde Teiman vers d’autres installations en raison d’informations faisant état d’abus. Mais les transferts et les enquêtes sur certains cas constituent une réponse largement insuffisante aux informations faisant état de « torture généralisée » et de mauvais traitements à Sde Teiman. Les groupes de défense des droits humains ont évoqué des coups, des positions de stress, des opérations chirurgicales sans anesthésie, des violences sexuelles et le menottage prolongé des bras et des jambes. En avril dernier, un médecin israélien travaillant dans ce centre a indiqué qu’en une semaine, « deux prisonniers ont eu les jambes amputées en raison de blessures causées par les menottes, ce qui est malheureusement un phénomène courant ».

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a également signalé des cas de simulation de noyade et d’électrocution, ainsi que la détention de personnels de santé, de jeunes filles et même d’une femme âgée de plus de 80 ans, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Un homme a déclaré que des soldats israéliens lui avaient tiré dans le genou avec un pistolet à clous. Au moins 53 Palestiniens sont morts en détention depuis le 7 octobre.

Les alliés d’Israël devraient accroître la pression sur ce pays, afin que le gouvernement mette fin aux graves abus contre les Palestiniens en détention, cesse de les détenir sans inculpation ni procès, et permette à des observateurs indépendants d’accéder aux centres de détention.

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