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Un artiste de nouveau arrêté au Cameroun

Un signal inquiétant pour la liberté d’expression à l’approche des élections de 2025

Aboubacar Siddiki Babadji, connu sous le nom de Babadjo. © 2020 Privé

Aboubacar Siddiki, connu sous le nom de Babadjo, a été libéré de prison au Cameroun le 21 juin après avoir purgé une peine de trois mois d’incarcération pour avoir insulté un gouverneur local. Quelques instants après sa sortie de prison, il a été de nouveau arrêté pour, entre autres accusations, perturbation de l’ordre public, manifestation et discours de haine. L’avocat de Babadjo a dit à Huamn Rights Watch que ces accusations étaient basées sur des affirmations par les services des renseignements camerounais selon lesquelles les supporters de Babadjo avaient prévu de manifester pour célébrer sa libération de prison.

Membre du parti politique Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), Babadjo avait été tout d’abord arrêté le 8 mars à son domicile dans la ville de N'Gaoundéré, dans la région d’Adamawa, après avoir critiqué le gouverneur de la région dans une discussion de groupe sur WhatsApp. Ses amis et des défenseurs locaux des droits humains ont affirmé à Human Rights Watch que le gouverneur avait ordonné son arrestation.

Ce n’étaient pas les premiers démêlés de Babadjo avec les autorités. En 2020, il avait été arrêté pour avoir diffusé une chanson dans laquelle il critiquait des responsables locaux. Il est actuellement détenu à la Légion de la gendarmerie à N'Gaoundéré. Le 24 juin, son avocat a déposé un recours en habeas corpus auprès du tribunal de grande instance, qui devrait prononcer son verdict sur l’affaire le 4 juillet. Selon ses proches et ses amis, Babadjo souffre de diabète et a besoin de soins médicaux particuliers.

« Cette dernière arrestation de Babadjo illustre la répression exercée par le gouvernement à l’encontre des voix d’opposition et dissonantes », a déclaré Aboubakary Siddiki, le président d’un autre parti d’opposition du nord du Cameroun, le Mouvement patriotique du salut camerounais (MPSC). « Cette répression s’intensifie à l’approche du scrutin de 2025, alors que nous assistons à l’interdiction de réunions et de coalitions politiques. »

Les autorités camerounaises répriment l’opposition et la dissidence depuis de nombreuses années. En mars, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a interdit deux coalitions de l’opposition, l’Alliance politique pour le changement (APC), dirigée par Jean-Michel Nintcheu, et l’Alliance politique pour la transition au Cameroun (APT), dirigée par Olivier Bile.

Le président du Cameroun, Paul Biya, âgé de 91 ans et au pouvoir depuis 1982, en est à son septième mandat. Sa dernière réélection remonte à 2018, après un processus contesté de décompte des voix qui a déclenché une vague de répression politique et une répression meurtrière de manifestations pacifiques.

La ré-arrestation de Babadjo alors qu’il sortait de prison illustre la manière dont les autorités camerounaises réduisent au silence quiconque veut exercer son droit à la liberté d’expression dans le pays. Les autorités devraient remettre Babadjo en liberté, abandonner toutes les accusations portées contre lui et s’assurer qu’il ait accès à des soins médicaux adéquats pendant sa détention. 

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