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Le président russe Vladimir Poutine, à droite, et le Premier ministre indien Narendra Modi posent pour une photo en se serrant la main avant leur entretien en marge du sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Samarkand, en Ouzbékistan, le 16 septembre 2022.  © Alexandr Demyanchuk, Sputnik, Kremlin Pool Photo via AP, File

Imaginez que vous êtes le dirigeant de votre pays... Rencontreriez-vous un dirigeant d'un autre pays responsable d'atrocités et recherché pour crimes de guerre ?

Cette question s'est posée à deux reprises ces derniers jours, lors de deux réunions de haut niveau avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier est le principal responsable des atrocités commises par la Russie en Ukraine et il est personnellement recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre.

Le premier ministre hongrois Viktor Orbán a rencontré Vladimir Poutine la semaine dernière. Le premier ministre indien, Narendra Modi, rencontre Vladimir Poutine aujourd'hui et demain.

Le face-à-face de Viktor Orbán avec le président russe, vendredi à Moscou, a suscité une vague de condamnations de la part des partenaires européens de la Hongrie et des autres membres de la CPI. Le Haut-Représentant de l'UE aux affaires étrangères a notamment fait une déclaration très inhabituelle, soulignant qu'il s'agissait d'une rencontre purement bilatérale entre la Hongrie et la Russie, sans aucun rapport avec la présidence tournante de l'UE actuellement exercée par la Hongrie.

Néanmoins, comme l'a fait remarquer ma collègue Iskra Kirova, cette réunion pourrait « constituer un affront pour les victimes des graves abus commis en Ukraine. »

La rencontre entre Vladimir Poutine et le président indien Modi aujourd'hui soulève les mêmes préoccupations, avec un aspect supplémentaire pour tous les Indiens qui ont le sens de l'histoire. Meenakshi Ganguly et Rachel Denber, de HRW, ont rappelé à Modi, dans un article publié par le journal indien Scroll, que « les tactiques de la Russie reflètent celles des armées coloniales, ce contre quoi le premier ministre d'un pays qui a subi le poids du colonialisme devrait s'élever. »

Les dirigeants disposent de stratégies diverses pour tenter de contrer l'image négative de la rencontre avec des personnes associées à des atrocités. Orbán et Modi ont tous deux déjà rencontré Poutine depuis l'invasion massive de l'Ukraine par la Russie, en évoquant généralement des efforts de paix ou en affirmant qu'ils mentionnaient les abus de la Russie en privé.

Les victimes des atrocités commises par la Russie en Ukraine ne trouveront guère encourageante cette "diplomatie silencieuse", étant donné son manque de résultats sur le terrain, où les atrocités se poursuivent.

Cela nous ramène à la question générale : faut-il rencontrer des dirigeants aussi abusifs ? - et peut-être aussi à une réponse générale.

L'objectif de ces rencontres pour les dictateurs abusifs est évident : une séance de photos qui leur permet de prétendre que tout est normal, qu'ils ne sont pas des parias et des fugitifs de la justice. Si ces gens me rencontrent, c'est que je ne suis pas aussi terrible que le prétendent mes ennemis, n'est-ce pas ?

Mais qu'apportent ces rencontres à ceux qui se font massacrer et torturer ? La question n'est pas vraiment de savoir s'il faut organiser une réunion ou non, mais de savoir quel est votre objectif en organisant cette réunion et quelles questions vous soulèverez.

Si une réunion avec un dirigeant violent peut servir à attirer l'attention sur les souffrances des victimes et à demander que les atrocités cessent - publiquement, et non pas en privé  - cela peut valoir la peine d'organiser une réunion.

Orbán a échoué à ce test la semaine dernière. Voyons ce qu'il en est pour Modi aujourd'hui et demain.

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