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Un activiste a été arrêté au Cameroun pour des publications sur les réseaux sociaux

Junior Ngombe devrait être libéré ; les accusations portées contre lui devraient être abandonnées ; les droits à la liberté d’expression et d’opinion devraient être respectés

Une patrouille de gendarmes camerounais sur la place Omar Bongo à Buea, capitale de la région du Sud-Ouest, le 3 octobre 2018, en marge d’un rassemblement politique. © 2018 Marco Longari/AFP/Getty Images

Appeler au changement politique peut vous mener en prison au Cameroun, un pays dirigé par le même président depuis 42 ans.

Le 24 juillet, trois hommes en civil qui prétendaient travailler pour les services de renseignement ont arrêté Junior Ngombe, âgé de 23 ans, un coiffeur et activiste sur les réseaux sociaux, devant sa boutique à Douala, une ville de la région du Littoral au Cameroun. Selon ses avocats, Junior Ngombe a été conduit à un poste de gendarmerie à Douala, avant d’être transféré le lendemain au Secrétariat d’État à la défense (SED), un centre de détention géré par la gendarmerie dans la capitale, Yaoundé. Human Rights Watch a documenté dans le passé le recours régulier à la torture dans cet établissement.

Les avocats de Junior Ngombe ont expliqué que leur client a été poursuivi pour « incitation à la rébellion » et « propagation de fausses nouvelles ». Ils estiment que l’arrestation est liée à plusieurs vidéos sur TikTok dans lesquelles Junior Ngombe a encouragé la population à s’inscrire sur les listes électorales pour voter aux élections présidentielles de 2025, a plaidé en faveur d’un changement de régime démocratique et a contesté l’intolérance des autorités à l’égard des critiques.

Depuis de nombreuses années, le gouvernement camerounais mène une répression généralisée contre l’opposition et la dissidence, emprisonnant des dizaines d’activistes politiques, de défenseurs des droits humains, de journalistes et d’autres détracteurs du gouvernement. Au cours des derniers mois, à l’approche des élections présidentielles, la liberté d’expression et d’association est de plus en plus restreinte.

En mars, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a interdit deux coalitions de l’opposition les qualifiant de « mouvements clandestins ». En juin, à N’Gaoundéré, dans la région de l’Adamaoua, les gendarmes ont de nouveau arrêté arbitrairement Aboubacar Siddiki, connu sous le nom de Babadjo, artiste réputé et membre du parti politique d’opposition Union nationale pour la démocratie et le progrès. Son arrestation est survenue peu de temps après qu’il a purgé une peine de trois mois d’emprisonnement pour avoir « insulté » un gouverneur. En juillet, l’Assemblée nationale camerounaise a adopté une loi visant à reporter les élections législatives prévues en février 2025 et à prolonger le mandat des parlementaires en fonction jusqu’en mars 2026. Les partis d’opposition soutiennent que ce report rendra plus difficile leur succès aux élections présidentielles de 2025. Toujours en juillet, le chef de la division administrative du Mfoundi, Emmanuel Mariel Djikdent, a publié un arrêté menaçant d’interdire de séjour dans la division « toute personne qui outrage dangereusement les Institutions [de l’État] ou celui qui les incarne ».

Les autorités camerounaises devraient soutenir les demandes de réformes pacifiques au lieu de réprimer les droits à la liberté d’expression.  Elles devraient immédiatement libérer Junior Ngombe et abandonner les poursuites contre lui.

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