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UE : Les politiques migratoires alimentent les abus aux frontières

L’approche axée sur la dissuasion porte atteinte aux droits, érode la protection et met en danger des vies

Le siège de la mission de l'Union européenne en Tunisie, le 9 mai 2024. © 2024 Hasan Mrad/DeFodi Images News via Getty Images

(Bruxelles) – Les politiques de l’ Union européenne en matière de migration et d’asile ont été de plus en plus tournées vers la dissuasion en 2024, portant atteinte aux droits des personnes à ses frontières et au-delà, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui dans son Rapport mondial 2025. Ces politiques ont entraîné une augmentation des décès en mer, des refoulements illégaux aux frontières et le renvoi des demandeurs d’asile vers des pays où ils sont confrontés à des abus.

Dans la 35e édition de son Rapport mondial, qui comprend 546 pages, Human Rights Watch analyse les pratiques relatives aux droits humains dans près de cent pays. Dans une grande partie du monde, écrit la directrice exécutive Tirana Hassan dans son essai introductif, les gouvernements ont réprimé, arrêté et emprisonné à tort des opposants politiques, des activistes et des journalistes. Des groupes armés et des forces étatiques ont illégalement tué des civils, forcé beaucoup d’entre eux à quitter leur foyer et les ont empêchés d’accéder à l’aide humanitaire. Dans de nombreux cas parmi plus de 70 élections nationales tenues en 2024, des dirigeants autoritaires ont gagné du terrain sur la base de rhétoriques et de programmes politiques discriminatoires. 

« Les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés sont confrontés à la violence, aux refoulements illégaux et même à la mort en raison de l’accent mis par l’UE sur les politiques de dissuasion et d’externalisation », a déploré Benjamin Ward, directeur adjoint de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. « Les dirigeants de l’UE devraient abandonner ces stratégies néfastes, mettre fin à la collusion de l’Europe dans les abus contre les personnes qui se déplacent hors de ses frontières, et plutôt créer des voies sûres et légales permettant aux personnes de demander l’asile et la sécurité. »

  • Le Pacte de l’UE sur la migration et l’asile, adopté en mai 2024, comprend des dispositions qui restreindront considérablement les droits en rendant plus difficile les demandes d'asile, en augmentant les détentions aux frontières et en autorisant les pays de l'UE à suspendre l'accès à l'asile et à le refuser dans des situations vaguement définies.
  • En 2024, l'UE a annoncé de nouveaux partenariats en matière de migration avec l’Égypte et la Mauritanie et un financement accru pour la gestion des frontières pour ces deux pays ainsi que pour le Liban, à la suite d'un accord de 2023 avec la Tunisie et un soutien continu au contrôle des migrations aux autorités de la Libye et du Maroc, sans garanties effectives en matière de droits humains.
  • L'Italie et Malte, avec le soutien des avions de Frontex, ont continué de faciliter les interceptions de bateaux transportant des migrants et des réfugiés par les forces libyennes et leur retour, au risque de graves violations des droits humains.
  • De nombreux pays de l’UE ont exprimé leur intérêt ou ont approuvé des mesures visant à délocaliser la responsabilité des demandeurs d'asile. En octobre et novembre 2024, l’Italie a transféré des premiers groupes vers l’Albanie dans le cadre d’un accord selon lequel les hommes de certaines nationalités secourus ou interceptés en mer par l'Italie sont emmenés en Albanie pour le traitement de leur demande d'asile, bien que les deux groupes aient ensuite été ramenés en Italie après l'intervention de juges italiens.

L'UE et ses États membres ont également été confrontés à des défis dans d'autres domaines en 2024. Human Rights Watch a souligné ses préoccupations concernant la discrimination et l'intolérance, la pauvreté et les inégalités, ainsi que l'affaiblissement de l'État de droit dans l’UE. Bien que les institutions et les gouvernements de l’UE aient reconnu ces problèmes et, dans certains cas, se soient engagés à les résoudre, les mesures concrètes ont été lentes et insuffisantes.

Le Rapport mondial comprend des chapitres sur la Francel’Allemagne, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, la Pologne et l’Espagne, ainsi que sur des pays non européens notamment le Royaume Uni.

« À l’heure où une grande partie du monde est en crise, le besoin d’un leadership fondé sur des principes et sur les droits humains en Europe est plus grand que jamais », a conclu Benjamin Ward. « Il dépend des institutions européennes, notamment de la nouvelle Commission européenne, de fonder leurs actions sur le droit de l’UE et sur les droits humains et d’insister pour que les États membres fassent de même. »

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