Human Rights Watch condamne les violentes agressions, le harcèlement et les menaces contre les musulmans, les Sikhs et les personnes originaires du Moyen-Orient et de l'Asie du Sud-Est qui se sont produits aux Etats-Unis depuis le 11 septembre 2001. Ces actes honteux dirigés contre des hommes, des femmes et des enfants en raison de leurs convictions religieuses, de leur appartenance ethnique ou de leur pays d'origine sont une violation des principes fondamentaux des droits humains et de la justice. La violence malavisée d'un petit nombre ternit la colère et le choc légitimement ressentis par le pays, après les attaques du 11 septembre contre les Etats Unis qui ont causé de si nombreuses pertes humaines et destructions.
Depuis le 11 septembre, des groupes chargés d'observer la situation, à travers le pays, ont reçu plusieurs centaines de plaintes faisant état de crimes apparemment motivés par des préjugés et par la haine.
Une fusillade à Mesa, Arizona, a causé la mort d'un Sikh et d'autres coups de feu ont été dirigés contre un employé de bureau libanais et contre la maison d'une famille afghane. Un épicier égypto-américain a été tué non loin de son magasin à San Gabriel, Californie et le propriétaire d'un magasin a été tué par balle, à Dallas, Texas. Une bombe au gazole a été jetée sur la maison d'une famille sikh en Californie.
Des passages à tabac et autres agressions violentes, ainsi que des menaces de mort et des alertes à la bombe ont été enregistrés dans tout le pays. On a tiré sur des mosquées et des temples sikhs, saccagé et défiguré ces lieux et on a lancé des briques sur les vitrines d'une librairie islamique, en Virginie. Dans plusieurs universités américaines, des étudiants étrangers originaires du Moyen-Orient et de l'Asie du Sud-Est ont été victimes d'attaques et certains ont choisi de quitter le pays parce qu'ils redoutaient de nouvelles représailles. Dans tout le pays, les membres des communautés concernées craignent de quitter leurs domiciles, d'aller travailler ou de porter des vêtements traditionnels de peur que des agressions motivées par la haine ne soient dirigées contre eux.
Human Rights Watch salue les discours du Président des Etats-Unis, George Bush, du Ministre de la Justice, John Ashcroft, du Maire de New York, Rudolph Giuliani et ceux d'autres personnalités qui ont tous appelé le public à rejeter les stéréotypes fondés sur la nationalité ou la religion conduisant à condamner des communautés entières, pour des actes épouvantables commis par un petit nombre de personnes - actes, qui en réalité, font notamment pour victimes des membres de certaines de ces mêmes minorités religieuses, ethniques et nationales maintenant touchées par les représailles.
Durant sa visite au centre islamique de Washington DC, le 17 septembre, George Bush a déclaré "Ceux qui croient qu'ils peuvent intimider nos concitoyens pour faire ressortir leur colère ne représentent pas le meilleur de l'Amérique, ils représentent la lie de l'humanité et ils devraient rougir de se comporter de la sorte". Le Maire, Rudolph Giuliani a insisté, à plusieurs reprises, sur le fait que des individus ne devraient pas être désignés comme cibles pour quelque forme que ce soit de harcèlement, en réponse à l'attaque sur le World Trade Center.
Dans ces temps difficiles, les valeurs de tolérance, de respect mutuel et d'Etat de droit sont plus cruciales que jamais. Des mesures urgentes doivent être prises pour contre-carrer et prévenir les attaques xénophobes et racistes contre les immigrants, les demandeurs d'asile et les réfugiés. Human Rights Watch en appelle aux représentants publics ainsi qu'aux responsables civiques et communautaires pour qu'ils agissent de façon décisive et créative, dans les mois à venir, pour réaffirmer ces valeurs et empêcher tout nouvel acte de représailles. Nous les pressons de s'adresser aux communautés musulmanes, arabo-américaines et autres communautés exposées aux représailles et à la haine et les encourageons à condamner les attaques dirigées contre ces mêmes communautés.
Nous demandons également aux représentants de l'ordre de protéger davantage les individus et groupes visés, leurs domiciles, leurs lieux de travail et lieux de culte, d'enquêter sérieusement sur les comportements criminels dirigés contre eux et de poursuivre en justice les responsables de tels actes.
Les terribles évènements du 11 septembre ne constituent pas seulement une attaque contre des personnes et contre des biens- ce fut aussi une attaque contre les principes même des droits humains. Tandis que la nation élabore une réponse individuelle et collective à cette violence sans mesure, elle se doit de rester fidèle aux principes qu'elle défend. La colère contre les attaques haineuses du 11 septembre est compréhensible. Mais cette colère ne saurait justifier de chercher vengeance ou de déployer une violence sans retenue contre des innocents.