(New York, le 1er décembre 2013) - L'armée égyptienne détient cinq membres de l'administration de l'ex-président Mohamed Morsi dans un lieu secret depuis le 3 juillet 2013, sans procédure judiciaire et en leur permettant très peu de contacts avec l'extérieur, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Près de cinq mois après leur arrestation, le gouvernement n'a toujours pas reconnu officiellement leur mise en détention ni divulgué d’informations sur le lieu ou sur les conditions de leur détention, ce qui correspond à la définition de « disparitions forcées ».
Le gouvernement a mené une campagne de répression systématique contre les Frères musulmans. Les policiers ont arrêté des milliers de personnes - des dirigeants, des membres et des partisans des Frères musulmans, ainsi que des personnes suspectées de soutenir cette organisation.
« Quelle est cette feuille de route pour l’Égypte, quand un gouvernement soutenu par l'armée peut en toute impunité faire disparaître d’anciens conseillers à la présidence pendant 150 jours sans la moindre explication ? » s’est interrogée Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Soumettre des personnes à des disparitions forcées pendant plusieurs mois n'inspire aucune confiance quant à l’intention de ce gouvernement de respecter l’État de droit. »
Le 3 juillet 2013, l'armée égyptienne a destitué le président Morsi, et l’a placé en détention, tout comme neuf membres de son administration :
• Ahmed Abdelaty, directeur du bureau de la présidence
• Essam al-Haddad, conseiller pour les relations extérieures
• Ayman Ali, conseiller pour les affaires relatives aux expatriés
• Abdelmeguid al-Meshaly , conseiller en communication
• Khaled al-Qazzaz, secrétaire aux relations extérieures
• Ayman al-Serafy, secrétaire au bureau de la présidence
• Mohammad Rifaa al- Tahtawy, directeur du cabinet
• Assad el-Sheikha , directeur adjoint du cabinet
• Ayman Hudhod, conseiller à la sécurité
Parmi ces conseillers, cinq hommes - Essam al-Haddad, Ayman Ali, Abdelmeguid al- Meshaly, Khaled al-Qazzaz et Ayman al-Serafy - sont toujours détenus au secret, sans aucune base juridique.
Selon le droit international, une disparition forcée est caractérisée par le refus d’un État de reconnaître qu'une personne est détenue ou de révéler le lieu de sa détention, plaçant ainsi le détenu en dehors de la protection de la loi. Il s’agit d’une violation du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que l'Egypte a ratifié en 1982.
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