(Séoul) – En 2017, Kim Jong-un a intensifié la répression à l’encontre son propre peuple, et suscité la préoccupation du monde entier en multipliant les essais nucléaires et les tirs de missiles balistiques dangereux. Le gouvernement nord-coréen a donné un tour de vis supplémentaire aux restrictions de voyage, poursuivi les transfuges avec l’aide de la Chine, sanctionné ses citoyens en contact avec le monde extérieur et continué à nier les violations des droits humains dans le pays, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui dans son Rapport mondial 2018. La Corée du Nord figure parmi les États les plus répressifs au monde.
Dans cette 28e édition annuelle de son Rapport mondial (version intégrale en anglais 643 pages - version abrégée en français 180 pages – PDF), Human Rights Watch examine les pratiques en matière de droits humains dans plus de 90 pays. Dans son introduction au Rapport, le directeur exécutif Kenneth Roth observe que certains dirigeants politiques, prêts à défendre les principes des droits humains, ont démontré qu'il est possible de limiter l'impact des programmes populistes autoritaires. Lorsqu’ils ont pu s’appuyer sur une opinion publique mobilisée et des acteurs multilatéraux efficaces, ces dirigeants ont démontré que la montée des gouvernements hostiles aux droits humains n'a rien d'inéluctable.
« Kim Jong-un est à la tête d’un État qui s’appuie sur des violations atroces des droits humains et sur la peur ressentie par sa population », a déclaré Phil Robertson, directeur adjoint de la division Asie à Human Rights Watch. « Depuis que le peuple nord-coréen a été réduit au silence, il incombe à la communauté internationale d’intervenir et de faire pression pour veiller à ce que la protection des droits humains reste au centre de toutes les transactions internationales avec Pyongyang. »
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— HRW en français (@hrw_fr) January 18, 2018
La Corée du Nord restreint l’ensemble des libertés civiles et politiques fondamentales de ses citoyens, y compris les libertés d’expression, de religion et de conscience, de réunion et d’association. Elle interdit toute opposition politique organisée, les médias indépendants, la société civile indépendante ou des syndicats libres. Le système judiciaire est placé sous la double tutelle du Parti des travailleurs de Corée, au pouvoir, et du gouvernement.
Pyongyang recourt à la punition collective, y compris aux actes de torture sur des prisonniers, et au travail forcé dans les centres de détention, lesquels ne sont rien d’autre que des goulags, ainsi qu’aux exécutions publiques pour maintenir la peur et contrôler sur la population. La Corée du Nord redouble d’efforts pour empêcher ses citoyens de quitter le territoire sans autorisation en multipliant le nombre de gardes-frontières, de caméras et de systèmes de vidéosurveillance et de barbelés. La Chine a également renforcé les checkpoints sur les routes au départ de la frontière. Au cours de l’été et de l’automne 2017, les autorités chinoises ont également intensifié les mesures de répression visant à la fois les Nord-Coréens fuyant la Chine et les réseaux sur lesquels s’appuient les transfuges.
En 2017, la Corée du Nord a refusé de coopérer avec le bureau de l’ONU à Séoul et le rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République démocratique de Corée, Tomás Ojea Quintana. Le gouvernement a également nié de manière répétée les conclusions du rapport de la commission d’enquête des Nations unies sur les droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui a conclu que Pyongyang a commis des crimes contre l’humanité. Cependant, en 2017, la RPDC a collaboré avec deux organes de traités des droits de l’homme, la Convention sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et la Convention relative aux droits de l’enfant, et invité la rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées, Catalina Devandas-Aguilar, qui s’est rendue dans le pays en mai 2017, devenant ainsi la première de ces experts mandatés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à avoir été admise en Corée du Nord. Malgré ces gestes d’ouverture, la Corée du Nord refuse toujours de reconnaître les violations des droits humains dont elle est accusée.
En mars 2017, le Conseil des droits de l’homme a adopté sans vote une résolution autorisant des « experts en matière de responsabilité juridique » à évaluer les situations au cas par cas et réfléchir à d’éventuelles poursuites judiciaires contre les dirigeants nord-coréens responsables de crimes contre l’humanité. Le 11 décembre 2017, pour la quatrième année consécutive, le Conseil de sécurité de l’ONU a inscrit à son ordre du jour officiel la question des abus des droits humains commis en Corée du Nord, dont il a débattu après avoir considéré que ces violations généralisées et systématiques constituent une menace pour la paix et la sécurité internationales.
« La triste réalité, c’est que les innombrables victimes des droits humains en Corée du Nord ont peu d’options : soit tenter de rallier un pays tiers depuis leur propre pays et la Chine, soit souffrir en silence et espérer que les gouvernements du monde entier intensifient leur pression pour que justice leur soit rendue », a déclaré Phil Robertson. « Il est crucial que la communauté internationale n’abandonne pas les Nord-Coréens et veille à l’établissement des responsabilités en ouvrant des poursuites pénales contre ses dirigeants. »