Je couvre Israël et la Palestine pour Human Rights Watch. Il y a un an, le gouvernement israélien avait révoqué mon permis de travail (obtenu en tant que citoyen américain) et m'avait ordonné de quitter le pays dans un délai de deux semaines, affirmant que je soutenais des actions de boycott visant Israël. Nous avons contesté cette mesure et d’une manière plus générale, la loi sur laquelle elle reposait et qui interdit à tout partisan d’une action de boycott d’entrer dans le pays. Un tribunal israélien avait suspendu l'ordonnance d'expulsion me visant, pendant la durée de cette procédure.
Le mois dernier, le tribunal a toutefois validé l'ordonnance d’expulsion, et m'a donné deux semaines pour quitter le pays. Nous avons fait appel de ce jugement devant la Cour suprême israélienne, et attendons de savoir si je serai autorisé à continuer à résider et à travailler en Israël tant que notre appel est encore en cours d’examen.
Certains prétendent que des mesures comme mon expulsion sont nécessaires pour protéger Israël contre le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS). Mais en fait, il s’agit moins de BDS que d’une tentative d’entraver certains plaidoyers en faveur des droits humains. Human Rights Watch surveille les violations des droits humains dans près de 100 pays à travers le monde, y compris au Moyen-Orient. L’organisation ne prend pas position sur le mouvement BDS, sauf pour défendre le droit de toute personne de s’exprimer pacifiquement en faveur d’un boycott
Nous avons simplement demandé aux entreprises présentes en Cisjordanie de ne pas contribuer aux violations des droits des résidents, et de respecter les responsabilités qui leur incombent en vertu des Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme. Les recherches effectuées par Human Rights Watch durant plusieurs années se sont traduites par l’observation qu’en pratiquant leurs activités dans les colonies israéliennes en Cisjordanie, qui sont illégales au regard du droit international humanitaire, les entreprises se rendent complices de nombreuses violations.. Ces sociétés opèrent sur des terres illégalement confisquées à des Palestiniens, y exploitent des infrastructures et des ressources dont l’accès est refusé à des résidents locaux, et paient des impôts qui servent à soutenir ou financer ces colonies.
Une décision de la Cour suprême validant mon expulsion ne ferait que renforcer davantage la répression exercée par le gouvernement de Benjamin Netanyahu à l’encontre des défenseurs des droits humains. Son gouvernement a refusé à d’autres représentants d’organisations l’entrée dans le pays , a entravé le travail d’associations israéliennes, a qualifié certains activistes israéliens de traîtres, a empêché des défenseurs des droits des Palestiniens de voyager, et dans certains cas ont détenu des activistes.
Toute personne soucieuse de l’état actuel de l’engagement d’Israël à respecter les valeurs démocratiques devrait être consternée par ces tentatives de museler la liberté d’expression et d’étouffer les voix critiques.
Human Rights Watch mène des recherches sur les violations des droits humains et du droit international humanitaire par tous les acteurs de la région, y compris par les autorités palestiniennes. Ainsi, j’ai travaillé sur un rapport de 149 pages concernant sur les arrestations arbitraires et tortures pratiquées par l'Autorité palestinienne et par le Hamas,
De nombreux observateurs se sont prononcés contre l’ordre d’expulsion me visant, y compris 27 États européens (tous les États de l'UE sauf la Hongrie), 17 députés américains, le Secrétaire général des Nations Unies, trois Rapporteurs spéciaux de l'ONU, les ONG israéliennes ACRI et B’Tselem, les ONG palestiniennes Al-Haqet PCHR, et de nombreuses autres organisations, dont Amnesty International.
Tribune complète en anglais :
www.hrw.org/news/2019/05/07/israel-trying-deport-me-my-human-rights-work-heres-why-you-should-care
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Dans les médias
Tweets
"Israël veut m’expulser en raison de mon travail sur les droits humains" - extraits d'une tribune d'Omar Shakir au sujet de cette décision préoccupante, dont HRW a fait appel devant la Cour suprême israélienne. https://t.co/jCP1qpAdAW
— HRW en français (@hrw_fr) 7 mai 2019
#ÉtatsUnis #Israël : 17 membres du Congrès américain représentant le Parti démocrate ont adressé à Benjamin Netanyahu un courrier l'appelant à revenir sur la décision "troublante" d'expulser @OmarSShakir @hrw. Article >> https://t.co/bdHUZ3Yabc via @timesofisrael
— HRW en français (@hrw_fr) 8 mai 2019
Directeur à HRW: «Israël veut m'expulser en raison de mon travail sur les droits humains» https://t.co/M5x8fiNajE #MoyenOrient pic.twitter.com/hCL0CkEEnq
— L'important (@Limportant_fr) 9 mai 2019
Echanges intéressants entre le Consul général, Pierre Cochard, le directeur adjoint de la zone Moyen-Orient de @FranceDiplo et les jeunes activistes @OmarSShakir @yarahawari et Munir Nuseibah sur les menaces pesant sur les défenseurs des droits de l’Homme en Israël et Palestine pic.twitter.com/Zzs5lwXDYQ
— France à Jérusalem (@FranceJerusalem) 17 mai 2019
#Israël #TPO. Amnesty se joint à l’action en justice de HRW. L'expulsion de @OmarSShakir @hrw constitue une "restriction excessive et disproportionnée" des droits à la liberté d’expression et d’association, selon Amnesty International. https://t.co/sWFhlhXXS9 via @amnestybe
— HRW en français (@hrw_fr) 22 juillet 2019