Depuis le 30 juin, des enfants migrants non-accompagnés campent en plein Paris, dans l’impasse en attendant qu’un juge se prononce sur leur sort. Des associations d’aide, dont Médecins Sans Frontières et Utopia 56, ont dû se résoudre à installer un camp de tentes dans un square parisien pour abriter une centaine d’enfants à la rue.
Pour bénéficier des services de la protection de l’enfance, ces enfants doivent être formellement reconnus comme tels. Mais, du fait du rejet de leur minorité par les autorités départementales au terme de procédures d’évaluation de l’âge défectueuses, ils sont dans l’attente d’un recours devant le juge des enfants.
Il est choquant que des enfants dorment dehors dans un square parisien. Les associations espéraient que la visibilité d’un camp de dizaines de tentes pousserait les autorités à enfin agir pour résoudre cette situation. Trois semaines plus tard, ce n’est toujours pas le cas.
Paris n’est pas une exception. L’État et d’autres départements français continuent à se renvoyer la balle de la responsabilité de la prise en charge des enfants migrants non accompagnés. Pendant ce temps-là, ces derniers sont privés de toute protection, exposés à l’insalubrité et aux dangers de la rue.
Les enfants à la rue ou forcés de vivre dans des conditions d’une précarité extrême rencontrent les plus grandes difficultés à accéder à l’éducation et à la santé. La France faillit depuis des années à son obligation de protéger les mineurs non accompagnés sur son territoire et contrevient à la Convention des droits de l’enfant et autres instruments internationaux des droits humains. Des associations humanitaires et de défense des droits humains, le Défenseur des droits, la Commission nationale consultative des droits de l’homme et la Cour européenne des droits de l’homme ont appelé les autorités françaises à agir. Il est plus que temps qu’elles le fassent.
Les conditions sur le campement se dégradent. Une travailleuse humanitaire a indiqué à Human Rights Watch que les enfants semblent de plus en plus tendus et frustrés face à l’inaction des autorités françaises pour leur venir en aide et leur offrir une solution.
La France devrait s’assurer que chaque enfant sur son territoire bénéficie d’une protection effective, y compris par l’octroi de ressources nécessaires aux autorités de protection de l’enfance. Tous les migrants se déclarant mineurs non accompagnés devraient être considérés comme des enfants jusqu’à la fin de la procédure d’évaluation de l’âge et l’épuisement de tous les recours. En tant qu’enfants, ils devraient être hébergés, scolarisés et soignés. Aucun d’entre eux ne devraient avoir à dormir à la rue ni à camper en plein Paris.