Le 2 octobre, les autorités qatariennes ont obligé 13 femmes à descendre d’un avion de Qatar Airways, avant son départ imminent vers Sydney, en Australie. Elles ont été soumises à des examens gynécologiques forcés après qu'un bébé prématuré a été retrouvé abandonné dans les toilettes de l'aéroport international Hamad de Doha, ainsi que l’ont rapporté les médias australiens cette semaine.
Les responsables de l'aéroport ont ensuite déclaré que le bébé était « en sécurité » et qu'il était soigné au Qatar. Ils auraient pris leurs mesures concernant les 13 femmes après que des professionnels de la santé se soient déclarés « préoccupés » par la santé de la mère et aient demandé qu'elle soit « identifiée ». Mais leurs actions ont été l’inverse de mesures respectueuses de la santé et de la dignité des femmes.
Selon les médias, ces femmes n’ont reçu aucune information, et n’ont pas eu la possibilité de donner leur consentement éclairé. De tels examens gynécologiques forcés peuvent être considérés comme une forme d’agression sexuelle.
Cette violation flagrante de la vie privée des 13 femmes fait actuellement l’objet d’une forte couverture médiatique, à juste titre. Toutefois, il faut aussi se pencher sur les circonstances qui auraient pu inciter une femme à abandonner son bébé dans les toilettes de l'aéroport.
Au Qatar et dans la région du Golfe, les relations sexuelles en dehors du mariage sont criminalisées. Ceci signifie qu'une femme enceinte qui n'est pas mariée, même si sa grossesse est le résultat d'un viol, risque d’être arrêtée et poursuivie. L'avortement est également puni par la loi, avec peu exceptions. Les femmes migrantes faiblement rémunérées, comme plus de 100 000 employées domestiques migrantes au Qatar, sont touchées de manière disproportionnée par ces lois.
Le Qatar devrait interdire les examens gynécologiques forcés et enquêter et traduire en justice toute personne ayant autorisé tout traitement dégradant. Ce pays devrait également dépénaliser les relations sexuelles en dehors du mariage. Les autorités devraient veiller à ce que les femmes enceintes ou risquant de l’être, quel que soit leur état matrimonial, aient accès à des soins et des services - comme des moyens de contraception, la possibilité d’un avortement, des soins prénatals et obstétricaux, si besoin des services d'adoption - sans craindre d'être arrêtées ou emprisonnées.
Texte complet en anglais : en ligne ici.
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Quotidien.lu L’Obs/AFP NY Times
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#Qatar : Les examens #gynécologiques #forcés subis par 13 femmes à l'aéroport de #Doha ont violé leurs droits fondamentaux, et reflété un problème plus large des violations des droits des #femmes dans ce pays, selon @Rothna_Begum @hrw. https://t.co/SGx5GT1ogI
— HRW en français (@hrw_fr) October 27, 2020
Article dans le NY Times sur le troublant incident à l'aéroport de #Doha #Qatar. Ces examens gynécologiques forcés ont pu "constituer une forme d'agression sexuelle", selon @heatherbarr1 @hrw. https://t.co/5mTG5L472d via @nytimes @livia_ar #QatarAirways
— HRW en français (@hrw_fr) October 27, 2020
Le #Qatar face au scandale d’examens gynécologiques forcés à l’aéroport. La ministre australienne des Affaires étrangères a qualifié l’incident d’«extrêmement perturbant, choquant, préoccupant». https://t.co/XXqVKB4miL via @le_quotidien_lu #AFP #DroitsDesFemmes
— HRW en français (@hrw_fr) October 27, 2020
Le #Qatar s’excuse après des examens gynécologiques forcés à l’aéroport de Doha. Les autorités devraient «enquêter sur toute personne ayant autorisé un traitement humiliant et la traduire en justice», selon Human Rights Watch. https://t.co/cYdPS8Yrzy via @lobs @rose_catb #AFP
— HRW en français (@hrw_fr) October 29, 2020