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Azerbaïdjan : Des frappes illégales ont été menées au Haut-Karabakh

Il faut enquêter sur les allégations d'attaques indiscriminées et sur l'utilisation d'armes explosives

(Berlin, le 11 décembre 2020) - Les forces azerbaïdjanaises ont apparemment mené des attaques indiscriminées à Stepanakert lors du récent conflit au Haut-Karabakh, en violation des lois de la guerre, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

L’enquête menée par Human Rights Watch à Stepanakert, la plus grande ville du Haut-Karabakh, a révélé de nombreux incidents au cours desquels les forces azerbaïdjanaises ont utilisé de manière indiscriminée des armes à sous-munitions et des roquettes d’artillerie ou d’autres armes, sans faire la distinction nécessaire entre les cibles militaires et les objets civils. Par exemple, le 4 octobre, plusieurs maisons résidentielles ont subi de multiples frappes en moins d'une minute. Ceci permet de supposer qu’il y a eu un bombardement d’une zone civile comme s’il s’agissait d’une cible militaire, ce qui est interdit par les lois de la guerre. Les forces azerbaïdjanaises ont également mené contre des infrastructures des attaques pouvant avoir un impact disproportionné sur la population civile, de manière illégale. Mais aussi, l’utilisation par les forces arméniennes et locales du Haut-Karabakh de bases militaires et d’infrastructures à double usage (civil et militaire) à Stepanakert a mis la population civile inutilement en danger.

« Les forces azerbaïdjanaises ont apparemment mené des frappes aériennes et terrestres indiscriminées contre des structures civiles dans la plus grande ville du Haut-Karabakh, ce qui devrait faire l’objet d’une enquête impartiale », a déclaré Lama Fakih, directrice de la division Crises et conflits à Human Rights Watch.

Le 27 septembre, l'Azerbaïdjan a lancé des attaques aériennes et terrestres contre le Haut-Karabakh, provoquant une escalade du conflit entre d’une part l'Azerbaïdjan, et d’autre part l'Arménie et les autorités locales du Haut-Karabakh. Les combats se sont poursuivis jusqu'au 10 novembre, quand l'Arménie et l'Azerbaïdjan ont signé un accord négocié par la Russie pour mettre fin aux hostilités.

Ce gigantesque cratère sur la rue Sasountsi David, dans la ville de Stepanakert (nom azéri Khankendi) au Haut-Karabakh, montre l’impact d’une frappe aérienne menée par les forces azerbaïdjanaises le 4 octobre 2020. © 2020 Human Rights Watch

Du 27 septembre au 28 octobre, les forces azerbaïdjanaises ont mené des frappes contre Stepanakert, parfois avec des armes à sous-munitions et des roquettes Smerch et Grad, qui ne sont pas capables de cibler avec précision.

Lors de ses recherches menées au Haut-Karabakh en octobre et en novembre, Human Rights Watch a mené des entretiens avec 19 habitants de Stepanakert, deux responsables des autorités locales, un employé d'une organisation non gouvernementale et quatre résidents qui avaient fui en Arménie mais qui étaient présents pendant les combats. Human Rights Watch a également analysé des vidéos, des photos et des images satellite enregistrées entre le 27 septembre et fin octobre, qui corroborent plusieurs témoignages sur les attaques azerbaïdjanaises contre Stepanakert, et a visité les sites de certaines attaques.

Les responsables azerbaïdjanais ont nié que leurs forces aient mené des attaques indiscriminées au Haut-Karabakh. Le 18 octobre, Hikmet Hajiyev, un conseiller du président Ilham Aliyev, a déclaré à la BBC que les attaques à Stepanakert visaient des cibles militaires, ajoutant : « Nous sommes très précis dans notre sélection de cibles à l'aide de munitions à guidage de précision. » Le 8 novembre, le président Aliyev, dans une autre interview diffusée sur la BBC, a rejeté les informations sur des attaques indiscriminées et sur l’utilisation d'armes à sous-munitions, documentées par Human Rights Watch, les qualifiant de « fausses nouvelles » (« fake news »).

Le médiateur des droits humains des autorités locales du Haut-Karabakh a indiqué que du 27 septembre au 10 novembre, 13 civils avaient été tués à Stepanakert, et 51 autres blessés.

Le droit international humanitaire, qui codifie les lois de la guerre, interdit les attaques délibérées contre des civils, ainsi que les attaques indiscriminées pouvant causer des dommages disproportionnés aux civils et aux biens de caractère civil. Lors de conflits, les parties belligérantes doivent prendre toutes les précautions possibles pour éviter ou minimiser les dommages civils.

Communiqué complet en anglais : en ligne ici.

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