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Flambée de Covid-19 dans les prisons du Myanmar

La junte poursuite les détentions massives d’opposants, alors même que la pandémie se propage dans le pays

Des proches de personnes détenues depuis le coup d'État militaire du 1er février attendaient devant l’entrée de la prison d'Insein à Yangon, au Myanmar, le 30 juin 2021, dans l’espoir de pouvoir leur rendre visite ou si possible, de leur libération. © 2021 Santosh Krl / SOPA Images/Sipa via AP Images

Au Myanmar, la crise du Covid-19 risque de devenir incontrôlable ; le coronavirus se propage parmi les populations les plus marginalisées, y compris au sein des prisons.

Depuis le coup d’État militaire du 1er février, la multiplication des arrestations basées sur des motifs politiques s’est traduite par une hausse des infections dans les prisons surpeuplées et insalubres du pays, où l’accès aux soins de santé est médiocre.

Plus de 600 cas de Covid-19 ont été signalés dans les prisons du Myanmar. Le ministère de la Santé estime à près de 4 000 par jour le nombre de nouvelles infections à travers le pays. Mais en raison du manque de tests de dépistage et du peu d’informations filtrant d’une junte militaire qui prétend avoir la situation sous contrôle, les chiffres réels sont de toute évidence beaucoup plus élevés.

Le 8 août, des détenus ont manifesté dans la prison d’Obo à Mandalay, après la mort en détention, provoquée par le Covid-19, d’un activiste prodémocratie. Maung Maung Nyein Tun, un médecin âgé de 45 ans qui avait été arrêté le 13 juin pour avoir participé au Mouvement de désobéissance civile, a d’abord été détenu dans un centre d’interrogatoire militaire, puis transféré dans un poste de police avant de l’être à la prison d’Obo malgré de graves symptômes. Il est décédé plus tard à l’hôpital de Mandalay.

Le 23 juillet, une manifestation a éclaté à la prison d’Insein à Yangon, en raison de l’aggravation de l’épidémie de coronavirus sur place et du décès de Nyan Win, âgé de 79 ans, un membre éminent de la Ligue nationale pour la démocratie. Au 9 août, au moins 12 détenus d’Insein étaient décédés après avoir contracté le virus.

Selon les médias locaux, à peine 600 des 9 000 détenus de la prison d’Insein ont été vaccinés. Pour endiguer la propagation rapide, les responsables des prisons d’Insein, de Taungoo et de Myaung Mya ont ordonné des confinements. Les détenus qui présentent des symptômes sont placés en quarantaine mais ils sont trop peu nombreux à être dépistés ou à recevoir un traitement médical adéquat. Les détenus remis en liberté nous ont confié que peu de mesures sont prises pour endiguer la propagation du virus, le nombre de masques est insuffisant et les conditions sanitaires déplorables. Les autorités pénitentiaires n’ont apparemment pas non plus pris de mesures spécifiques pour protéger les groupes les plus à risque tels que les détenus plus âgés et ceux souffrant de problèmes de santé préexistants.

À tout le moins, les autorités pénitentiaires du Myanmar devraient dépister tous les détenus, remettre en liberté ceux qui présentent peu de risques sur le plan sécuritaire et rendre publiques les informations relatives à la prévalence du Covid-19 dans les prisons. Sinon, le coronavirus continuera sans relâche à semer la mort parmi la population carcérale.

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